L’élection du chef de l’État par le Parlement, la limitation de son pouvoir à la continuité de l’État et la garantie de valeurs suprêmes de la République renforcent le pouvoir du peuple et favorisent la démocratie.
Pour rendre le pouvoir au peuple, le Mali doit supprimer l’élection du président de la République au suffrage universel direct et le faire élire par le Parlement. Le suffrage universel direct renforce la légitimité présidentielle et crée la faiblesse et le déséquilibre de la représentation nationale.
Attribuer au président un rôle protocolaire, c’est aller vers une forme de gouvernance plus démocratique. Le Parlement doit élire un président aux pouvoirs amoindris dont les fonctions sont largement protocolaires. Le pays doit adopter une nouvelle Constitution afin d’abandonner l’élection du président de la République au suffrage universel direct et transformer le régime semi- présidentiel en régime parlementaire où le pouvoir exécutif réel sera entre les mains du Premier ministre.
Pour aller vers plus de démocratie et de progrès économique, il faudra éviter l’hyper- présidentialisation, qui affaiblit forcément le rôle du Parlement ainsi que celui des ministres et du Premier ministre. Les ministres ne seront que de simples collaborateurs qui ne prennent aucune décision et attendent toujours celle du président de la République.
L’élection du président de la République au suffrage universel direct est un système qui ne favorise pas la démocratie, mais qui, au contraire, fait la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme. En plus, il n’ya pas de projet politique collectif dans l’intérêt supérieur de la nation, pendant la campagne présidentielle. Mais il n’y a que les projets politiques des individus et la vie politique se résume à une bataille d’ego où chacun essaie de démontrer sa différence par rapport aux autres, dans la même famille politique.
Élire le président de la République par le Parlement renforce le pouvoir de ce dernier qui n’est que le pouvoir du peuple. C’est un système politique dans lequel le président ne serait qu’un arbitre et le Premier ministre détermine et conduit la politique de la nation à partir d’une majorité qui construit un projet politique collectif.
Le Mali a intérêt à réduire les pouvoirs du président au profit du Premier ministre. Et l’élection majeure sera l’élection législative, le chef de l’État étant désigné par un collège électoral. Le Premier ministre sera toujours désigné par le président, mais sa désignation serait en fonction de la composition de l’Assemblée nationale. Le gouvernement travaillerait avec l’Assemblée nationale, ce qui mettra fin à la personnalisation excessive pour aboutir à un travail d’équipe. Le président peut être une personnalité issue de la société civile, un ancien député, homme politique ou un ancien Premier ministre.
Moussa DANIOKO