Grace Mwase, 14 ans, raconte son initiation sexuelle aux médias. L’adolescente est désormais considérée comme une femme dans son village au Malawi. A dix ans, elle a appris à tenir une maison et a été initiée sexuellement selon certains rites. Mais les explications suivent après.
Elle avait 10 ans tout pile lorsqu’elle a été emmenée par les “anamkungwi” (les femmes dirigeantes) dans un camp hors du village. Elle raconte avoir passé deux semaines à apprendre comment engager des rapports sexuels. “Ils nous ont appris à gérer un homme”, explique-t-elle au journaliste. “Donc vous devriez danser pour l’homme. L’homme monterait sur vous et vous continuerez à dansez, à le rendre heureux”, se souvient-elle.
Les préados doivent alors mettre en pratique ce qu’elles ont appris. “Au Malawi, on dit souvent que si l’on ne pratique pas le sexe avant la fin de l’initiation, la peau devient sèche et cassante. Cela les marquera à vie et elles seront ostracisées si elles ne font pas la coutume que leurs mères et grands-mères ont faite avant elles”, rapporte le journaliste.
Mwase est l’une des rares jeunes filles à oser parler de son initiation sexuelle. Elle se souvient: “Une anamkungwi de mon village m’a dit: “Tu es assez femme”, et m’a informée: “Quand tu sortiras du camp, tu devras dormir avec un homme qui te lavera de toute enfance”.” Elle ajoute: “Elles ont dit qu’on devrait se laver sexuellement mais ne pas utiliser de préservatif. On devrait le faire pleinement.”
Mwase, elle, a évité de justesse une sexualité trop jeune. Elle a expliqué au journaliste qu’à la sortie du camp, elle a été conseillée par sa marraine. Elle devait avoir des rapports sexuels avec un homme plus âgé. “Au mépris de la tradition, elle a refusé de le faire, craignant pour sa santé”, lit-on. Elle n’en a jamais rien dit à sa grand-mère. “Elle aurait payé un homme pour le faire si je lui avais dit” explique-t-elle. Toutes n’ont pas eu cette “chance”.
D’autres “rites”
Les rites sexuels sont une pratique courante mais très dangereuse. Les jeunes filles, naïves, ignorent souvent tout de la brutalité de certaines pratiques mais aussi des infections sexuellement transmissibles. 70% des décès liés au SIDA sont dénombrés en Afrique subsaharienne.
Les mutilations génitales sont aussi légion dans certains villages et pays. L’excision partielle ou totale peut mener les jeunes filles à souffrir de graves infections voire mourir.
Les rites ne concernent pas uniquement les filles. Certains garçons doivent être circoncis. Les infections sont malheureusement aussi courantes. Au Malawi, toujours, on force les enfants de sexe masculin à manger un mélange d’urine, de “médicaments faits à base de leur prépuce”, ajoute le journaliste en se basant sur la Commission des droits Humains du pays.
De nombreuses associations dénoncent les dangers de certains rites et essaient d’en informer la population. En Belgique, le GAMS est très actif dans la lutte contre les mutilations génitales. “Chaque année, deux millions de petites filles courent le risque d’être exposées à cette pratique”, déclare l’association.