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En guise de postface au Dialogue National Inclusif en France

La diaspora malienne de France, les personnels diplomatique et local de la Mission Diplomatique et Consulaire, les amis du Mali qui ont apporté leur concours à l’organisation à Bondy d’un dialogue national inclusif et serein, ont magistralement administré la preuve, les 26 et 27 octobre 2019, qu’en dépit de la crise multidimensionnelle à laquelle notre pays se heurte aujourd’hui, il est tout-à-fait possible que des Maliennes et des Maliens, de tous bords, de toutes origines et sensibilités, résidant en tout lieu, puissent dialoguer, communier de façon efficace et efficiente, en mettant le Mali au-dessus de tout.

 

La richesse du projet de rapport général final, exposé et discuté en séance plénière, en toute transparence, et pour lequel les participants, contraints par le temps,  se sont entendus à l’unanimité sur une procédure consensuelle de validation, magnifie le patriotisme des Maliens de France, ainsi que les espérances de femmes et d’hommes qui se refusent de baisser les bras, qui refusent tout fatalisme. Le rapport final qui en résultera ne sera pas parfait, certes, la perfection étant un attribut de Dieu, donc hors de portée de nous autres, humbles humains. Toujours est-il qu’il viendra enrichir les réflexions de l’ensemble du peuple malien.

Assurément, l’initiative présidentielle de lancer ce dialogue national, populaire et inclusif, est de portée hautement historique. Souhaitons ardemment que ceux qui, quelles qu’en soient les raisons, sont restés d’eux-mêmes à quai,  puissent prendre en marche ce train des retrouvailles nationales et patriotiques. La composition de l’équipe ayant présidé l’adoption du rapport général du dialogue en France atteste que cela possible. Pour quoi nous exhortons nos autorités à faire preuve d’imagination créatrice concrète, à construire les ponts et passerelles pertinents idoines. Cela, bien entendu, sans que personne ne se sente frustré, encore moins, humilié. Nul doute : Cela est à leurs portées, autorités comme contestataires.

M’étant abstenu, à un seul point près, d’opiner durant les assises, je voudrais livrer ici, quelques réflexions personnelles, en une espèce de postface.

Je voudrais, en premier lieu, livrer mes sentiments profonds portant sur trois points que m’ont inspirés, à la fois, l’idée même du dialogue et les débats qu’ils ont suscités ici en France, dans cette salle de Bondy entrant désormais dans l’histoire du Mali. Ces trois points me permettront d’ouvrir, à leur tour, trois « parenthèses », en guise d’illustrations. Je dis parenthèses parce qu’elles pourraient donner l’impression d’être hors sujets. La méthode peut, très certainement, paraître maladroite en termes de style littéraire. Aussi voudrais-je, d’avance, solliciter l’indulgence du lecteur.

Ensuite, je soulèverai un certain nombre de questions de fond concernant les thématiques débattues.

Quelques sentiments  personnels

 Premier point 

L’histoire de l’humanité prouve que les nations les plus civilisées peuvent sombrer dans la pire des barbaries, lorsque leurs peuples se laissent instrumentaliser par des activistes populistes talentueux, finalement apprentis sorciers de la pire espèce, car plutôt démoniaques qu’angéliques.

Deuxième point :

Un peuple uni et déterminé est capable, même au fond du gouffre, de sursaut national salvateur, quand bien même sa classe politique ait quelque peu perdu ses repères, ainsi que la pleine conscience des enjeux.

Et d’ailleurs il faudrait songer à réfléchir sur les causes profondes de l’effondrement des classes politiques classiques, ainsi que de leurs partis, un peu partout dans le monde

Ces deux points me permettent d’ouvrir deux de ce que j’ai appelé des « parenthèses ».

I- L’unité allemande de 1990

Par un concours de circonstance tout à fait fortuit, je me suis retrouvé le 3 octobre dernier à Berlin. J’ai pu alors vivre, non plus dans les sphères officielles comme au temps où j’étais l’ambassadeur du Mali dans ce pays, mais avec le peuple, au sein du peuple. J’ai pu ainsi vivre, concrètement, l’allégresse du peuple allemand commémorant cet événement que les Allemands eux-mêmes désignent par l’unité allemande, plutôt que par la réunification de l’Allemagne, en tout cas jamais par les termes figurant pourtant sur les textes officiels, à savoir, l’Accession de la RDA à la zone de validité de la loi fondamentale de la RFA. Faisant ainsi du 9 Novembre, anniversaire de la chute du mur de Berlin, un épiphénomène de portée plutôt internationale que nationale.

Or, l’Allemagne est ce pays où la rupture du vivre ensemble avait atteint, dans un passé relativement récent, un paroxysme abyssal, rarement atteint dans l’histoire de l’humanité, avec des horreurs qui n’eurent d’égales que lors de la guerre de Troie, ce conflit légendaire de la mythologie grecque que vous savez, celui-là qui, quoique d’historicité controversée, donna naissance aux expressions bien connues de cheval de Troie et du talon d’Achille.

Pire, ces horreurs allemandes finirent pas s’exporter hors du territoire national, avec pour vocation d’envahir l’univers entier, jusqu’à ce que y mette fin une coalition mondiale des peuples, au sein de laquelle les peuples africains eurent à payer de lourds tributs, tant sur les champs de bataille qu’à Thiaroye, et là, pour avoir simplement réclamé, une fois venue la victoire, la réalisation de promesses tenues

Toutefois et c’est cela qui importe, alors même que le Chancelier Helmut Kohl déclarait en 1989, en RFA, que les chances d’une réunification étaient inexistantes, alors même que, au même moment, le Secrétaire Général du parti alors au pouvoir en RDA, Erich Honecker, déclarait de son côté que le mur de Berlin durera encore 100 ans, le peuple allemand, des deux côtés du mur, dans un sursaut salvateur, imposa le 3 octobre 1990 des retrouvailles nationales qui auraient pu avoir pour slogan : Un peuple – Un but – Une foi, prenant de court experts politologues et leaders politiques du monde entier. Et ce fut heureux.

Mais, dîtes-moi : Qui aurait pu prédire que le pays qui a donné au monde :

– des philosophes tels  Kant, Hegel, Marx, et tant d’autres,

– d’éminents scientifiques également philosophes, car à l’époque, les deux allaient de pair, puisque science sans conscience étaient encore considérée comme ruine de l’âme, des hommes de science et de philosophie donc, tels Albert Einstein, et tant d’autres,

– des compositeurs de renom tels Beethoven, Brahms, Bach et tant d’autres (vous remarquerez que je ne cite pas Mozart : Etait-il allemand ? Autrichien ? la question demeure, mesurant ainsi jusqu’où peut conduire la bêtise humaine, lorsque l’on s’aventure dans certaines basses considérations ségrégationnistes), des compositeurs, donc, ayant donné toutes ses lettres de noblesse à la musique classique, faisant d’elle un véritable pilier du patrimoine mondial, au point d’inspirer l’hymne officiel de l’Union Européenne,

Qui donc pouvait prédire qu’un tel pays aurait un jour pu engendrer un Hitler et secréter des camps de concentrations avec leurs cortèges de fours crématoires et de  chambres à gaz ?

II- Les retrouvailles rwandaises

La deuxième parenthèse que je voudrais me permettre d’ouvrir, c’est en terre africaine que je le ferai, avec le Rwanda.

Ce pays, à la langue si harmonieuse, le kinyarwanda, dans laquelle s’exprime l’ensemble du peuple rwandais, Hutus comme Tutsis, faite pour chanter l’amour et l’amitié, mais aucunement la haine, est devenu l’un des deux pays qui, aujourd’hui, répondent le mieux aux critères de pays africain émergent, le Maroc étant le second.

Il n’y a pas si longtemps, pourtant, une lutte fratricide l’avait déchiré, se soldant par un génocide ayant décimé près d’un million de tutsis et de hutus modérés.

De par son spectaculaire redressement, le Rwanda force en effet respect et admiration de tous, de nos jours. Et quel symbole fort donné au monde entier, à voir cette nation réconciliée, tant avec elle-même qu’avec son histoire, voir ainsi hutus et tutsis, ensemble, brouettes, pelles et balais en mains, faisant de Kigali la plus propre des capitales africaines !

III- Alors faisons donc attention !

Il est des rendez-vous de l’histoire que l’on n’a pas le droit de louper. Où, pour emprunter cette expression au Président Alpha Oumar Konaré, il faut savoir tourner les pages de l’histoire sans les déchirer. Et je pense que nous en sommes, au Mali, avec ce dialogue national inclusif, à l’un de ces carrefours déterminants de notre histoire commune.

Regardons, en effet un peu chez nous au Mali.

Qui aurait pu penser que ce peuple, jadis caractérisé par ce que l’on a appelé son humanisme soudanien, décrit par Ibn Batouta, Heinrich Barth et autres René Caillé ;

– Ce peuple où les saveurs différentes du Nord et du Sud se croisaient, s’entrechoquaient, se conciliaient et se mariaient harmonieusement, tout comme ses hommes et ses femmes !

– Ce peuple où chaque ethnie a son alter égo à qui elle ne peut rien refuser ! Comme  l’imposait son cousinage à plaisanterie, valeur forte et  respectée de presque tous, entre Peulhs et Bobos, Peulhs et Bambaras ; Dogons et Sonrhaï et Dogons et Bozos, Peuls et Dogons ;

Ce lien indescriptible qui trouve son fondement dans les traditions, us et coutumes, demeurant toujours l’une des fondations d’une société unie et harmonieuse où, pendant les périodes les plus dures, les plus éprouvantes et les plus conflictuelles l’une des parties cède, suite à l’intercession d’un cousin à plaisanterie, et dans le seul souci de préserver un vivre ensemble harmonieux !

