Le premier ministre égyptien Hazem Beblawi a qualifié, mardi 24 décembre, les Frères musulmans, la confrérie du président destitué Mohamed Morsi, d’« organisation terroriste », peu après un attentat à la voiture piégée contre lapolice ayant tué 14 personnes, a rapporté l’agence officielle Mena.
Un véhicule a été piégé tôt mardi matin avec plusieurs dizaines de kilogrammes d’explosifs et l’explosion avait été ressentie à une vingtaine de kilomètres à la ronde dans le delta du Nil, selon des sources de sécurité. Des images de la télévision ont montré d’importants dégâts et des façades endommagées d’immeubles au milieu de nombreuses ambulances. Le général Sami el-Mihi, chef de la sécurité de la province, a été blessé et deux de ses collaborateurs figurent parmi les morts après cette explosion.
Cet attentat à la voiture piégée particulièrement sanglant et la déclaration qui a suivi interviennent à trois semaines de la tenue d’un référendum constitutionnel censé constituer la première étape de la« transition démocratique » promise par l’armée lorsqu’elle a arrêté et destitué M. Morsi le 3 juillet.
Par ailleurs, des centaines d’Egyptiens ont manifesté lundi dans lecentre du Caire pour protester contre l’emprisonnement de trois activistes pro-démocratie qui avaient défendu la liberté d’expression enEgypte, ont rapporté des témoins. Rassemblés sous une banderole réclamant la « liberté pour tous les détenus », les protestataires ont lancé des slogans contre les autorités intérimaires et le chef d’état-major de l’armée, le général Abdel Fattah Al-Sissi, qu’ils ont qualifié de« chien ».
MANIFESTATION CONTRE L’INTERDICTION DE MANIFESTER
Ahmed Maher, Ahmed Douma et Mohamed Adel, trois des jeunes laïques à l’origine du soulèvement contre le président Hosni Moubarak en 2011, ont été condamnés à trois de prison dimanche pour avoirparticipé à une manifestation contre une loi qui restreint le droit de manifester. L’Union européenne et les Etats-Unis ont appelé Le Caire àréviser ce verdict particulièrement sévère. A Washington, le département d’Etat a déploré une « dégradation des conditions de la liberté de rassemblement et d’expression pacifique ».
Les autorités égyptiennes mènent depuis l’été dernier une répression implacable contre les Frères musulmans, le mouvement islamiste dont était issu Mohamed Morsi, premier président librement élu du pays, renversé par l’armée le 3 juillet. Plus de 1 500 Egyptiens ont été tués et des milliers d’islamistes ont été emprisonnés depuis cette date. Mais l’armée désormais au pouvoir et le ministère de l’intérieur ont progressivement étendu la répression à toute forme de contestation, y compris celle des activistes laïques qui avaient manifesté pourdemander le départ de Mohamed Morsi en dénonçant sa dérive autoritaire.
SOURCE / AFP