Il faut beaucoup de hauteur et de clairvoyance, face à la situation presque chaotique que vit notre pays, pour ne pas tomber dans des raccourcis simplistes. En effet, il est très tentant de la part des autorités, qui, on le sait, se laissent bercer et endormir par les balivernes et les flagorneries, de conclure à la mauvaise foi, au « nyangoya » de leurs adversaires, voire même à l’inconscience et l’ingratitude des Maliens. De l’autre, c’est aussi très facile d’accabler le pouvoir d’incompétence et d’irresponsabilité face à la détresse réelle des populations au plan sécuritaire, à leurs angoisses au quotidien et aux diktats souvent insultants des partenaires.
Le dialogue politique inclusif longtemps exigé par l’opposition et finalement accepté par le pouvoir du président IBK pourrait-il être la panacée pour que les Maliens se retrouvent et se mettent sur la même longueur d’onde concernant les défis, les diagnostics et les remèdes au mal du Mali ?
On ne peut aujourd’hui valablement imputer à une seule personne, à un seul groupe, à un seul parti, à une seule communauté, ce mal, que d’aucuns qualifient de malheur, qui ronge notre pays et envenime nos relations. Lucidement, nous devons ensemble nous parler, nous écouter, s’entendre sans prééminence et privilège patriotique. Parce que tout le monde est Malien, et tout le monde aime le Mali. Fortement rudoyés et interpelés par le président IBK, les leaders de la CMA ont pris d’abord à témoin l’opinion nationale (donc le Mali) et afficher leur malianité.
Alors que se taisent ces approches exclusives, presque terroristes, qui remettent en cause chaque fois le patriotisme, la sincérité et la loyauté de tous ceux qui critiquent la gouvernance du Prince du jour. Le pays est confronté à d’énormes difficultés, la description de sa situation ne doit procéder d’un lyrisme de salon.
Qu’est-ce qui arrive à notre pays ? L’impuissance affirmée des autorités ou leur incapacité à faire face à la situation ?
Les plus hautes autorités annoncent, comme si de rien n’était, que les hélicoptères acquis avec tout le tintamarre qui a suivi leur réception ne fonctionnent plus au bout d’une seule année. Les partenaires, et non des moindres, haussent le ton sur la nécessité d’accélérer le processus de paix sur le volet des réformes politiques et institutionnelles. Ces mêmes partenaires tapent du poing sur la table en exigeant la transparence et l’arrêt de l’impunité. Rien à voir, circulez, ç’a toujours été comme ça, donc tout va bien dans le Mali virtuel !
Des amis du Mali, las d’encaisser au risque d’être complices, dénoncent désormais publiquement la corruption et leur manque de confiance dans les institutions. Pas de souci, point d’incident diplomatique, le Chef de la maison est en farniente à Paris.
Les deux tiers du pays échappant au contrôle de l’État deviennent invivables pour les populations terrorisées et massacrées par des hordes terroristes insaisissables et toujours non identifiées. Le laisser-aller s’installe partout y compris à Bamako où les forces de l’ordre deviennent celles du désordre et où des groupuscules s’organisent pour attenter à la propriété d’autrui… Rien à dire, sauf des insinuations gratuites à l’encontre de l’Islam et de certaines autorités religieuses qualifiées d’hybrides. Ou ce sont des aigris, les nyangos et les hassidis qui sont contre le pouvoir et n’aiment pas IBK !
Dans quel pays sommes-nous ? Qu’est-ce qui nous arrive dans notre incapacité à tirer les leçons du passé ?
Tout le monde gagnerait à ouvrir les yeux et les oreilles, mais aussi le cœur pour un Mali apaisé et stable, sur la base de la vérité et de la sincérité. N’galo te bugu jo !
Par Sidi DAO