– Ce pays où chaque région te chantait allègrement l’épopée de ses braves et valeureux fils  dans le giron du Mali de toujours !

– Le Mali, terre d’hospitalité où l’étranger de passage avait toujours son gîte et son couvert, en toute période de l’année et de jour comme de nuit !

– Le Mali où, il y a peu, chaque famille entretenait devant son portail un canari d’eau potable et fraiche, où pouvait s’abreuver tout passant, familier ou non ;

– Le Mali où, il y a peu, chaque famille s’évertuait à maintenir quotidiennement propre sa portion de rue ;

– Le Mali où tout adulte s’accordait le droit de recadrer un enfant faisant des bêtises, exactement comme il l’aurait fait des siens !

 

Qui aurait pu penser, ne serait-ce que dans les années 60, que ce pays

-aurait connu un jour “l’article 320” et “les casses techniques”?

-aurait assisté au triste spectacle du roti, en public, d’un homme tel un méchoui d’agneau, simplement parce qu’apparenté au president renversé; Pire, après émasculation et fixation de ses attributs virils au fronton de la résidence de ses beaux-parents ? Et cela dans l’indifférence générale!

-aurait vécu le lynchage d’un commissaire de police, dont le professionalisme ne souffre d’aucun doute, horrible scène filmée, sans émotion aucune, par des badauds sur smartphones,  et largement diffusée sur les réseaux sociaux ?

Qui aurait pu penser à la possibilité d’une tentative d’assassinat du président d’une transition qui se voulait par ailleurs démocratique, suite à une émeute montée de toutes pièces,  et qui ne dut la vie sauve que parce que laissé pour mort ? Les émeutiers, tous filmés, arpantant la colline de Koulouba, un cercueil bien mis en evidence!

Cependant, cet homme qui faisait l’objet de cet affreux lynchage, une fois guéri de ses blessures, n’hésitera pas, en digne malien, à accorder son pardon à ses agresseurs. Assuremment le Professeur Dioncounda Traoré est de la race, aujourd’hui rarissime, des archetypes du Grand homme

Qui aurait pensé possibles  Aguelhoc, Ogossagou, Sobane-Dâ, Mondoro, Boulkessi ?

Qui, au Mali ou ailleurs, aurait pu croire qu’un jour on verrait un génocide de villageois peulh perpétré par des dogonos ? Au génocide de villageois dogonos par des Peulhs ?

Toutefois, ne désespérons surtout pas !

L’unité allemande et les retrouvailles rwandaises prouvent que l’espoir est permis.

Et le Mali, c’est aussi ce pays dont la riche histoire, hélas largement méconnue de ses citoyens, témoigne que, malgré les turbulences, les tourments, le peuple reste debout et l’espoir pointe tous les jours, comme l’aube nouvelle qui apporte la paix de l’âme au supplicié de la nuit !

ressaisissons-nous !

Tous : Paysans, éleveurs, artisans, commerçants, intellectuels (civils et militaires), Jeunes (filles et garçons), Séniors (femmes et hommes), artistes et, plus particulièrement, nos nyamakalas, Gens du Livre et Adeptes du mysticisme de nos ancêtres, fondés sur des énergies occultes de la Nature, politiques et membres de la société civile, tous, sans exception aucune !

Oublions nos egos ! Œuvrons plus par esprit de  sublimation que par esprit de vengeance, même motivée !

Et, comme l’a si bien affirmé l’un des membres de la commission d’organisation en France de ce dialogue :

Faisons en sorte que le « quoi faire? » l’emporte sur le « qui va faire ? ».

IV-Troisième point et dernière « parenthèse » :

L ‘histoire a voulu que j’aie figuré parmi les inspirateurs et artisans du retour au pays du Président Amadou Toumani Touré. Entendons-nous bien ! Je ne dis pas l’inspirateur ou l’artisan, ni même le principal, mais bien l’un parmi d’autres.

A preuve : Le Président Amadou    Toumani Touré, une fois délivré le message du Président Ibrahim Boubacar, à savoir « Cher puîné, ton grand frère te dit que le moment est venu de rentrer à la maison », message auquel il a immédiatement répondu favorablement, puis confié à notre délégation la mission suivante : Celle de remercier  dans les meilleurs délais l’honorable Habib Diallo et Mme la Ministre Lalla Sy, pour le rôle, discret mais efficace joué par leur fille, Ramatoulaye Diallo, dans le dénouement heureux de cet épineux problème. Mission dont nous nous sommes, bien entendu, acquittés avec honneur et plaisir.

Cette mission à nous confiée par le Président Ibrahim Boubacar Keïta, mériterait d’être un jour comptée. Contentons-nous pour l’heure de dire qu’en ce moment d’intense émotion à Dakar, elle s’est soldée par un concert de larmes, qui fera IBK poser la question suivante, une fois compte à lui rendu : « Quoi ? Tom a pleuré ? Tom ? Pleurer ? Eh bien dis donc ! »

Je puis vous dire que le retour d’ATT à Bamako, escale avant Mopti, fut une occasion inespérée, mais hélas loupée, pour donner un signal de départ fort aux retrouvailles patriotiques nationales maliennes.

Souvenons-vous : C’était à l’occasion de la reprise des biennales artistiques, moments sublimes de communion populaire, où toutes les régions venaient compétir, chacune apportant ce qu’elle a de plus profond, de plus authentique et de plus beau dans ce Mali  dont la diversité culturelle a su résister, même aux assauts djihadistes les plus obscurantistes.

Plusieurs intervenants de ce dialogue de Bondy ont d’ailleurs exprimé, avec des mots très forts, leurs regrets devant l’abandon de ces temps forts du rendez-vous culturel malien. De fait ils rendaient, eux aussi et sans le savoir, hommage à Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture, dont je sais les efforts titanesques déployés, pour que prenne fin cette interruption qui aura tout de même duré 9 ans !

Souvenons-vous : C’était également aux alentours de Noel, fête certes d’obédience chrétienne, mais devenue œcuménique dans les faits, célébrée pratiquement partout et par tous.

Il était prévu, avec l’accord du Président ATT (à qui je rends ici un vibrant hommage, je rends également un hommage très largement mérité à la Grande Dame qu’est son épouse, Lobbo, illustration vivante de l’adage selon lequel : Derrière tout Grand Homme, il y a une Grande Dame), il était donc prévu que tous les anciens Chefs d’Etat se seraient retrouvés à l’ouverture de la dite biennale au Stade portant le nom du grand panafricain qu’avait été Ouezzin Coulibaly. Justement pour lancer au peuple malien, un vibrant appel à la réconciliation nationale, à la paix des braves, à l’apaisement dans le cœur, dans l’esprit, dans l’âme de toutes et de tous.

J’entrepris de les rencontrer, tous sans exception, l’un après l’autre, avec comme seul document une photo, celle des 4 derniers présidents ghanéens encore en vie, réunis à l’occasion d’un événement de portée nationale, avec pour seul commentaire : Chefs d’Etat du Mali, anciens ou en exercice, faites ce cadeau de Noel à votre peuple ! Je l’aurais projetée sur les écrans du DNI si le temps m’avait permis de prononcer un véritable discours de clôture.

Tous étaient acquis à l’idée, à l’exception d’un seul, que je ne nommerai évidemment pas ici. De crainte d’une stigmatisation singulière.

Mais, permettez-moi d’affirmer avec force mon adhésion pleine et entière à la récente et courageuse intervention de la Présidente de la Cour Constitutionnelle du Mali, Me Manassa Daniogo, faite à ce propos.

Bien sûr, l’on a malheureusement assisté à un honteux lever de boucliers, venant de gens  qui lui sont tombés dessus à bras raccourcis, de ces gens appartenant à l’espèce, hélas de plus en plus florissante, que le Président poète Leopold Sédar Senghor avait autrefois taxés “d’ignares triomphants”. Ceux-là mêmes qui, parfois ayant reçu quelque instruction sommaire, des rudiments d’instruction devrait-on plutôt dire, souvent mal assimilés du reste, faisant d’eux, en fait, des demi lettrés,(même si, parfois, figurent parmi eux des éléments très instruits, mais qui sont, en même temps, des océans d’inculture), prétendant tout savoir, alors même qu’ils ont tout à apprendre. Et qui, malheureusement, monopolisent de nos jours, et polluent, les réseaux sociaux.

En effet, dans presque tous les pays du monde, les anciens dirigeants, singulièrement les anciens Chefs d’Etat, restent à vie à la charge du peuple : Retraite dorée, avantages en nature touchant tous les aspects de leur nouvelle vie, privés comme professionnels,  parfois membres de droit rémunérés de la Cour constitutionnelle, s’ils le désirent.

Il est donc intolérable qu’ils assistent, dans l’indifférence, à un naufrage national éventuel. Ils devraient du reste, d’eux-mêmes, faire preuve de grandeur d’âme, et trouver les moyens d’intervenir avec abnégation et sagesse personnelles. Ils n’ont, moralement, pas le droit d’assister, dans une indifférence totale, aux cris de détresse d’une nation dont ils ont eu, par le passé, le destin en mains. Je me demande du reste s’il n’y a pas lieu de les y contraindre constitutionnellement.

Quelques questions de fond  sur les thématiques
dialogue national inclusif

  • Faut-il réviser la constitution ?

Je reprends ici, simplement, les positions que j’ai défendues, avant, pendant, et après la Conférence Nationale (cf mon livre « Clartés d’hier à aujourd’hui »). Elles restent d’actualité, me semble-t-il. Elles m’ont valu bien d’inimitiés, bien d’injures. Seul Feu le Doyen Boubacar Sada SY, Paix à son âme, m’avait vraiment compris. Je me souviendrai toujours de ses mots :

« Les camarades ne pouvaient pas te comprendre : Tu étais dans la réflexion sur l’Etat de droit, lorsque nous, nous en étions à l’assaut du pouvoir ».

