Candidat à sa propre succession pour un deuxième mandat de cinq ans à la tête de la principale institution financière du continent, le Nigérian Akinwumi Adesina devrait, sauf cataclysme, être reconduit par les pays membres au nombre de 81

«Chers gouverneurs, ces Assemblées annuelles sont pour moi l’occasion de vous offrir à nouveau mes services et de briguer un second mandat à la présidence de la Bad. Je le fais avec un sens aigu du devoir et de l’engagement. Je le fais pour servir l’Afrique et notre Banque, de manière désintéressée, au mieux des capacités que Dieu m’a données».

C’est en ces termes que le président sortant de la Banque, Akinwumi Adesina a ouvert, hier, les 55è Assemblées annuelles de l’institution africaine de développement. En effet, réunis de façon virtuelle (une première depuis la création de la Bad en 1964) depuis le 25 août, les 81 gouverneurs de la Bad devraient élire aujourd’hui le nouveau président de l’institution financière qui vient d’accueillir nouveau membre, à savoir l’Irlande. Cela porte à 81 le nombre de pays membres qui était de 80.

Ces Assemblées se tiennent dans un contexte inédit marqué par une «lutte d’influences entre plusieurs puissances». Des lanceurs d’alertes accusaient, depuis quelques mois, le président sortant de malversation financière et de favoritisme. Les rapports d’audits du Comité d’éthique et de déontologie de la Bad et des experts indépendants commandités à cet effet ont disculpé le Nigérian de tous soupçons.

Président candidat au leadership duquel la Bad doit, aujourd’hui, son rayonnement international et sa puissance financière. En effet, lors d’une réunion tenue à Abidjan, les actionnaires ont approuvé la plus grande augmentation de capital de l’histoire de la banque, une hausse de 115 milliards de dollars US (environ 63.250 milliards de Fcfa).

S’y ajoute l’approbation, lors d’une réunion tenue à Pretoria (Afrique du Sud), d’une augmentation de 35% des ressources du Fonds africain de développement. Le Fad est «un financement particulièrement important pour les pays à faible revenu et les États fragiles», comme le Mali.

Autant d’exploits qui ont permis d’engranger des résultats concrets pendant ces cinq années que l’ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria a passées «au service de l’Afrique». En tout cas, les chiffres sont éloquents : 18 millions de personnes supplémentaires ont désormais accès à l’électricité, 141 millions de personnes ont bénéficié de technologies agricoles plus avancées favorisant la sécurité alimentaire, 15 millions de personnes ont eu accès à un financement, 101 millions ont désormais accès à des transports améliorés et 60 millions ont reçu un accès à l’eau et à l’assainissement.

Ces prouesses, selon certaines sources, ne devraient pas cacher les remous créés en interne par la gestion du personnel depuis cinq ans. Selon des observateurs, le président sortant compte également un adversaire de poids à sa réélection, les États-Unis, suivis par les pays de la zone euro et les pays scandinaves. En tout état de cause, le Nigérian peut compter sur le soutien réaffirmé du président de son pays, à savoir Muhammadu Buhari.

«La disculpation d’Akinwumi Adesina de toutes les allégations contre lui confirme sa compétence et son intégrité à la tête de la Bad […]. Le Nigeria le soutient pleinement pour un second mandat», a ainsi déclaré Muhammadu Buhari. Un soutien aussi important que le Nigeria vient de doubler presque ses droits de vote au sein de l’institution multilatérale africaine à 16,8%. Devenant, selon l’agence Bloomberg, le plus grand détenteur de droits, suivi des membres non régionaux, l’Allemagne avec 7,4% et les États-Unis 5,5%.

Aussi, les décideurs, auraient, à la surprise générale, porté leur choix sur le Nigérian Akinwumi Adesina âgé de 60 ans, parmi huit candidats en lice. Faisant de l’actuel président de la banque panafricaine le seul candidat en lice pour un deuxième mandat de cinq ans.

Cheick M. TRAORÉ

Source : L’ESSOR