Le vendredi dernier, le ministre de l’Élevage et de la pêche a effectué une visite dans à la Station de recherche agronomique de Sotuba (Sera). Il était accompagné par son homologue de la recherche scientifique, Mme Migan Assétou Founé Samaké. La visite s’inscrivait dans le cadre des échanges sur les acquis et des défis auxquels la station fait face. La visite était guidée par M. Boureima Dembélé, directeur de l’Institut économique rural (IER). Réalisé sur des dizaines d’hectares, la Sera est une icône en matière de recherche et d’expérimentation des espèces animales et végétales. Elle constitue la plus grande entité d’expérimentation que dispose l’IER.

Les ministres ont commencé la visite par le site du programme bovin-camelin où existe un parc de 62 dromadaires, depuis quelques années. Ce programme s’inscrit dans le cadre des recherches agro- zootechniques des animaux dans la cadre de la mise en œuvre du projet « changement climatique et filière lait de dromadaire ». Il est financé par la coopération norvégienne au Mali.
Selon Mme Kongouna Pinda Diallo, chargée de projet dans la ferme expérimentale, l’élevage des dromadaires est très rentable puisque toutes les parties de cet animal sont rentables. En plus de l’aspect économique, l’élevage des dromadaires peut être un moyen efficace de lutte contre la désertification. Un autre avantage est qu’il s’adepte facilement au climat qui n’est pas forcément le sien.
D’après les explications des experts sur place, les gens ont tendance à remplacer les bovins par des camelins, car ils sont plus efficaces devant les charrues, dans certaines localités du Mali. Ils ont expliqué d’autres avantages qui devraient pousser les éleveurs à en adopter quelques-uns dans leur pâturage.
Après le site des dromadaires, les officiels ont visité la parcelle semences-fourragères où sont expérimentés 33 espèces de granulées, de légumineuse et des ligneux. Ces plantes sont des aliments bétail qui sont en train d’être améliorés afin d’alimenter les parcs pastoraux, en vue d’une sécurité alimentaire du bétail au Mali.
Ce fut ensuite le du parc des bovins de recevoir la visite des ministres Dembélé et Migan. Ce parc est doté d’une centaine de têtes de vaches inséminées, des taureaux, des veaux métis. Le site est aussi doté d’un laboratoire de nutrition animale. Ce laboratoire chimique et biologique est né en 1950, suite à la création du centre fédéral d’élevage et de recherche zootechnique pour l’Afrique Française occidentale (AOF). Le laboratoire a pour mission d’effectuer des études, des recherches et des formations sur les caractéristiques des aliments, les besoins nutritionnels des animaux et la qualité sanitaire des denrées alimentaires.
Connu pour sa production d’espaces améliorés de volailles, la SERA n’a pas dérogé à la règle lors de cette visite officielle. Les experts ont présenté une nouvelle espèce de poule appelée « wassa-ché », qui veut dire en langue bambara, le poulet qui donne satisfaction. C’est un produit de croisement d’une race locale et d’une race exotique d’Island, nous a-t-on expliqué. Le « wassa-chè » est diffusé dans toutes les zones agro-climatiques du Mali, selon les chercheurs.
Malgré ces exploits, la SERA est confrontée à d’énormes difficultés dont l’insuffisance de moyens pour son fonctionnement et de personnel, a fait savoir ses responsables. Elle fait également face à un domaine. En effet, rapporte-t-on, les spéculateurs fonciers n’ont pas épargné cet espace qui fait pourtant la fierté de tout un peuple.
Selon le ministre Dembélé, cette visite a été une occasion pour son département de mieux déceler les défis. Il a par ailleurs affirmé que l’ambition de l’État, qui est de construire une industrie de la viande ou du lait n’est possible que s’il y a un lien étroit entre la recherche et les acteurs qui animent ces différentes chaines de valeur.
« Je repars satisfait même s’il y a des difficultés auxquels mon département et celui de la Recherche scientifique doivent faire face, le plus rapidement possible », a-t-il dit.
Quant à la ministre de la Recherche scientifique, elle s’est voulue rassurante : « nous allons conjuguer nos efforts pour préserver cet espace. Cette infrastructure aujourd’hui suffisamment menacée. Je pense qu’avec la création du ministère de la Recherche scientifique, les choses vont changer et les choses devront changer, car c’est la volonté du président de la République. Nous allons remonter l’information à qui de droit, pour qu’on arrête de menacer cette espace ». Elle a par ailleurs rassuré que le domaine de la recherche va être renforcé en équipant les sites des matériels adéquats de recherche et par le recrutement de personnel compétant pour renforcer le peu qui existe.

Christelle KONE

Source: info-matin