Il s’apprêtait à organiser une conférence-débat sur mon Livre « Gérer la transition démocratique au Mali ». Le Tout puissant en a décidé autrement. Il a trouvé la mort, accidentellement ( ?), deux semaines avant la date que nous avions arrêtée tous deux car devant, entre temps, aller en mission dans un pays d’Afrique centrale si je ne m’abuse. Mort que je persiste à trouver troublante car, la veille, défendant à l’assemblée nationale la réforme de refondation de l’armée nationale, et dont il m’avait confié l’organisation de la communication en tant que consultant, il avait affirmé avec force que certains militaires vendaient des armes et munitions aux rebelles, et qu’il leur ferait rendre gorge dès son retour de mission.

Dans un article publié le 15 mai 91, dans le journal La Roue de Feu Boubacar Keïta (Paix à son âme), l’homme qui inocula au paysan agronome que j’étais la passion du journalisme, je me prononçais clairement pour une Assemblée Constituante Elue, représentant toutes les sensibilités du pays, en lieu et place de la Conférence nationale constituée des seuls « Révolutionnaires » qui, du reste, nous ont reproduit une parodie de remake de la Révolution française (de démocratie bourgeoise, rappelons-le) de 1789, jusques et y compris son Comité « jacobin » de Salut Public. Et, de fait, les révoltes populaires de janvier à mars 1991 auront été, à la révolution démocratique petite bourgeoise malienne du 26 mars 1991, ce qu’ont été les jacqueries paysannes pour la Révolution bourgeoise française de 1789.

La foultitude de Maximilien de Robespierre l’aura largement emporté sur les rares Nicolas de Condorcet de l’époque, aboutissant finalement en un pâle copier-coller, plein de coquilles d’ailleurs, de la constitution de la 5e République française, seul exemple de constitution d’ailleurs à être mise à la disposition des constituants « révolutionnaires ». Je m’en étais  du reste plaint à Feu Le Doyen Me Demba Diallo, Paix à son âme !

Pourquoi pas la Loi fondamentale de la République Fédérale Allemande, lui avais-je dit, qui n’a même pas besoin de s’intituler Constitution pour remplir sa mission d’organiser l’Etat et la Nation, dans une profonde appropriation populaire ?

Pourquoi pas l’exemple du Royaume Uni, qui n’a même pas besoin d’une constitution écrite, pour remplir les mêmes missions ?

« Dans les conditions maliennes actuelles, avais-je écrit, la Conférence Nationale de type béninois apparaît comme étant un raccourci accidentel vers la démocratie. Appeler à créer 2 ou 3 Bénin est aussi erroné et couteux en vies humaines que l’a été le mot d’ordre guévariste de créer 2 ou 3 Vietnam. La voie fondamentale reste, lorsque les conditions en sont réunies, l’Assemblée Constituante Elue.

Maintenant que Moussa Traoré n’est plus politiquement, maintenant que l’UDPM, parti unique, n’est plus, maintenant que les partis politiques peuvent se constituer, maintenant que l’armée semble vouloir jouer le jeu démocratique, plus rien ne s’y oppose. Sauf, peut-être, la propension à ce que G. DRABO a si opportunément appelé l’auto-récompense, mais qui serait en fait une gratification biaisée : il eût fallu une participation accrue des jeunes et au moins une présence féminine dans ce cercle étroit plutôt misogyne, le sang versé étant le leur. 

Seule une telle assemblée permettrait la représentation effective de toutes les sensibilités politiques du pays, y comprises celles latentes à ce jour, et cela en fonction et en proportion de leur impact populaire véritable et non seulement émotionnel. Là résiderait la démocratie. Toute autre alternative serait une prime à la violence dont nous retiendrions la leçon. »

Ainsi, cette constitution, réduisant la démocratie au multipartisme sans aucune appropriation populaire, est tout-à-fait inadaptée au Mali, au point que tous les Présidents de la 3e République ont souhaité ou tenté, à un moment ou à un autre, de la réviser. Mais en vain car, à chaque fois, cette révision a semblé cacher une tentative de manipulation malveillante inavouée, à des fins également inavouables.

Elle est une constitution contre et non une constitution pour.

Elle a abouti à un régime politique gangréné par deux maux :

-L’auto récompense des révolutionnaires, pour reprendre les termes du grand éditorialiste, et

-La Démocratisation de la corruption (!), pour reprendre ceux de la plus grande des pasionarias maliennes.

Elle a largement ouvert ses portes aux anciens dignitaires, champions dans le retournement de veste, comme l’on assiste aujourd’hui à la mutation d’anciens barons thuriféraires du régime en opposants irréductibles, une fois déchus de leurs postes, ou discrètement poussés à la porte. Et à l’inverse.

Cela m’avait inspiré à l’époque un article avec pour titre : « Dignitaires de l’ancien régime ? Qui ne l’est pas ? »

Elle a abouti au paradoxe suivant : le vainqueur des premières présentielles démocratiques n’a pas été, véritablement, le Professeur Alpha Oumar Konaré, ancien ministre du Général Moussa Traoré, mais bien le taux record d’abstention, traduisant ainsi ce  à quoi tout le monde s’attendait, à savoir que le peuple ne se reconnaitrait pas dans ce nouvel ordre politique.

Et pourtant, il faut bien la réviser, cette constitution, pour qu’elle puisse répondre, enfin !, aux exigences institutionnelles réelles du Mali d’aujourd’hui ; Avec pour seule motivation : l’intérêt exclusif du peuple malien.

Mais il faudrait, au préalable, des réflexions de fond, dans une procédure permettant une appropriation populaire prenant en compte les points essentiels suivants :

  1. Quelle République et quel État ici et maintenant ?

1.1. Quel régime : Présidentiel ? Parlementaire ?

L’actuel, étant de type hybride, ne peut aboutir, pour être quelque peu efficient, qu’au leadership d’un  « monarque républicain », ou d’une « présidence  jupitérienne », sans place aucune pour un « président normal », sombrant forcément, dans les conditions qui sont les nôtres, à des « régimes présidentialistes », inéluctablement anti démocratiques, anti nationaux et anti peuple.

En d’autres termes, il urge de se libérer de l’emprise sur nos mœurs et mentalités de la constitution gaullienne, cette dernière répondant à l’état d’un pays donné, la France, à un moment donné (décolonisation, avatars de la 4eme République, dite des partis, l’après occupation nazie, …)

1.2. Quelle articulation démocratie démographique (Assemblée nationale) et démocratie territoriale (Sénat) ?

En d’autres termes : Parlement mono ou bicamérale ?

1.3. Quelle gouvernance territoriale et administrative ?

Centralisation jacobine? Simple déconcentration ? Décentralisation type Gaston Deferre ? Régionalisation avancée type marocain ? Fédération type Allemagne, Autriche,  Belgique, Nigéria, mais absolument pas nord-sud, et ce, sous quelque forme qui soit ?

1.4. Pertinence de la limitation du nombre et de la durée des mandats, notamment présidentiels?

Si oui, combien : 1 de 7 ans ? 2 de 4 ou 5 ans ?

Les démocraties nouvelles, singulièrement en Afrique, ont, dans un bel unanimisme, accordé plus d’importance aux limitations du nombre et de la durée des mandats, singulièrement présidentiels, qu’à l’élaboration de systèmes électoraux transparents et performants, ainsi qu’à une participation citoyenne effective à la vie de la nation, pourtant seuls gages véritables du libre choix du peuple pour le leadership qu’il veut et le temps qu’il veut.

On oublie que dans la constitution française de 1958, qui a inspiré la plupart des nôtres,  le mandat présidentiel, d’abord de 7 ans renouvelables ad aeternam, n’a été ramenée à 5 ans, et à 2 mandats, que récemment.

Au même moment, Mme Merkel, certes chancelière (mais en régime parlementaire le chancelier a plus de pouvoir de gestion de la vie publique que le président de la République), est à son 4ème mandat.

Poutine, lui, a battu tous les records en revenant au pouvoir pour un nouveau cycle de 2 mandats, après avoir installé une marionnette qui lui a gardé la place bien au chaud.

D’autre part, rarement un président élu dans un système limitant ses mandats à deux, a appliqué son programme de campagne, donc celui pour l’application duquel il a été élu, durant son premier mandat.

Aussi étonnant que cela puisse être, je n’en vois qu’un seul : Donald Trump.

Obama n’a jamais, durant son premier mandat, osé s’attaquer, vraiment, ni à Guantanamo, ni à la question de port d’armes. Pire, c’est à 48h de la fin de son second mandat qu’il a signé, comme pourtant promis lors de sa première campagne, deux chèques faramineux pour la Palestine, que Trump s’est bien entendu dépêché d’annuler dès sa prise de pouvoir.

L’Afrique n’est pas en reste. Gbagbo, opposant historique, a été un parangon de vertu dans la lutte contre la politique xénophobe et anti africaine dite d’ivoirisation de Bédié.

Gbagbo Président en est devenu un ardent défenseur, au point que le congrès du FPI ayant élu Pascal Afi N’Guessan président du parti fut émaillé d’un scandale : Il a été sommé d’apporter la preuve que ses parents étaient réellement ivoiriens. Je le sais : j’y étais.

Sans parler du discours de Simone à ce même congrès, dans lequel elle affirmait : Tous les problèmes de la Côte d’Ivoire viennent de vous autres, étrangers, en regardant, sans sourciller, le banc des délégués des partis africains invités. Je dus m’empresser d’envoyer une note au Dr Treta, chef de la délégation RPM, l’appelant à garder son sang-froid et rester serein.

