Elu deuxième président de la troisième République du Mali, le Président Amadou Toumani Touré sera contraint à la démission suite au coup de force du 22 mars 2012 perpétré par des criminels qui ont incontestablement plongé notre pays dans l’abîme par leur gestion machiavélique des affaires de l’Etat. Mais ATT n’est pas seulement victime de cette jungle d’assassins et de voleurs du CNRDRE, il l’est également du pouvoir en place qui, de sources bien informées, aurait écarté l’ancien Président du bénéfice de ses émoluments en violation flagrante de la loi et des règlements qui régissent la République. Pourquoi geler les émoluments de cet ancien Président ?

La question est d’importance si l’on sait que ATT a mérité de la Nation par son élection à deux reprises comme Président de la République. Aussi jusqu’à preuve du contraire, il n’est encore condamné par aucun tribunal sauf si l’on voudrait mettre la charrue avant les bœufs. Ensuite, on ne saurait lui reprocher son départ suite à un coup de force car le Général Moussa Traoré est également parti suite à un coup d’Etat parachevant une insurrection populaire. Enfin, il n’a pas été qu’un simple Président, il a été d’abord été Président de la première transition démocratique (avant celle présidée par Dioncounda Traoré) puis Président élu.  Comment le Général Moussa Traoré (parti par un coup d’Etat et doublement condamné à mort avant d’être gracié) et Dioncounda Traoré (Président par Intérim) peuvent-ils bénéficier du statut d’ancien président en excluant ATT ? En tout cas tous ces deux anciens Présidents au même titre que Alpha Oumar Konaré sont logés et arrosés d’argent aux frais de l’Etat. Oubliant même que Dioncounda n’a été que l’intérimaire d’ATT. Et c’est même Dioncounda qui devait instituer la tradition du paiement des émoluments à ATT, mais au lieu de cela, il a jeté son dévolu sur Amadou Haya Sanogo, sous l’influence duquel il a été tabassé presqu’à mort jusque dans son Palais présidentiel.

Dioncounda Traoré avait-il finalement pris peur pour sa survie et cru bon de s’aligner à la junte ? Car avec le coup de force du 22 mars 2012, Kati (QG de la junte putschiste) est passé maître du jeu et c’est sous la garde présidentielle montée par Amadou Haya Sanogo que le Président par Intérim a été torturé. Les Maliens ont entendu le message de  Dioncounda qui a lui-même rejeté la protection par des forces étrangères. Depuis, le deal était là, entre Dioncounda et Sanogo qui, on se le rappelle, a promis solennellement son dévouement pour servir son désormais complice de président. La suite, ce fut la consécration de la gloire pour le Capitaine putschiste : l’amnistie, un salaire exorbitant pour un Capitaine putschiste (3 950 000 F CFA), et enfin (puisque Dioncounda s’en va) le grade de  Général de corps d’armée.  D’aucun parleront de grade de la honte, mais assurément cette honte c’est pour Dioncounda qui a oublié tout le combat de ses camarades du FDR sans lesquels il ne serait pas Président par Intérim. Le mieux pour lui, c’était de lutter à mettre ATT dans ses droits, tous ses droits d’ancien Président établi au Mali avec les honneurs dus à son rang comme les autres, avant de penser à se faire loger et entretenir par l’Etat car c’est le cas pour Dioncounda aujourd’hui. Et le mieux pour Amadou Haya Sanogo, c’était de remettre au trésor public tout l’argent amassé ici et là, aux douanes, aux impôts,  » au champ de Modibo Sidibé d’après les
montages rocambolesques  » et dire aux Maliens :  » Voilà vos sous, je n’en ai que faire, je retourne dans les casernes « . Le lendemain les Maliens seraient sortis pour réclamer ce jeune Capitaine afin de le porter à la tête de l’Etat.
En tout état de cause, il nous revient que le Mali intervient dans la prise en charge de la sécurité de l’ancien Président (quelques agents) et s’occupe de petits détails mais ne porte aucun regard sur les frais de logement, d’électrification à fortiori les dépenses quotidiennes que devraient couvrir, ne serait-ce qu’en partie, les émoluments.
L’information est lancée, aux autorités de s’expliquer en toute vérité ou de démentir. Car nous voulons simplement  comprendre, tout en rappelant qu’il est mauvais de se complaire dans l’injustice. Cela ne saurait prospérer. Et c’est ainsi que nous avons mis en péril les hauts faits de tous ceux qui ont servi de leur mieux ce pays en des périodes déterminées. Nous nous arrêtons sur ce que les pouvoirs politiques leur reprochent à tort ou à raison. Nous ne faisons de promotion des vertus que pour nos intérêts du jour. Ainsi la génération montante sait tout sur Bob Marley, Michael Jakson, Obama et Blaise Compaoré, ne serait-ce qu’à travers les différents supports de communication, mais ignore tout des hommes comme Bazoumana Sissoko, Mamadou Konaté, Fily Dabo Sissoko, Dibi Syllas Diarra, Tiécoro Bagayogo, etc dont on parle très peu puisque même les enseignants connaissent à peine ces talents et héros de leurs époques
respectives. Un peu de reconnaissance pour eux, et un peu de respect pour la mémoire collective.
Mamadou DABO

SOURCE: Zénith Balé