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Élections législatives : Leçons d’un dernier tour

Le verdict est tombé de la bouche du général Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l’Administration territoriale : la grande famille Adema (RPM, Pasj et URD) demeure la première force politique nationale, l’opposition pourrait être peu fournie, des candidats malheureux à la présidentielle ne seront pas non plus à l’Assemblée nationale. Voici les premières leçons des résultats provisoires du second tour des législatives de dimanche dernier.

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Le ministère de l’Administration territoriale a rendu publics, avant-hier, les résultats du second tour des élections législatives. En attendant l’appréciation du juge constitutionnel, seul habilité à publier les résultats définitifs, un constat s’impose : le RPM, parti présidentiel, signe son retour au devant de la scène politique nationale et s’impose comme première force politique de l’échiquier national, en termes de sièges parlementaires, avec 60 députés. Il est suivi de l’Adema (21 députés) et de l’URD (17 sièges). Des résultats qui prouvent, second constat, que la grande famille de l’Adema (RPM, Pasj et URD) domine toujours la scène politique malienne.

Néanmoins, avec seulement une soixantaine de députés, le RPM ne dispose pas de la majorité absolue qui est de 74 sièges sur 147, et sera contraint de composer avec d’autres formations politiques. Théoriquement, cela ne pose aucun problème pour «le parti du Tisserand» si l’on tient compte des résultats engrangés par les autres composantes de son regroupement «Le Mali d’abord», notamment les trois sièges du Miria, et par certains de ses alliés dont le Yèlèma qui peut se prévaloir de deux sièges

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Le RPM peut compter également sur l’arrivée prochaine des migrateurs, les transhumants politiques qui vont bientôt abandonner leur propre famille, qu’ils jugeront peu représentative, pour rejoindre les rangs du parti présidentiel. Et puis, comment oublier l’Adema, qui n’a jamais possédé la culture de l’opposition, créditée de 21 députés qui rejoindront sans aucun doute la majorité présidentielle.

Qui à l’opposition ?
Qui sera face à cette majorité présidentielle pour animer l’opposition? Deux partis pourraient jouer ce rôle. Il s’agit, en premier lieu, de l’URD, dont le candidat était présent au second tour de l’élection présidentielle dernière. Et même si Soumaïla Cissé a affirmé qu’ils n’ont pas non plus la culture de l’opposition, son parti, crédité de 17 députés, pourrait animer les débats à l’hémicycle, et rompre ainsi avec l’unanimisme politique que nous enregistrons à l’Assemblée nationale depuis 1992. Candidat malheureux au second tour de la dernière présidentielle mais député élu à Niafunké dès le premier tour, Soumaïla Cissé pourrait être le leader d’une opposition constructive et positive pour le processus démocratique et le développement institutionnel du Mali. Il pourrait être rejoint par les deux députés du Parena, un parti qui a toujours suscité le débat sur les grandes questions d’intérêt national et s’est toujours impliqué pour la résolution de ces questions.

Le Parena et l’URD ne sont pas les seuls partis susceptibles de jouer l’opposition. En effet, si beaucoup d’acteurs politiques ont rejoint le RPM, IBK-Mali 2012 ou «le Mali d’abord» par calculs politiques, espérant avoir des dividendes de leur ralliement au camp présidentiel, notamment dans la formation immanquable d’un nouveau gouvernement répondant à la prochaine configuration de l’Assemblée nationale ou dans la haute administration publique, beaucoup seront vite déçus car, c’est évident, le président IBK ne peut pas contenter tout le monde. Or, c’est connu, un politique malien déçu ou mécontent est un rapide opposant ou adversaire virtuel. Qui rejoindra l’opposition non pas pour y promouvoir ou défendre des opinions ou politiques objectives mais pour se venger du «maître» qui n’a pas daigné l’associer au partage d’un gâteau longtemps convoité.
A partir des résultats provisoires proclamés mardi dernier par le gouvernement, il est loisible aussi de faire un autre constat, celui de la performance de candidats battus à la dernière élection présidentielle.

Candidats à la présidentielle, ils ont été aux législatives chez eux-mêmes.
La plus grande déception vient sans aucun doute de Dramane Dembélé et de Mountaga Tall. Le premier était le candidat à la présidentielle du plus grand parti du Mali d’alors, l’Adema. Le second est le président d’un parti historique, présent sur l’échiquier politique national depuis les premiers balbutiements de la démocratie au Mali, de surcroit député régulièrement élu à l’Assemblée nationale depuis des années. Tous deux se sont présentés dans leur fief d’origine, Ségou. Mais même en ayant fait alliance, liste commune, ils ont été lamentablement battus. Tout comme Konimba Sidibé, transfuge du Parena, qui, sous les couleurs de son Modec, s’est vu recaler dès le premier tour.