Dans ces conditions, Abou Sangaré, Paix à son âme, à la fois cerveau et cheville ouvrière du parti, n’avait aucune chance de le présider.

Un premier mandat, partout où le nombre de mandats est constitutionnellement limité à deux, est un mandat généralement sacrifié, pour les raisons suivantes :

Durant la première année le Président, quel que soit par ailleurs son parcours politique, est en fait un stagiaire. En outre les équipes qu’il met en place, les deux premières années, le sont moins selon des critères de compétence avérée, que de reconnaissance envers ceux à qui il pense devoir son élection. Soit dit en passant, aux Etats Unis, on retrouve cet esprit de reconnaissance dans la distribution des titres d’ambassadeurs à ceux qui ont le plus financièrement contribué à la campagne électorale.

Ce n’est qu’à partir de la troisième année que le président pense vraiment bilan, jusqu’à ce que s’annoncent les temps de songer au second mandat.

Alors là, l’aptitude à aider à gagner ainsi que les thèmes adéquats, reprennent le dessus.

Ce n’est donc qu’avec son deuxième mandat que le président a véritablement rendez-vous avec l’histoire, en ce qui concerne son apport à la vie nationale. Et même là, juste pour trois ans, au bout desquels les politiciens commencent à scruter les horizons, aux fins de déceler qui aura le plus de chance de gagner les futures élections.

A cela, il faudrait ajouter le fait que les peuples, de plus en plus, ne votent pas sur la base de bilan, mais

-Soit pour ceux qui arrivent à les faire rêver le plus (d’où la « malédiction » des Premiers ministres français), des bons, tels Raymond Barre, Pierre Mendes France ou Michel Rocard. Eux ne savaient pas faire rêver : Ils savaient régler les problèmes, rien que les problèmes, sans aucune quête de popularité.

-Soit pour ceux qui savent réveiller les démons existant en chacun d’entre nous. D’où la montée en puissance de l’extrême droite partout dans le monde ; D’où le fait que la question de chauvinisme et celle migratoire soient devenues les thèmes permettant de gagner, ou de perdre, lesdites élections.

Ainsi, dans les systèmes de limitation du nombre de mandat à 2, le Président ne devient véritablement opérationnel que 5 à 6 ans. Autant alors limiter les mandats à un seul de 7 ans, s’il faut absolument une limite !

Ne vaudrait-il pas mieux consacrer plutôt une transparence électorale absolue, pour que le choix du peuple s’impose dans tous les cas ?

Un président tel Kagamé, tant qu’il restera le Kagamé d’aujourd’hui, devrait pouvoir rester en poste autant que le voudra le peuple rwandais. Je pensais la même chose d’Angela Merkel, bien que chancelière et non présidente.

Pourtant, l’histoire nous incite à abandonner certains stéréotypes : Le fait que ce soit un ancien dictateur de triste mémoire, Franco, qui ait réintroduit la démocratie en Espagne, et cela à travers une restauration (dans le sens premier du terme), devrait, pour prendre un exemple, donner à réfléchir aux politiques d’aujourd’hui.

1.5. Quelle place pour le religieux en politique dans une république laïque?

Il existe bien des partis « chrétiens démocrates » en Europe et plusieurs chefs d’Etat, monarques comme républicains, prêtent serment sur la Bible à leur investiture. Pourquoi et au nom de quoi bloquer une telle évolution chez les  « musulmans démocrates » ?

1.6. Quelle institution constituante?

Je ne cesserai jamais de le répéter : J’ai toujours opté pour une assemblée constituante, élue rien qu’à cet effet. Ce qui a été possible en France au 18e siècle ne pourrait-il pas être tenté au Mali des 20e et 21e siècles ?

On feint d’oublier que le serment des jeux de paume, issu des Etats Généraux, a été le fait d’élus, après d’ailleurs élargissement de la base du collège électoral.

1.7. Quel système électoral ?

Majoritaire à un tour ? À deux tours ? Proportionnel strict ou pondéré ? Mixtes ? Et qu’elles variantes selon la nature de l’élection ?

1.8 Quel type de partis et quel traitement de la transhumance politique?

Répondre à cette question devient essentiel, devant l’effondrement patent de la classe politique malienne, dû au fait qu’aucune sensibilité n’a su secréter de vrais partis politiques, fondés sur des projets de société clairs et spécifiques, mais tous sont restés tels que je les avais décrits, à savoir des « proto-partis ». De fait, ils ont tous, sans exception, évolué en Groupements d’Intérêt Economique, en Agences de placement de cadres, en Commissions d’attribution de marchés publics aux opérateurs économiques proches de leurs formations politiques, moyennant renvois d’ascenseurs.

L’émergence de vrais partis devient pourtant cruciale, vu les effets de la mondialisation. Celle-ci a entrainé l’affaissement de tous les partis classiques, partout dans le monde, à la seule exception de certains partis communistes ayant intelligemment évolué en partis de capitalisme d’Etat. Les instituts de sondages, les agences de publicité, sans oublier les hackers,  les réseaux sociaux généralement manipulés et instrumentalisés, tous entre les mains des puissances d’argent, se sont substitués aux partis, ont scellé la mort des luttes idéologique et politique. Ce sont eux qui, désormais, forment les opinions et déterminent les suffrages populaires.

Et lorsque, soit dit en passant,  j’entends certaines (autrefois grandes) puissances se plaindre de la manipulation numérique de leurs systèmes électoraux et/ou décisionnels par des pays autrefois considérés moins développés, je me dis : Quel aveu d’impuissance tendancielle dans ce domaine pourtant réputé d’avenir !

  1. Quand réviser la constitution ?

En début de mandat, le premier de préférence, selon son inscription dans le programme du candidat lors de sa campagne électorale ? Oui. Mais tout de suite au départ du mandat, après bien entendu une intense période de réflexion, de travail d’experts, de communication y compris dans les langues nationales.

  1. Bref et en conclusion de ce chapitre, n’est-il pas venu le moment d’aborder, sans complexe, la nécessité de jeter les bases d’une 4e République, tirant réellement les leçons des trois que le Mali à connues, ainsi que des régimes d’exception de son histoire (cmln, crn, cndre, transitions dites démocratiques) ?

 Bien entendu, une 4ème République qui ne permettrait la candidature, ni des anciens Présidents de la République, ni des anciens Chefs d’Etat, à aucun poste électif qui soit.

Et quel curieux destin, en effet, que celui de cette 3 e République :

Elle aura vu son Ecole s’effondrer, alors que son président était professeur d’université, et son Armée se déliter, alors que son président était Général para commando !

Toutefois, en tout état de cause, il ne faudrait nourrir aucun complexe par rapport à l’une quelconque des constitutions en vigueur dans le monde d’aujourd’hui, toutes étant en construction.

Par exemple, la Révolution démocratique française date du 18e siècle. Non seulement elle a commencé par  dévorer ses enfants durant une période dite de la Terreur, puis a restauré ses monarques, érigeant même certains d’entre eux en empereurs, mais, pire, malgré le lourd tribut payé par les femmes, ces dernières ont été totalement ignorées : Elles n’auront finalement eu le droit de vote qu’en 1945 !

Pis : La France démocratique, malgré tous ses discours sur le genre, n’a pas encore su donner à la Nation une Présidente de la République. Et triste comble de l’ironie, seul le parti de l’extrême droite envisage de mettre en orbite une dame ayant quelque chance de gagner, au point qu’il faille recourir, pour la battre, au « Tous contre une !!! ».

Pourtant, des grandes dames, la France en a eu à foison, dans les partis politiques de gauche comme de droite.

Ayant été, idéologiquement et familialement plutôt de gauche, je choisirai mes exemples dans le parti socialiste, le seul parti de gauche ayant accédé à la magistrature suprême en France :

Christiane Taubira avait tout pour faire une excellente présidente de la République. Mais parce que noire, mais parce que femme, elle n’avait aucune chance de se voir choisie par son parti, le parti socialiste, parti se disant pourtant progressiste.

Ségolène Royale aura plus de chance, parce que des deux « maux » qui plombaient Taubira, elle n’en n’avait qu’un : Etre femme. Elle se verra ainsi laminée par ses « camarades progressistes » qui, au lieu de se contenter de développer durant la primaire, leurs propres projets de société, se sont plutôt évertués  à démontrer qu’elle ne faisait pas  le poids. Permettant ainsi à Sarkozy, l’homme pour qui l’Afrique n’était pas encore suffisamment « entrée dans l’histoire », d’en faire une bouchée.

Sans verser dans une espèce de politique fiction, nul doute que le Parti Socialiste aurait donné à la France sa première présidente de la République, si les Fabius, Strauss-Kahn, Jack Lang et autres Hollande avaient, totalement et loyalement, accompagné la candidature de la Royale Ségolène, avant, pendant et après cette irresponsable et imbécile primaire. Aujourd’hui le parti paie très cher ce déficit d’intelligence politique et d’abnégation personnelle de ses militants : Il a pratiquement disparu des radars, et ce n’est pas demain la veille du jour où on le reverra dans le cœur du peuple français.

On pourrait citer pleins d’exemples à droite de Grandes Dames,  qui auraient été aptes à rassembler la France et à la conduire, efficacement, dans cette phase nouvelle de son histoire, particulièrement délicate, pour elle : Celle de la « dé-néocolonisation » dans une période marquée par l’impact de la mondialisation. Mais qui aime bien châtiant bien, je me limiterai aux seuls exemples de gauche.

Et Simone Veil ? Et Martine Aubry ? Elles n’auraient pas fait de bonnes présidentes ?

