Quel est l’apport de la mine d’or de Morila SA au développement local et à l’épanouissement des populations de Sanso, c’était le but d’une enquête réalisée sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans cette mine notamment dans les domaines de l’emploi et de la formation.
Elle fait suite à une formation des membres du réseau des journalistes sur la RSE organisée du 8 au 9 novembre à Sikasso sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE) en partenariat avec l’ONG AMASBIF. Au cours de l’enquête, le comité local de développement accuse la mine de ne pas respecté son engagement consigné dans une convention de recruter 75% des emplois non qualifiés au sein de la jeunesse. Faux, rétorquent les responsables de la mine d’or qui affirment qu’ils sont au-delà des 75%.
Nous sommes dans la commune de Sanso où opère la société Morila SA en début du mois de décembre 2018 pour mener l’enquête. Objectif, faire un état des lieux de cette grande société minière dans sa part de responsabilité dans le développement communautaire précisément dans le domaine des emplois et des formations des jeunes.
Pour ce faire, la parole a été donnée aux jeunes du comité local du développement, les autorités communales de Sanso. La jeunesse, bras valide pour tout développement communautaire, exprime un sentiment d’être superbement marginalisé dans le domaine de l’emploi.
Selon Kassim Koné, nouveau secrétaire général des jeunes de la commune de Sanso, la mine n’a pas associé les jeunes à la gestion de cette entreprise. « Je suis le nouveau secrétaire général du bureau de la jeunesse dans la commune de Sanso, il y a un an et demi seulement. A ma connaissance, la société Morila SA ne consulte pas la jeunesse de la commune quand il s’agit des recrutements. « C’est une grande difficulté à laquelle la jeunesse est confrontée. Raison pour laquelle je souhaite qu’il ait un vrai dialogue ou la communication entre la mine et nous les jeunes », déclare le secrétaire général des mines.
Quand au comité local de développement (CLD), une association des quatre villages où opère la société minière, elle soutient que Morila SA respectait son engagement par rapport au quota de 75% des emplois non qualifiés. Mais aujourd’hui elle viole son engagement en ignorant le CLD.
Salif Sibiri Mariko, premier conseiller du chef de village de Sanso, membre du CLD soutient : « Il y a quelques années, la mine nous consultait pour l’emploi des jeunes en respectant leur engagement sur l’emploi non qualifiés. Mais aujourd’hui la societé a cessé de respecter cette convention. Autrement dit, elle ne recrute plus les 75% des jeunes non qualifiés. Pour le moment, nous nous organisons pour prendre langue avec la societé afin de respecter les 70%. Il est normal que nous soyons informés à temps réel », explique Salif Sibiri Mariko qui exige que la mine soit représentée à la réunion du comité afin qu’ils sachent la situation de la commune vis-à-vis de la societé. « En réalité la mine ne nous considère pas », fustige-t-il.
Concernant la formation, le représentant du CLD reconnait les efforts de la mine. « Tous nos enfants qui ont bénéficié de la formation auprès de la mine pendant 9 mois, travaillent tous indépendamment. Pas forcement dans la société minière mais ailleurs dans les autres sociétés ». Il exprime sa préoccupation par rapport à la durée de la formation qui a été réduite à 6 mois au lieu de 9 mois auparavant. Selon Mariko, ceux qui ont bénéficié les 9 mois de formation ont plus de chance d’avoir du job que les 6 mois. C’est pourquoi, il souhaite que la société de Morila SA étende la formation à 9 mois encore afin de mieux former la jeunesse pour le développement de la commune de Sanso.
Au niveau de la mine de Morila SA, Sayon Kamisson est chargé du développement communautaire au sein de la société. Il donne sa version sur le quota de 75% des emplois non qualifiés.
Selon lui, ces 75% doivent revenir à la communauté dans la convention. Toute chose que la societé respecte à la lettre. « Nous pouvons dire que nous sommes au-delà des 75% du quota car, nous donnons à tous, les emplois non qualifiés à la mine. Et pour preuve chaque fois qu’il y a un besoin, nous recrutons tous dans la communauté sans tenir compte des 75%. Le recrutement se fait en fonction des demandes ».
Concernant la formation, Sayon Kamissoko défend bien sa société en arguant que chaque année, 20 jeunes sont formés par la mine dans le cadre du stage de six mois. « La première vague a fait une année de formation. Maintenant c’est six mois afin de permettre à tous les jeunes d’y participer. Et cette formation est en accord avec le CLD. Nous avons formé 80 jeunes sur la sensibilisation. En plus nous avons formé sept jeunes à la conduite des camions 7-7 qui travaillent dans d’autres mines. Depuis 2001 les jeunes bénéficient la formation à la mine. Tant que la mine existe, les jeunes diplômés auront du travail », argue-t-il.
Quant aux autorités communautaires à travers Sanou Mariko, maire de la commune rurale de Sanso la société ne respecte son engagement vis-à-vis de la commune de Sanso. « Je vous remercie pour nous avoir donné la parole, le quota de 75 % n’est pas prévu dans le code minier, c’est une convention avec les populations du site minier. Pour nous, la mine doit prendre 75% des employés qui concernent les quatre villages où la mine est exploitée. Hélas, la société ne respecte pas ses engagements. En matière de formation, le maire reconnait que la mine fait son mieux pour les jeunes. « Nous souhaiterons que les jeunes formés aient du boulot dans la mine. Malheureusement la mine tend vers sa fin », déplore le maire.
Modibo L Fofana
Source: L’Investigateur