Lui aussi a été battu, enfin, à Sikasso qui n’est pas vraiment chez lui, même s’il a été élu à deux reprises (2002 et 2007) dans cette circonscription électorale. Il s’agit de Housseïni Amion Guindo, président de la Codem.

Cas atypique, Madani Tall, président de l’ADM, ne s’est pas présenté chez lui à Bandiagara mais à Tombouctou, il n’a pas accédé au second tour.

Contrairement à ces candidats à la présidentielle qui n’ont même pas pu gagner chez eux, deux autres peuvent se prévaloir d’une solide base électorale dans leur fief. Il s’agit de Soumaïla Cissé, Niafunké, et d’Aïchata Cissé dite Chato, Bourem, tous deux élus députés dès le premier tour de scrutin.

Et si pour eux la Cour constitutionnelle s’est définitivement prononcée, tous les autres sont obligés d’attendre confirmation ou infirmation du juge électoral.

A signaler aussi qu’à l’issue de ce scrutin, deux gourous sont tombés de leur piédestal. Le premier est jusque là inamovible Nock Ag Attia (Pasj), enfin déboulonné par des indépendants. Le second est celui que beaucoup croyaient incontournable et qui était attendu pour présider la nouvelle Assemblée nationale. Lui aussi est de l’Adema et s’appelle Oumarou Ag Mohamed Ibrahim. Pour l’heure, il doit se contenter de son poste de président du Haut conseil des collectivités territoriales. Jusqu’aux prochaines élections communales.

Une vingtaine de députés se maintiennent
Sauf décision contraire du juge constitutionnel, la 5ème  législature n’aura pas fait exception à ce qui, de l’avis d’observateurs politiques, semble être une tradition à la maison du peuple. En effet, l’Assemblée nationale a été renouvelée à environ 80%. Parmi ceux de la dernière législature qui se sont  maintenus, on retient Mahamadou Cissé et Moussa Cissé à Kayes, Mamadou Hawa Gassama à Yélimané, Bréhima Béridogo à Kadiolo, Yaya Sangaré à Yanfolila, Oumar Mariko à Kolondièba. En quatrième région, les revenants s’appellent  Mody N’Diaye à Barouéli, Belco Bah à Niono, tandis que dans la Venise malienne, les «miraculeux» ne sont autres que Habibou Sofara et Sékou Abdoul Quadri Cissé à Djenné, Ilias Goro à Douentza, Bréhima Issa Tolo à Koro. Dans la cité des Askia, Abouzeidi Ousmane Maïga et l’indéboulonnable Assarid Ag Imbarcaouane se maintiennent, Aïchata Cissé s’accroche à Bourem. Les députés du Pasj qui avaient rejoint les maquis avant de revenir cette fois-ci sous les couleurs du parti présidentiel, le RPM, s’appellent Ahmada Ag Bibi, dans la circonscription électorale d’Abeïbara et Mohamed Ag Intalla à Tin-Essako, dans la région de Kidal.

Ces partis politiques qui font leur entrée
Les résultats provisoires publiés par le ministère de l’Administration territoriale nous enseignent qu’en plus du RPM, de l’Adema/Pasj, de l’URD, de la Codem, du Cnid, de Sadi, du Parena, du Pdes, du MPR  et de l’UM-RDA qui siégeaient à la 4ème législature, ils sont au total huit partis politiques auxquels s’ouvrent les portes de «Bagadadj». Ces formations politiques, pour la plupart d’entre elles, y entrent pour la première fois. Il s’agit notamment des Fare de Modibo Sidibé, de l’Asma de Soumeylou Boubèye, Yèlèma de Moussa Mara, la CDS de Mamadou Bakary Sangaré « Blaise », du Rpdm de Cheick Modibo Diarra, du Prvm-Fasoko et de l’ADP-Maliba.

La gent féminine régresse de 15 à 09 députés
Autre enseignement utile qu’il est bon de tirer, c’est la faible représentativité des femmes. Une quinzaine sous la dernière législature, la gente féminine ne pourrait plus compter que sur une dizaine de représentantes dans la nouvelle Assemblée nationale. Il  s’agit notamment de Aïssata Haïdara (Kéniéba), Rokia Traoré (Sikasso), Maïmouna Dramé (Ségou), Fatoumata Niambali et Aminata Traoré (San), Aïssa Touré (Youwarou), Fatoumata dite Ténin Simpara (Commune I), Aïchata Alassane Cissé «Chato» (Bourem) et Aïcha Belco (Tessalit).

      
Cheick TANDINA et Bakary SOGODOGO

SOURCE: Le Prétoire

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