Mais, hélas, les mœurs politiques françaises n’ont pas encore intégré la possibilité pour une femme d’accéder à la magistrature suprême, contrairement à la démocratie indienne par exemple. Et l’on se souvient du traitement qui a été réservé aux rarissimes Premières ministres de son histoire.

Que dire des Etats Unis, cette grande « démocratie » de près de 350 millions d’habitants (et ex première puissance mondiale) où, non seulement il a fallu le recours à l’assassinat pour stopper la dynastie Kennedy, mais, jusqu’à ce qu’Obama et Trump y mettent fin, il fallait appartenir aux familles Clinton ou Bush, pour prétendre accéder à la magistrature suprême !

N’ayons donc aucun complexe. Agissons, tel le Président Kagamé, qui a su relever son peuple du gouffre, mais aussi damer le pion, dans la question du genre, à beaucoup de pays donneurs de leçons démocratiques.

Regardons donc notre société dans les yeux. Faisons en la critique objective, sans aucune complaisance. Revisitons nos valeurs sociétales. Actualisons les pour qu’elles s’adaptent au contexte qui est celui d’aujourd’hui, avec pour devise : Authenticité et Modernité. Donnons-nous notre Constitution, bien à nous, facile à expliquer à notre peuple, lui-même bien impliqué dans son élaboration et son adoption, conditions sine qua non d’une appropriation réelle.

  • la refonte de l’armée nationale

Je voudrais, avant tout propos, m’incliner devant la mémoire des soldats tombés, depuis Aguelhoc, sur le champ de l’honneur.

Malheureusement, avec Mondoro, Boulikessi et, tout récemment, Indélimane et Tarkint, on voit le carnage (il n’y a pas d’autre mot pour le nommer) perdurer. Cela malgré la présence sur les théâtres opérationnels les 4500 soldats de Berkane, les 5000 du G5 et les 12000 (?) des FAMas –dont les effectifs réels relèvent, depuis longtemps, d’une nébuleuse et ténébreuse énigme.

Assurément, ni l’armée nationale malienne, ni les dispositifs  français et alliés européens, ainsi qu’onusiens, du fait de leurs mandats absolument inappropriés, ne répondent réellement aux exigences de cette guerre sahélienne, atypique parmi les plus atypiques. Où se joue cependant, c’est de plus en plus évident, l’avenir de l’ouest africain, voire du continent tout entier, si ce n’est de l’Europe et du monde. A preuve : C’est bien au Sahel, singulièrement dans le septentrion malien, que DAESH a choisi de venger la mort de son chef, neutralisé par les Etats Unis en Syrie. Démontrant ainsi qu’il existe désormais une Internationale Djihadiste, dont le théâtre d’opération couvre le monde entier.

Et dès que la jonction AlQaida – daesh- Boko haram en cours sera totalement instituée, la situation ouest africaine sera désespérée dans l’immédiat, et l’Europe veritablement menacée à moyen terme .

L’armée nationale du Mali, singulièrement, est restée une armée classique, apte (plus ou moins d’ailleurs) à la guerre entre armées nationales. Elle a eu, par le passé, une compétence réelle dans ce secteur, démontrée par exemple lors de la honteuse, triste et malheureuse guerre, dite des pauvres, qui a opposé le Mali de Moussa Traoré au Burkina Faso de Thomas Sankaré.

Cependant, même dans ce domaine, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Elle est devenue une armée handicapée par une rupture totale de sa chaine de commandement opérationnelle ;

– Où la troupe est souvent laissée à elle-même ;

– Où sont majoritaires, des soldats nullement motivés pour la défense de la Patrie ; Se laissant, à plusieurs reprises, surprendre en plein sommeil ; Participant à l’armement de l’ennemi du fait de leur désertion de postes entièrement équipés, si ce n’est par la vente pure et simple des armes et munitions;

– Où, les décrochages successifs, de « replis tactiques » en « replis tactiques », finissent par sombrer en « replis stratégiques », si ce n’est en « Sauve qui peut ! » général, à quelques exceptions près !

Mais, à quoi diable ! peut être due une telle déchéance ?

Je n’ai aucune formation militaire, mais nul besoin d’être maréchal pour faire les constats suivants :

– Recrutement de complaisance, de sorte qu’aujourd’hui, on entre dans l’armée comme en parti politique, avec comme plan de carrière recherché : Administrateur civil, Haut Fonctionnaire de défense dans les départements ministériels, Ambassadeur ou, tout au moins, Attaché de défense dans une ambassade, DG de société si ce n’est membre du gouvernement ;

– Formation au rabais dans cette école de prytanée ouverte en priorité aux enfants de militaires,  qui a pourtant formé tant d’officiers de renom de la sous-région. Hélas ! Elle, également, a connu le même naufrage  que l’école publique, au point de nouer, avec les grèves intempestives ;

– Avancements se faisant sur des bases subjectives et relationnelles, et non plus selon les temps de commandement ou des actes de gloire ;

– Aucune garantie sanitaire, car absence d’hôpital militaire véritable

–     Pas de prise en compte véritablement conséquente des veuves et orphelins de guerre.

Il s’en suit qu’aujourd’hui, les armées reconnues comme étant en situation de faire face sont les armées tchadienne, mauritanienne et, en un degré moindre, nigérienne. Encore faille-t-il désormais nuancer également pour la Mauritanie, au vu du deal révélé par les documents trouvés sur Ben Laden, après sa neutralisation par les forces spéciales d’Obama.

Justement, ces armées n’ont jamais été, dans le cas du Tchad, pratiquement jamais, dans celui de la Mauritanie depuis la réduction des « Cavaliers du changement », des armées classiques. D’où leurs aptitudes actuelles.

Quelle honte a été, pour la nation malienne, que le remplacement du Général Dakouo par son homologue mauritanien, après l’attaque du camp de Sévaré ! Honte qui n’a d’égale que celle induite par l’intercession du Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, se rendant à Kidal après l’inopportun périple du Premier ministre Mara, et où il lui a été loisible de contempler les équipements pris sur l’armée malienne par le MNLA, le Président Ibrahim Boubacar Keïta s’étant vu, quant à lui, contraint de se contenter d’être à ses accueils en provenance de Nouakchott puis de Kidal,  ainsi qu’à ses départs pour Kidal puis pour Nouakchott.

Je pratique le Président depuis une soixantaine d’années. Je puis affirmer ne l’avoir jamais vu aussi touché dans son amour propre, autant blessé dans sa fierté nationale.

Il est temps, grand temps, de se dire que les armées classiques, gouffres budgétivores, ne sont désormais bonnes que pour les parades et défilés militaires. Et encore !

Nous nous devons donc de prendre conscience qu’il est impérieux de procéder à une refondation totale de notre armée, pour la rendre apte à mener, avec quelque chance de succès, les combats non conventionnels que nous imposent nos ennemis du moment. Il est temps de se doter d’une armée,  qui serait en réalité un concentré de forces spéciales, constituées d’éléments ayant reçu des formations de type légion étrangère, dont la sélection doit se faire dans la stricte neutralité, avec des critères de compétences physique et mentale dans lesquels aucune notion ethnique ou religieuse ne doit être déterminante, sauf à vérifier que toutes en soient, sauf à vérifier qu’elle soit, donc, réellement nationale et inclusive. Une coordination de forces répondant à leur mission, rien qu’à leur mission.

Pour ce faire, il faudrait la création urgente au moins d’une Ecole de commandos sahariens, du genre de celles crées en son temps par les Etats Unis, en Philippine surtout, pour gérer la lutte anti guérilla guevariste pratiquée dans les conditions particulières de la jungle.

Les domaines de ces écoles pourraient être :

– Le contrôle du trafic transfrontalier

– La contre insurrection

– La lutte armée en milieu désertique, intégrant en plus du climat, ses spécificités topographiques, notamment dunaires

– La recherche de renseignements

– Les frappes en profondeur

– Le déminage

– La surveillance aérienne.

A ce propos, une équipe plurinationale composée d’amis du Mali avait remis au Secrétaire Général de la présidence que j’étais, à ma demande, une étude fouillée sur ce thème, Monsieur Zeid Benbarka ayant servi de point focal.  J’avais, en effet, fait recruter ce dernier à la Présidence comme Conseiller Technique chargé des questions sécuritaires, car ayant été membre de la première promotion de l’armée de l’air malienne en 1963, matricule A1007. Je ne puis les nommer tous, car certains ayant agi très probablement en dehors de l’autorisation de leurs hiérarchies respectives. Tous étaient manifestement atteints par ce que j’ai coutume d’appeler « le virus du Mali », mais j’avais cependant pris la précaution de vérifier l’authenticité de leurs qualités et identités.

Dans la même foulée, contact avait été pris avec une société américaine chargée de formation militaire, dont j’ai eu à rencontrer les responsables le 4 janvier 2015 à koulouba, à savoir MM Riks, Président du groupe TCONTROL et le Général Bray, ancien Chef d’Etat Major des Forces spéciales américaines et ancien conseiller du Président Obama, après naturellement m’être assuré que l’Ambassade des Etats Unis était bien informée de leur séjour au Mali.

Nous avions désigné le concept ainsi produit sous le nom de code de KOUROUMA. Il proposait comme site Hombori, réunissant toutes les topographies idoines : falaise et divers reliefs, désert  et fleuve, plaines et vallées, etc. Il nous aurait permis de disposer à ce jour de 1500 hommes de véritables Forces spéciales dignes de ce nom, soit l’équivalent de Serval. Ce dossier a malheureusement fini dans le tiroir d’un officier supérieur.

