Un attentat a détruit ce mardi 24 décembre une partie du quartier général de la police de Mansoura, au nord du Caire. Il a fait 14 morts et une centaine de blessés selon un dernier bilan. Le Premier ministre égyptien, a d’abord accusé les Frères musulmans d’être responsables de l’attentat, qualifiant la confrérie d’« organisation terroriste ». Le communiqué officiel n’accuse cependant pas explicitement la confrérie.
Une voiture chargée de plusieurs kilos d’explosifs a explosé dans la nuit devant un bâtiment de la police de Mansoura, une ville située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale égyptienne. Selon un dernier bilan communiqué par des sources médicales locales, l’attaque a fait 14 morts et une centaine de blessés. Ce mardi à l’aube, les ambulances étaient toujours sur les lieux tandis que les secours dégageaient les décombres.
En juillet dernier, le commissariat de Mansoura avait été la cible d’un attentat, qui n’avait cependant pas eu l’envergure de celui de ce mardi 24 décembre. La ville de Mansoura est l’un des grands fiefs des Frères musulmans dans le Delta du Nil. La ville est, de plus, très proche de la péninsule du Sinaï où se déroule depuis le mois de juillet une guérilla entre, d’un côté, l’armée et la police et, de l’autre, des jihadistes appartenant au groupe Ansar Beit al-Maqdess qui a des liens avec al-Qaïda. Les accrochages dans cette région ont fait des centaines de morts jusqu’à présent.
Le Premier ministre pointe les Frères musulman, le gouvernement tempère
Dans les premières heures qui ont suivi l’attentat, le Premier ministre Hazem el-Beblaoui a directement pointé les Frères musulmans comme étant responsables. Dans la matinée, le porte-parole du gouvernement égyptien, Cherif Chaouki, a ainsi annoncé à l’agence de presse Mena, que le Premier ministre avait placé la confrérie sur la liste des organisations terroristes.
Mais dans les heures qui ont suivi, le gouvernement a tempéré ces premières déclarations. Dans le communiqué officiel, il n’est en effet plus fait mention explicitement des Frères musulmans. « Nous sommes confrontés à un ennemi qui n’a ni religion ni nation », a déclaré Mohammed Ibrahim, ministre égyptien de l’Intérieur, tandis que le gouvernement intérimaire, dans son communiqué officiel dénonce un « terrorisme noir ».
Pour leur part, les Frères musulmans « condamnent dans les termes les plus fermes l’attentat contre le quartier-général de la police à Mansoura », lit-on dans un communiqué publié par le bureau londonien de la confrérie. Les Frères musulmans y qualifient l’attentat de ce mardi matin d’« attaque directe contre l’unité du peuple égyptien » et « exige une enquête rapide afin de traduire en justice ceux qui ont perpétré ce crime. »
Vers un retour à la situation d’avant 1954 ?
Si les permières accusations d’Hazem el-Beblaoui à l’encontre de la confrérie se traduisaient par un décret, cela signifierait que tout Frère musulman pourrait être arrêté, qu’il ait ou non commis un acte de violence. Un tel décret signifierait également que la police pourrait intervenir de manière musclée contre les manifestations de la confrérie, dont une est prévue mardi.
Une situation rappellant celle de 1954, quand les Frères musulmans ont été interdits après une tentative d’attentat contre le président Nasser. Des milliers avaient alors été arrêtés et des dizaines exécutés.
Un tel décret permettrait aussi au gouvernement de saisir tous les avoirs de la confrérie. Lundi, les banques égyptiennes avaient déjà gelé les comptes de 172 organisations non gouvernementales directement ou indirectement liées aux Frères musulmans. Ces organisations islamistes possèdent notamment des mosquées, des dispensaires et des écoles considérées comme des « outils de propagande » par le pouvoir.
Contexte politique tendu à la veille du vote sur la Constitution
Cet attentat intervient dans un contexte politique déjà extrêmement tendu. Les Egyptiens sont en effet appelés aux urnes les 14 et 15 janvier prochain, pour s’exprimer sur le projet de nouvelle Constitution. La phobie des attentats pourrait jouer sur la participation à ce scrutin, que les Frères musulmans ont appelé à boycotter.
Source : RFI