Son dernier album « An K’a Bèn », de douze titres d’une diversité culturelle nationale, qui chante la crise multidimensionnelle (politique, territoriale, communautaire, religieux, entre autres) qui secoue le Mali, depuis ces dernières années), témoigne le caractère de patrimoine culturel national du groupe musical l’Ensemble Instrumental du Mali. Aucun instrument moderne n’est utilisé dans ses musiques, seulement les traditionnels.
L’album fait émerger les connaissances antérieures, les représentations sur les notions de paix, de solidarité, d’intégration et de développement socioculturel du Mali, Les chants caractérisent la culture de la paix et les attitudes favorables à la paix.
An kan Bèn (Entendons-nous ou encore l’entente, la cohésion sociale), c’est à travers cet album que l’Ensemble instrumental du Mali chante ‘’Rien ne vaut la paix’’. C’est un album inspiré de la situation dans laquelle est plongé le Mali, depuis plus de sept ans. C’est pourquoi les sujets traités dans les chansons ont trait à la crise politique, ethnique, religieuse, entre autres, qui assaillent le pays. An K’a Bèn chante : « Unissons-nous. Travaillons pour la paix et le développement socio-économique du pays. Unis, nous bâtirons le Mali ». Tout un programme, une leçon de patriotisme, d’engagement ! Dans l’album, le chanteur dit : ‘’Politiki ko kèllè magni’’ ; ‘’Sigui Yoro ko kèllè magni’’ ; ‘’Siya woloma kèllè magni’’. Comme pour afficher le côté patrimoine culturel, l’Ensemble Instrumental chante ses douze titres dans plusieurs langues parlées au Mali. Ainsi, on y trouve : un titre Sonraï, ‘’Safari goï kamba’’, qui parle d’amour, « l’amour comme principe d’union et de cohésion ». « Aimez-vous les uns, les autres », lancent les artistes.
Suivent un morceau Peulh ‘’Bandam Leburu » pour magnifier la bravoure des gens de ce pays où vivent des hommes et des femmes qui ont fait et continuent de faire son histoire, une chanson Dogon ‘’Sie kanon ‘’ (la bienfaisance) qui dit qu’un bienfait n’est jamais perdu, une chanson Wassulou qui parle de solidarité avec les démunies… Et le tour du Mali en son set chants continuent, toujours en distillant des conseils, des rappels historiques et des hommages aux pères des indépendances africaines, aux femmes, etc.
L’AMAP a rencontré le Directeur artistique de l’Ensemble instrumental du Mali, Moussa Mariko alias Rémy, en plein atelier de formation pratique, dans leur salle de répétition au Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ de Bamako. Il était en train de monter un chœur avec les formateurs des Régions du Mali pour la prochaine Biennale artistique sur les techniques vocales d’une création. Quelques éléments de l’Ensemble instrumental appuyaient Moussa Mariko pour apprendre, ensemble, aux formateurs régionaux la chanson et l’arrangement musical, en même temps que les techniques vocales, occasion de mettre ces artistes venus de l’intérieur à niveau dans le chœur, le solo de chant, l’ensemble instrumental.
Parlant de son dernier album, Rémy a déploré la méconnaissance de l’Ensemble instrumental du Mali par le grand public national, pendant que la formation musicale a fait du succès en Chine avec beaucoup de vente à la clé. « On pensait que tous nos produits n’allaient pas être achetés. Que non ! Tout récemment, nous nous sommes produit en Chine où beaucoup a été acheté. Mais nous avons espoir. Il faudrait que les gens sachent que l’Ensemble instrumental existe. Par exemple, c’est justement en Chine qu’un responsable malien a vu la première fois l’Ensemble instrumental. Il n’en revenait pas de notre riche talent, répertoire et culture », a dit le Directeur artistique.
L’Ensemble instrumental du Mali est créé au lendemain de l’indépendance du Mali, en 1961. Il a pour mission de prospecter, répertorier et mettre en valeur le patrimoine culturel malien, notamment dans le domaine de la musique et de la chanson. Le groupe musical national tourne avec vingt-cinq personnes. Les instruments utilisés sont purement traditionnels : la kora, le balafon, la flûte, le n’goni, le n’polon, le kamalen n’goni, le dundun, le soku, le djembé, la calebasse, le taman, le Djéli n’goni.
Selon M. Mariko, l’Ensemble instrumental est une école où tous les bons musiciens peuvent atterrir. « Ce n’est pas seulement des bons musiciens qui peuvent venir, ça demande aussi de la discipline. Même quand on est talentueux, on n’est pas le bienvenu quand on n’est pas discipliné. C’est à la portée de tous les Maliens. Nous sommes directement rattachés au Palais de la culture sous la tutelle du ministère de la Culture », a précisé Rémy.
L’Ensemble instrumental est moins sollicité pour les concerts. « Nous n’avons pas de concerts mais nous animons des dîners gala, des grandes cérémonies, des réceptions… Je peux donner 30 à 40 spectacles par an », a-t-il signalé.
Dans notre entretien, il a regretté l’ignorance de son groupe musical par le grand public malien alors que c’est un patrimoine culturel riche. « Toutefois, a-t-il mentionné, la Chine a compris, les Maliens qui sont en Chine disent qu’ils ne peuvent pas faire leur exposition (ndlr « : Expo Beijing 2019) sans inviter l’Ensemble instrumental du Mali ». Une autre manifestation aurait probablement invité un autre artiste ou groupe maliens plus connus. « Nos compatriotes Ils doivent comprendre que l’Ensemble instrumental est là pour eux. C’est pour toute la Nation », dit le Directeur artistique, interpellant « le peuple malien et, surtout, la jeunesse. D’après lui, « l’Ensemble instrumental est la source et porte en bandoulière la tradition et le patrimoine du Mali ».
OD/MD
(AMAP)