Nonobstant, j’ai pu en remettre une copie actualisée au Ministre Dahirou Dembélé, lors de l’audience que je lui ai récemment accordée à Paris.

iii-la question des renseignements generaux

Il est clair que sans services de renseignement performant, les Forces de Défense et de Sécurité n’auront aucune capacité d’anticipation permettant d’être en position offensive.

Les deux pays au monde ayant une expertise universellement reconnue dans ce domaine étant Israël et le Maroc, il urge d’y envoyer en formation des éléments de nos différents services spéciaux.

Il faudrait également reprendre les négociations avec la société chinoise ZTE le projet de dotation du Mali d’un réseau de surveillance satellitaire ultra sophistiqué, avec financement d’EXIMBANK. La Chine populaire, rappelons-le, que le Mali avait reconnu bien avant la France, est aujourd’hui, avec l’Estonie, à l’avant-garde mondial dans le numérique. Le honteux chantage déployé par les Etats Unis à propos de la 5G en est une illustration éclatante.

Il faudrait également prendre au sérieux les récentes propositions faites au Mali par la société israélienne ARES.

Encore deux occasions manquées, dont la partie de gentleman restant encore en moi m’oblige à ne pas dire plus, qui, si on les avait exploitées, nous auraient permis d’écrire des pages plus glorieuses de notre histoire. Il est vrai qu’avec des si on pourrait mettre Paris dans une bouteille. Néanmoins, j’en demeure convaincu.

Iv -la question du septentrion malien

La signature de l’accord d’Alger a été réalisée en 3 phases :

-Une première ayant abouti au paraphe, à Alger, d’une mouture par l’ensemble des participants aux pourparlers, à la seule exception de la CMA : délégation gouvernementale, l’ensemble des facilitateurs, y compris la communauté  internationale ;

-Une deuxième, toujours à Alger, où la CMA accepta de parapher à son tour, mais seulement après reprise des pourparlers, et où ils réussirent, la pression d’une certaine communauté internationale aidant, à y introduire tous les germes de division le rendant ce jour inapplicable en l’état avec l’agrément du peuple malien ;

-Une dernière enfin, le 20 juin, de signature  cette fois, à Bamako, de l’accord.

La précarité de la situation actuelle réside dans le fait que la gestion de l’accord se fonde sur un compromis cachant, mal, une différence fondamentale d’approche entre les deux parties : autorités maliennes et l’ex(?)rébellion : Alors que les autorités maliennes semblent s’embourber dans des questions d’ordre tactique,  dans une gestion au jour le jour, avec comme souci principal de ne rien faire qui puisse remettre en cause cet accord péniblement acquis, la CMA et ses affidés, eux, n’ayant jamais renoncé à leurs velléités indépendantistes, sont résolument campés dans la stratégie : Que faire, aujourd’hui, pour avancer d’un pas vers cette large autonomie incluse dans l’accord et qui, en réalité, est un sas béant vers l’indépendance ?

Ce qui explique que, lors des visites à Kidal, tant du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga que du candidat Ibrahim Boubacar Keïta, le drapeau azawadien était plus arboré que celui du Mali. Ce qui explique également l’incident survenu le 25 novembre 2017 au Mémorial Modibo Keïta, durant les « Assises des femmes pour la paix » organisées par Mme la Ministre Oumou Touré, lorsqu’une kidalaise Kel Tamasheq tint à y participer portant en écharpe, à la manière d’une députée, un drapeau azawadien.

Mieux, dans le premier cas, Bilal Ag Cherif n’a même pas daigné en être. Il était, au même moment, en tournée dans la région de Tombouctou, en véritable tournée de chef d’Etat, comme pour faire valoir un certain parallélisme des formes et des hiérarchies ! Qui plus est, la sécurité était, dans les deux cas, essentiellement assurée par les éléments de la CMA.

Cette ambiguïté était déjà patente, dès le départ des « pourparlers intermaliens », même dans la structuration des équipes chargées de la négociation.

Par un concours de circonstance, contrairement à ce qui avait été convenu au départ, la partie malienne avait pour chef le Ministre des Affaires Etrangères, le Représentant spécial du chef de l’Etat malien ayant décliné le mandat qui lui avait été proposé en premier lieu, ayant souhaité et obtenu de se retrouver parmi les facilitateurs ; ce qui de facto, conférait un statut de représentant d’une nation étrangère au vis-à-vis du chef de la délégation gouvernementale.

La date retenue pour signer l’accord, probablement sur suggestion de la CMA ou de ses conseillers, n’était pas, non plus fortuite. Le 20 janvier est la date anniversaire de la naissance de l’éphémère Fédération du Mali, ayant réuni le Sénégal et le Soudan français.

Toutefois, il demeure que ce compromis, quoique précaire, ouvre un corridor intéressant vers un compromis stratégique, commun celui-là, susceptible de régler définitivement la question du septentrion malien, et mener à son ancrage effectif, définitif et accepté de tous, dans la nation malienne.

Mais, pour cela il faudra, non seulement beaucoup de fermeté et de pédagogie, mais aussi que tout le monde, en premier lieu les parties prenantes, jouent le jeu, à savoir l’Etat, les milices armées, nos partenaires internationaux, singulièrement la Suisse, la France et l’Algérie.

La Suisse, n’a en réalité jamais caché son jeu  ni sa sympathie pour la cause de « l’Azawad »,  peuplé de ses  hommes bleus, seigneurs du désert saharien. En ce qui concerne ce pays qui, sous prétexte de  sa neutralité, s’était jusqu’à un passé relativement récent, constitué en une gigantesque blanchisserie pour tout l’argent sale circulant dans le monde, et dont Ibrahim Boubacar Keïta a eu à expulser un diplomate du Mali en quelques heures, point n’est besoin d’épiloguer outre mesure sur son comportement d’alors.

La Franceelle, se doit de lever, malgré le méga mérite qu’a constitué l’opération Serval, où des Français ont trouvé la mort, à l’instar du reste de centaines de Maliens morts pour la France et la Liberté durant les deux dernières guerres mondiales, se doit donc, de lever les innombrables zones d’ombre accompagnant son action :

  1. Le territoire revendiqué par la rébellion sous le terme Azawad, couvre exactement la partie malienne de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), proposée par la France en 1957, aux temps de la décolonisation. Serait-ce simple coïncidence ?
  2. Beaucoup de chefs du MNLA ainsi que certains analystes français affirment, sans ambages, qu’il y avait une espèce de deal entre la France de Sarkozy et les éléments d’élite qui constituaient la réalité de la garde prétorienne de Ghadaffi, deal du genre : Laissez-nous avoir Ghadaffi et nous vous assurerons un retour en Azawad autonome.

Ce qui expliquerait les annonces de Jupé, à l’époque, avec moultes trémolos dans la voix des « éclatantes victoires du MNLA sur l’armée malienne » ; Ainsi que de l’insistance d’un Jean-Yves Le Drian quant à l’application stricte de l’Accord d’Alger, mais, à y regarder de près, réduite aux réformes institutionnelles, conduisant à l’effectivité d’une autonomie, mettant en place une armée autochtone et instaurant une possibilité accordée à cette seule région de coopération internationale directe.

  1. Comment, alors que Ghadaffi était traqué jusque dans les égouts, alors que la Libye toute entière était sous surveillance vidéo satellitaire, une forte colonne de pickups lourdement armés, ait pu quitter ce pays et se rendre au Mali, bien qu’il n’y ait pas de frontière terrestre commune entre ces deux pays, sans que personne n’ait rien vu ?

J’ai eu à poser cette question à l’un des deux co-auteurs du « Dictionnaire du Renseignement »(Edition Perrin), au cours d’une conférence qu’il faisait aux ambassadeurs à propos de ce bouquin qui, du reste, constitue une excellente mine. Sa réponse fut : Ne dites pas, Monsieur l’Ambassadeur, « sans que personne n’ait rien vu » mais plutôt, « sans que personne n’ait rien fait ».

Merci Monsieur, lui ai-je répondu, vous dites-là en termes de conférencier, exactement ce que je pense, mais que j’ai exprimé en langage « diplomatique ».

4.Comment expliquer que Serval, après avoir mis en déroute les djihadistes du MUJAO, anciennement alliés du MNLA mais ayant bouté ces derniers hors du territoire, une fois la victoire acquise sur l’armée malienne, comment donc expliquer que Serval, non seulement, ait refusé l’entrée des armées malienne et tchadienne à Kidal, mais y ait remis en selle le MNLA, leur permettant même de s’organiser en patrouilles armées libres de leurs mouvements, tandis que, une fois les portes de Kidal ouvertes à l’armée malienne, celle-ci a été littéralement cantonnée ?

  1. Comment expliquer que les éléments du GATIA aient été longtemps traqués par l’armée française et leurs géolocalisations régulièrement communiquées au MNLA ?
  2. Comment expliquer le revers subi par l’armée malienne, à l’occasion de la visite du Premier ministre Moussa Mara ?

Les Kidalais dont formels : Dans un premier temps, l’armée malienne avait pris le dessus sur le MNLA et les pourchassait afin de les neutraliser, jusqu’à ce qu’un mystérieux avion atterrisse aux environs de midi, et d’où ont débarqué des hommes enturbannés. En fait, ce sont eux qui ont défait l’armée malienne, pas le MNLA.

Les mêmes Kidalais sont formels : Dès le lendemain, l’armée française sillonnait les rues de la ville, afin d’y ramasser les douilles.

  1. Quelle sont les identités et qualités des soldats français qui ont péri lors du crash de l’avion de la compagnie Air Algérie, intervenu sur le territoire malien tout juste après le drame de Kidal et en provenance du Burkina Faso, ce pays dont l’actuel Chef d’Etat a été très clair sur le double jeu de son prédécesseur dans la question des relations avec les terroristes sévissant au Sahel (double jeu personnifié par l’énigmatique Moustapha ould Limam Chafi) ? Que faisaient-ils au Burkina Faso ? Pourquoi avaient-ils pris Air Algérie ? Mais passons ! Ne sombrons pas dans la paranoïa !

