Après la coulée de boue qui a fait plus de 300 morts à Freetown, le gouvernement demande aux familles de venir identifier leurs proches.
Dans la nuit de dimanche à lundi 14 août, la Sierra Leone a connu l’une des pires catastrophes de son histoire. Plus de 300 personnes sont mortes à Freetown, la capitale, dans les inondations et les glissements de terrain causés par trois jours de pluies torrentielles, selon la Croix-Rouge locale. Des responsables de la morgue centrale de la capitale ont de leur côté évoqué le chiffre de 400 morts, dont 105 enfants.
Les autorités sierra-léonaises ont redoublé d’efforts, mercredi 16 août, pour retrouver quelque 600 personnes toujours portées disparues, de nombreux habitants ayant été surpris dans leur sommeil. Les survivants sont, quant à eux, confrontés à des conditions difficiles, a expliqué à l’Agence France-Presse Adele Fox, coordinatrice santé de l’organisation non gouvernementale Concern Worldwide.
« Il y a des besoins en nourriture, en eau, en équipements sanitaires et en aide médicale. Comme nous sommes toujours en saison des pluies, d’autres inondations sont encore possibles. »
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« Nous sommes débordés » par ce désastre, a déclaré mardi, très ému, le chef de l’Etat, Ernest Bai Koroma, lors d’une visite dans le quartier de Regent, l’un des plus touchés par la catastrophe. Petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest et l’un des plus pauvres au monde, la Sierra Leone, déjà ravagée par l’épidémie d’Ebola au cours de laquelle 4 000 personnes avaient succombé dans le pays en 2014 et 2015, a un « besoin urgent d’aide », a-t-il lancé.
Les autorités ont ouvert un centre d’accueil à Freetown pour venir en aide à plus de 3 000 habitants désormais sans abri du quartier de Regent, où tout un pan de colline s’est effondré, emportant les habitations.
Morgues débordées
A New York, le porte-parole de l’Organisation des Nations unies (ONU), Stéphane Dujarric, a déclaré que « les représentants de l’ONU en Sierra Leone et [ses] partenaires humanitaires mènent des missions d’évaluation ».
« Ils aident les autorités nationales dans les opérations de secours, à évacuer les habitants, à fournir de l’aide médicale pour les blessés, à recenser les survivants et à fournir de la nourriture, de l’eau et des effets de première nécessité aux victimes. »
Un premier transport d’aide d’urgence est parti d’Israël, et le Royaume-Uni a également proposé son soutien à son ancienne colonie, indépendante depuis 1961.
Le gouvernement sierra-léonais a vivement recommandé aux membres des familles de venir identifier leurs proches. Mercredi, Ernest Bai Koroma a appelé les familles à se rendre dans les morgues débordées de la ville. « Nous avons commencé à inhumer une partie des corps mutilés ou en décomposition. Toutes les victimes auront droit à un enterrement digne, selon les rites musulmans et chrétiens », a expliqué Sulaiman Zaino Parker, un responsable du conseil municipal de la capitale.
Selon lui, environ 150 personnes ont déjà été enterrées mardi soir à Freetown. De nombreuses autres victimes doivent être inhumées dans la localité proche de Waterloo.
Tristesse et colère
Mardi, le président de la Guinée voisine et chef de l’Union africaine (UA), Alpha Condé, a effectué une visite à Freetown. A cette occasion, il a invité à la « mobilisation des pays de l’Union du fleuve Mano [Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone et Guinée], de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest [Cédéao], de l’Union africaine et des Nations unies pour venir en aide à ce pays frère », a déclaré mercredi le ministre d’Etat et secrétaire général de la présidence guinéenne, Naby Youssouf Kiridi Bangoura. « Il a profité de l’occasion pour remettre une enveloppe symbolique au nom de la Guinée en guise d’aide au président Koroma », a-t-il ajouté.
Dans un message à l’archevêque de Freetown, Charles Edward Tamba, le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, a fait part de la « solidarité » du pape François, « profondément attristé » par la catastrophe.
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Face à l’ampleur des destructions, le choc et la tristesse ont commencé à faire place à la colère parmi les habitants de Freetown. « Il y a de la frustration par rapport à la régularité des inondations et des destructions pendant la saison des pluies », a relevé Adele Fox, de l’ONG Concern Worldwide.
Située en bordure de mer, Freetown – une capitale surpeuplée comptant 1,2 million d’habitants – est frappée chaque année par des inondations qui entraînent leur lot de maladies : dysenterie et choléra notamment. Des habitations précaires sont régulièrement emportées par les pluies torrentielles.
Source: lemonde