En vrai, le MNLA d’hier, la CMA d’aujourd’hui, ne doivent leur puissance militaire qu’à des forces externes et n’ont été forts que de la puissance d’éléments exogènes, cela depuis l’alliance du MNLA avec les djihadistes. La raclée qu’il a reçue du GATIA durant la fameuse bataille de Tabankort l’illustre aisément.

  1. Sont nombreux les Maliens qui pensent que Iyad a été, en vérité, exfiltré de Konna et, de toutes façons, il circule comme il veut, le plus tranquillement du monde, entre le septentrion et le sud algérien où réside du reste sa famille.

En ce qui concerne l’Algérie, j’accuse les généraux algériens :

  1. D’avoir développé, pour préserver l’Algérie du terrorisme djihadiste, à la sortie du pays de sa décennie noire, une stratégie ayant abouti à une sanctuarisation du salafisme au septentrion malien, sous la férule du GSPC.

En effet, malgré son allégeance à Al Quaeda en 2007, ce groupe, créé en 1998 par le DRS algérien sur les oripeaux du GIA, a échoué dans sa tentative de fédérer les Groupe Islamique de Combat Marocain (GICM), Groupe Islamique de Combat Tunisien (GICT) et Groupe Islamique de Combat Libyen (GICL). Il est resté, dans les faits, GSPC, mais s’est redéployé dans le sud algérien et au Sahel.

Sa stratégie, depuis, a été de localiser son centre de pouvoir au nord (dans le sud algérien), mais de déplacer son organisation criminelle au sud, au Sahel, notamment malien, en katibas placés sous la coupe d’Emirs et d’éléments s’enracinant dans les populations locales, notamment par alliances matrimoniales.

Et si, depuis les années 90 l’Algérie est pratiquement l’éternel médiateur des rébellions ethno-politiques ayant secoué le septentrion malien, l’objectif fondamental de tous les accords qui en sont issus, de celui de Tamanrasset à ceux d’Alger, a été de dégarnir toute la région de structures militaires nationales réelles, afin de laisser le champ libre aux mouvements salafistes déclarés ou en dormance.

Les salafistes algériens ont, en outre, inscrit leur action dans un véritable sanctuaire, intégrant la population locale sur la base de l’exploitation de la précarité ambiante, de l’existence de forts ressentiments inter communautaires et des convoitises de nombreux acteurs extérieurs étatiques et privés sur le fort potentiel minier de la région.

Ils ont, enfin, réactivé les itinéraires et filières utilisés par la « wilaya 7 » durant la guerre de l’indépendance.

En réalité :

-Le MNA, devenu MNLA suite à l’adhésion du Colonel Najim, ancien de l’armée libyenne, a totalement versé dans la lutte pour les subsides du trafic de cocaïne, la tâche première de ce colonel en Libye ayant été d’impliquer les touaregs dans le réseau de trafic de cocaïne. Il aura essentiellement servi de cheval de Troie aux salafistes.

L’attachement de la France au MNLA pourrait également s’expliquer par le fait qu’il ait réussi à la persuader de son aptitude à aider à la libération des otages. Ce qui est faux, au contraire. C’est peut-être dans cette méprise qu’il faudrait chercher à connaître les dessous réels du lâche assassinat des deux journalistes de RFI, très probablement lié à un détournement dans des paiements de rançon.

– Ensar Eddine de Iyad (le prosélytisme de cet ancien guitariste bassiste, alors grand amateur de whisky, surprend tous ceux qui l’ont connu à l’époque), est devenu HCUA, car plus fréquentable.

– Et si le Septentrion occupé était en fait administré par l’énigmatique MUJAO, un phénomène hautement significatif, alors observable, singulièrement à Tombouctou, a laissé plus d’un perplexe et mérite une attention particulière : L’arrivée à Tombouctou, depuis le contrôle de la ville par le MUJAO, de familles entières venant d’Algérie et constituées uniquement de femmes et de jeunes. Ceux-ci âgés de 15 à 30 ans, sont tous de sexe masculin, tandis que ces femmes s’avèrent être des Tombouctiennes mariées à des Algériens de passage, qui les ont aussitôt enlevées à leurs familles et amenées dans leur pays fin 80 début 90.

Ces femmes et ces jeunes hommes, au nombre d’environ 250 personnes, ont, dès leur arrivée à Tombouctou, aussitôt occupé des maisons laissées vides par leurs propriétaires(en exil extérieur ou intérieur), sous prétexte de faire partie de ces familles. Il aura fallu l’opération Serval pour qu’ils abandonnent, en catimini, lesdites résidences.

Curieusement, ces jeunes ont une culture absolument malienne et parlent le songhoï, sans jamais avoir vu le Mali auparavant !!

En fait c’est à eux que le GSPC-AQMI avait confié la gestion de la ville, les combattants salafistes ne passant que très rarement la nuit en ville. Ils étaient les seuls à rencontrer, sans protocole, les Abou Zeid, Belmokhtar, Makhlouti, Yahya Abou el Hammam, et tous les autres soit disants chefs militaires du MUJAO, tels Sanda Bouamama, Oumar ould Hamaha, Hama ould Mahmoud et consorts leur étaient totalement soumis.

In fine, le terrorisme djihadiste malien est, historiquement, un pur produit d’exportation algérien, densifié et rendu opérationnel par les  touaregs maliens revenus de la Libye après la chute de Ghadaffi.

-L’armée algérienne aurait pu mettre fin au terrorisme dans le Sahel en un tour de mains, si elle l’avait voulu. Ne serait-ce que pour payer sa dette au Mali née de son soutien multiforme durant la guerre d’indépendance, au point que Bouteflika avait été surnommé le Malien. Mais, assurément, telle n’a jamais été la volonté politique de ses autorités qui, souvenons-nous, s’étaient érigés bec et ongles contre l’opération Serval, pour finir, très tardivement, à accorder un droit de survol aux forces françaises, qui se garderont bien de s’en servir, et pour cause !

Elles en paieront plus tard d’ailleurs un lourd tribut dans les événements d’In Amenas. Là, l’armée algérienne ne fera pas dans la dentelle : Elle massacra tout le monde, otages et preneurs d’otages réunis.

Espérons que le mouvement populaire secouant actuellement ce pays permettra d’y voir plus clair, concernant notamment le degré de complicités de certains de ces généraux dans le trafic de cocaïne, comme ils l’ont été dans l’accaparement de pans entiers de l’économie nationale ; Ce qui expliquerait tout.

V -la question de Ecole malienne

La réforme de l’Education nationale, conçue en 1962 par la Première République, et dont mon père Djimé DIALLO fut, largement, le technicien, avait forcé l’admiration de tout le monde progressiste. S’il n’a jamais été ministre de l’Education nationale, c’est certainement parce que, à l’époque, on n’était en général pas ministre dans sa technicité, aux fins que l’arbitrage puisse rester éminemment politique. Le ministre alors chargé de l’Ecole, Tonton Abdoulaye Singaré, était postier de formation.

Même la France n’avait pas hésité à s’en inspirer sur certains points.

Puis, malheureusement, vint sa « révision déchirante »pour reprendre les termes de Mr Yaya Bagayogo après le coup d’Etat. Ecœuré, mon père refusa alors la proposition à lui faite par le Président Moussa Traoré (dont l’épouse avait été sa Secrétaire particulière, du temps où ce dernier était simple lieutenant) de voir sa retraite prolongée. Finalement l’UNESCO, alors en quête permanente d’experts africains, le recruta pour participer à la création de l’Université de Brazzaville. Et comme on n’est jamais prophète chez soi, il y connut plus de considération qu’à Bamako, bien que le Président Alpha Oumar Konaré ait donné son nom, après son décès, au Centre de Formation Pédagogique de Kangaba.

En outre, la révolte de 1991, avec la politisation outrancière de l’espace scolaire et universitaire, symbolisée par la participation du Secrétaire général de l’Association des Elèves et Etudiants au Comité de Salut Public, instance suprême de la République (Oumar Mariko en l’occurrence) avec dotation de véhicule 4X4 et de pactole conséquent, finit d’achever l’Ecole malienne. Aujourd’hui, c’est armes blanches à la main et même armes à feu, que les clans internes de l’AEEM s’affrontent, sur le territoire universitaire en sus !

Comment voulez-vous que, dans un tel contexte, l’Ecole malienne puisse donner des résultats probants ?

Raison pour laquelle l’ambassadeur du Mali que je suis a sauté sur une idée de son conseiller culturel, Dr Souleymane Diarra, pour organiser en 2018 un concours pour des prix d’excellence ouvert aux étudiants maliens les plus méritants. Et, heureuse surprise, il y en a, et pas des moindres ! Alhamdulillah ! L’initiative a eu tant d’écho que l’UNESCO a décidé d’attribuer un prix d’encouragement aux filles pour les études scientifiques ; Et que l’Ambassadeur délégué d’Arabie Saoudite  auprès de l’UNESCO s’est publiquement proposé, de lui-même, pour en financer la 2ème édition, que  nous envisageons d’organiser en mars, en hommage aux victimes de la révolte du 26 mars 1991.

Ainsi l’Ecole malienne a-t-elle besoin d’une refondation totale. Certes, le Président Alpha Oumar Konaré avait tenté le projet d’une Nouvelle Ecole Fondamentale. Mais cela a avorté, tout comme la Réforme de décentralisation, quant au fond, cette dernière s’étant arrêtée à mi-chemin, suite à la pression insidieuse des administrations jacobines maliennes, voyant là une perte de leur pouvoir.

Il urge aujourd’hui de ranger l’Education nationale dans le domaine régalien de l’Etat, sous l’égide d’un Ministre d’Etat auprès du président de la République, chargé de la réorganisation de toute l’architecture du système éducatif ; Prenant en charge la scolarisation des filles ; S’appuyant, pour l’ensemble, pas même sur des ministres délégués, mais des Secrétaires d’Etat choisis par lui-même sur la base de leur compétence, avec pour seul paramétrage la question nationale inclusive, tous placés sous sa seule autorité, qui ne participeraient aux conseils de ministre que pour les questions relevant de leur domaine de compétence, et dont les cabinets ne comporteraient que des techniciens.

Un homme de la trempe du Dr Cheikh Modibo Diarra pourrait être cette personne providentielle.

Vi -la question de la diaspora  malienne

Dès le drame de Lampedusa, le Secrétaire général de la Présidence que j’étais avait intégré, dans un projet du premier discours du président de la République à une instance de l’Union Africaine, la nécessité de doter l’Afrique de sa vision propre sur la question migratoire, et proposé Bamako pour abriter un sommet de Chefs d’Etat africains sur la question. Mais le Segal n’ayant pas la maitrise du discours présidentiel, l’idée n’a pas prospéré. Et il a fallu attendre Sa Majesté Le Roi du Maroc en premier, ensuite le Président Kagamé, pour que la question finisse par s’imposer dans l’agenda de l’UA.

A l’Ambassade du Mali en France, nous inspirant d’une idée du CSDMF alors présidé par Beïdy Dramé, nous sommes en pleines réflexions quant à l’organisation d’un colloque international sur le thème « Diaspora et développement local ».

Notre conception de base est ce colloque se tienne à Bamako, avec des représentants de toute la diaspora malienne de par le monde, être intégralement financé par le Mali, avec recours au partenariat international seulement pour le financement de la mise en œuvre des projets qui en seraient issus.

Ce colloque réfléchirait également sur le comment transformer les transferts colossaux de la diaspora en fonds d’investissement en lieu et place du seul financement (largement détourné du reste) de la consommation ; Exactement comme l’ont réussi les pays ayant les plus fortes diasporas au monde, à savoir Israël et l’Inde.

VII -les questions économiques

1.la question du niveau des salaires, au Mali, publics comme privés

A travail égal, les salaires maliens sont les plus faibles de l’espace UEMOA. Cela, pratiquement à tous les niveaux.

A titre d’exemple : l’Ambassadeur du Mali que j’étais dans la juridiction d’Allemagne couvrant 11 pays, ne gagnait pas le salaire de Conseiller des Ambassades du Niger, couvrant en moyenne 3 pays de la même juridiction.

La raison est toute simple. Pour punir le Mali de son aventure ayant consisté à battre monnaie, la France avait exigé une dévaluation de 50% du franc malien avant sa réintégration dans la zone FCFA, sans réajustement salariale préalable.

Ainsi, le travailleur qui percevait 100 000Fcfa avant la création du franc malien, qui continuait à toucher 100 000FM, se retrouvait brutalement avec un salaire de 50 000Fcfa. D’où un décalage avec son homologue des autres pays de l’UMOA, qui n’a jamais été totalement résorbé, malgré les réajustements arrachés par les nombreuses luttes syndicales sectorielles.

Il est temps de poser ce problème. Et d’y trouver solution.

2.Pour un plan de développement réel, intégral et intégré, gage de lutte contre la pauvreté et l’émigration non maitrisée

Il n’y a pas trente-six mille voies. Il faudrait :

a) que la valeur ajoutée dégagée par l’exploitation des ressources maliennes, agricoles comme minières, se fasse et reste essentiellement au Mali ; Arrêter donc avec les exportations des matières premières brutes mais les transformer sur place. Aborder avec force la problématique de l’industrialisation, comme l’avait initié la Première République.

Le coton malien, pour prendre un exemple, se doit d’être transformé sur place et non plus exporté en balles de fibres, exactement comme l’Egypte l’a réussi.

On pourrait par exemple rendre obligatoire les uniformes scolaires, sous réserve qu’elles soient entièrement de production locale ; Idem pour les tenues militaires ; Et, également, s’attaquer résolument à la production locale du bazin.

J’avais posé, en son temps, ce dernier problème au niveau de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Vienne. Il m’avait été répondu que la longueur des fibres du coton malien ne s’y prêtait pas. Mais cela semble ne plus être d’actualité et une société allemande semblait prête à en tenter l’expérience. Elle était même venue à la FEBAK dans cette intention.

b) Revoir tous les contrats aurifères en cours, tous léonins, et mettre en place un dispositif rendant impossible toute exportation qui ne passerait pas par le cordon douanier (pas même dans un cercueil, comme il semble que cela se soit vu), tout en veillant naturellement à l’impact écologique de la filière

c) Investir massivement dans les domaines porteurs, au point d’atteindre une masse critique, sans laquelle on ne saurait atteindre un décollage économique réel. Sans le Plan Marshall, pour prendre un exemple, l’Europe de l’après-guerre n’aurait pas connu ses « trente glorieuses »;

d) que chaque capitale régionale soit conçue comme un pôle de développement régional selon les spécialités de la dite région et disposant tous les échelons de système éducatif, y compris donc les cycles d’enseignement supérieur, étant entendu que la région doit elle-même constituer une entité économiquement viable. En d’autres termes, s’inspirer de la politique marocaine de la Régionalisation avancée;

e) que, bien entendu, la corruption soit combattue avec détermination, sans donquichottisme, ni discrimination.

En tous les cas, une chose est certaine : L’aide publique au développement est appelée à disparaître plus tôt qu’on ne le pense. Autant songer à prendre les devants et mobiliser efficacement les capitaux privés, nationaux (internes ainsi que provenant de la diaspora) et internationaux.

Dès les années 80, des experts de l’Organisation de l’Unité Africaine avaient conçu ce qu’ils avaient appelé Plan d’Action de Lagos, avec pour objectif un développement endogène et autocentré du continent avec pour moteur son industrialisation.

Lui succéda par la suite, le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique), résultat de la fusion, au sein de l’UA, du Plan Oméga du Président Wade et le MAP (Millenium African Plan) des Présidents Bouteflika, Thabo Mbeki et Olesegun Obasanjo, se fondant sur des financements externes. Il vient d’évoluer en Agence de Développement de l’Union Africaine.

Aujourd’hui, on n’hésite pas à parler de Plan Marshall, la forme la plus achevée étant la proposition allemande de Plan Marshall avec l’Afrique, (et non pour l’Afrique), que le Président Ouattara n’hésitera pas à appeler « Plan Merkel » lors d’une conférence du G20 tenue Berlin où plusieurs chefs d’Etat, parmi lesquels le Président Ibrahim Boubacar Keïta, étaient invités.

VIII -la question de la santé publique

Il est de notoriété publique que le plateau technique médical laisse à désirer. Certes, l’Hôpital Mère-Enfants du Luxembourg, dû à la Fondation pour l’Enfance de l’ancienne Première Dame, Mme Touré Lobbo Traoré, l’Hôpital du Mali, dû à la Coopération chinoise, la Clinique Pasteur et Golden Life tiennent la route, l’IOTA de son côté continue à assurer

Mais n’Fatogoma Kanté ne cesse de nous édifier sur les drames que vivent les patients, à Gabriel Touré comme au Point G.

Et, pourtant il existe à Sebénikoro une Polyclinique, construite par le Maroc, dotée de  matériel de dernier cri n’ayant d’équivalent nulle part en Afrique, selon les termes de l’actuel ministre de la Santé. Mais fermée !

Pourquoi ?

Le Maroc l’a finalement « offerte » au Mali, au lieu du plan initial qui consistait à la cogérer, formation de médecins maliens de haut niveau à l’appui.

Le Roi lui-même devait être présent à son inauguration.

Mais au jour choisi pour cet événement, un provocateur connu pour ses amitiés algériennes a programmé, à la même heure, une session du patronat algérien, à l’Hôtel de l’amitié.

Vexé et fâché, Mohamed VI a détourné son avion vers la Côte d’Ivoire, pour une autre inauguration et aurait offert au Mali, tant la Polyclinique que le Centre de Formation professionnel y attenant.

Voilà qui me permet de mettre sur la table une question à laquelle il est grand temps de trouver solution, dans l’intérêt des peuples malien, algérien et marocain: la question de la reconnaissance par le Mali de la RASD. Question complexe que vous me permettrez de ne pas exposer dans ce document. Je m’engage à le faire dans un autre.

Je me contenterai ici de faire une suggestion et poser une question :

  • La suggestion :

Le Président devrait envoyer le ministre de la Santé, accompagné d’une personnalité appréciée par les autorités marocaines (je pense au Dr Cheikh Modibo DIARRA), aux fins de négocier l’ouverture de ladite polyclinique, qui éviterait au Mali bien d’évacuations sanitaires, soit dit en passant dénoncées avec force au cours de bon nombre de séances du dialogue national.

  • La question :

Quelle cohérence y a-t-il dans la position malienne, qui consiste à reconnaître la RASD et, en même temps, refuser l’indépendance aux« Azawadiens » ?

Cela dit, je trouve absolument inacceptable, je condamne avec la dernière énergie, le sort réservé, de nos jours, par le Maroc aux migrants, singulièrement les Maliens. Surtout lorsque l’on croit savoir que cela résulte d’accords signés avec certains Etats européens.

Le Maroc nous avait habitués, de par le passé, à plus de souveraineté et à plus d’humanité.

Paris 12 novembre 2019

Par Toumani Djimé DIALLO

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