Entre l’ex «Rouge » et l’ex «Bourgeois », c’est une longue histoire. D’abord, sur les bords de la Seine où les impératifs de la lutte pour la restauration des libertés et l’avènement de la démocratie obligent l’ainé et le puiné à être aux coudes-à-coudes au sein du Parti Malien pour le Travail (PMT). Puis au Parti africain pour la solidarité et la justice, Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA-PASJ)… Jusqu’à la fracture au sein de la Ruche. Les frelons ayant longtemps investi la Ruche, la seconde vague des abeilles s’en est allé avec IBK pour fonder une nouvelle famille politique.
Mais entre Ibrahim et Aly, les relations, sur le plan personnelles, sont restées fraternelles et cordiales, avec des hauts et des bas. L’Ainé a des postions et l’expression souvent déroutantes, le puiné est une boule de nez qui explose suivant l’humeur. Les divergences entre les deux camarades d’un demi-siècle sont frontales. Notamment à l’occasion de la révision constitutionnelle avortée où le Vieux Professeur était sur les remparts parmi les généraux de An tè Abana. Plus que son soutien établi au principal adversaire de la présidentielle, le dialogue prôné avec les djihadistes maliens et surtout les liens supposés entre le chef djihadiste peulh Amadou Kouffa et l’ancien président de l’Assemblée nationale ont fini par creuser un gouffre insurmontable entre les deux hommes. L’appréciation divergente de la situation nationale actuelle et les approches et solutions pour y faire face ne favorise pas le contact, l’écoute et la compréhension entre les deux hommes.
C’est dans ce contexte, où le pays est à la croisée des chemins et où tous les regards (et attentes légitimes, rancœurs, colères et frustrations) convergent vers son cadet que Aly Nouhoun Diallo a choisi à lui « par voie de presse » dans une adresse intitulée «le professeur Aly Nouhoum DIALLO, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, s’adresse au président Ibrahim Boubacar Keita… ». Voici cette adresse qui dit-il se veut fraternelle.
Mon cadet, mon ami, mon camarade,
C’est dommage que tu obliges tes petits frères, tes grands frères ensuite à te parler aussi par voie de presse ! …
Ecoute tes amis, tes camarades, tes frères. Ecoute ton peuple, et, encore une fois, aie plus peur de lui que de tes partenaires étrangers, lesquels représentent des Etats, qui comme l’ont affirmé plusieurs hommes politiques, n’ont pas d’amis et n’ont que des intérêts. Historien de formation, tu le sais mieux que beaucoup d’entre ceux qui se soucient de la fin heureuse de ton deuxième et dernier mandat au déroulement si sinueux et si cahoteux ! …
Aide tes amis, les vrais, à t’aider à sortir par la grande porte de la scène où tu ne te trouves que pour un moment ! Ne l’oublie pas …
Paie tes ennemis au besoin pour qu’ils te disent la vérité, si tes amis ne te la disent pas. Cela conformément à la vieille sagesse africaine. Ainsi, tu éviteras de procéder à des raisonnements et/ou jugements trop courts et plutôt réducteurs du genre :
Le Mali est en guerre, nul doute, c’est la bouderie d’un homme qui a déclenché cette guerre !
Les députés élus dans l’Adrar des Iforas perçoivent leurs indemnités parlementaires et certains d’entre eux une fois dans la huitième région administrative du Mali, arborent comme écusson le drapeau de « l’Azawad » ! A juste titre, tu te révoltes contre cette attitude des représentants de la Nation malienne. C’est sûrement l’inconsolable Soumi, ton brillant ancien ministre des finances, qui refuse aujourd’hui de t’obéir et continue à payer aux députés leurs indemnités parlementaires indues.
Chaque 06 Avril, Bilal Ag Chérif commémore avec faste par un défilé militaire grandiose, toutes proportions gardées, … au nez et à la barbe de la MINUSMA et de l’opération Barkhane qui ont pour mission de restaurer l’intégrité du Territoire du Mali. Ne vous posez pas de question, voyons ! C’est l’éternel « boudeur » qui, en connivence avec Bilal Ag Chérif et ses alliés extérieurs, encourage ces commémorations. Le « boudeur » qui pourtant, préconise un réexamen de l’Accord de Bamako, issu du processus de Ouagadougou et concocté à Alger.
Dites-moi pourquoi Bamanans, Bozos, Dogons, Peulhs, oubliant les pactes séculaires qui les lient, s’entretuent au su et au vu de toutes les forces nationales et internationales chargées de sécuriser les populations maliennes et leurs biens ? Osera-t-on nous dire, c’est encore Soumaïla Cissé qui incite, à se massacrer, ces citoyens maliens du delta intérieur et des zones exondées des 4è et 5è régions administratives du Mali ?! …
De la crise post-électorale, il y en a eu incontestablement comme le redoutait ton association, l’Alliance pour la Démocratie au Mali, une des composantes du Mouvement Démocratique Malien ; celui-là qui, avec l’aide de l’aile républicaine et démocratique des forces armées et de sécurité, a mis hors d’état de nuire, la dictature du CMLN-UDPM. Et tu en es fier, j’en suis sûr ! De la crise post-électorale il y en a eu incontestablement ! Tout le monde s’y est mis pour l’endiguer. Surtout ceux qui ne veulent plus jamais que survienne un coup d’Etat au Mali. Les efforts de toutes et de tous y compris de nos partenaires extérieurs, ont abouti à la signature de l’accord politique de gouvernance, cause de la baisse temporaire de la tension, sans résolution définitive de la crise. Il faut en être conscient et s’attacher ardemment à l’organisation du Dialogue politique inclusif sans sujet tabou.
Tes amis de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (A.De.Ma – Association) avaient dit et écrit au lendemain des élections de 2018 : ils/elles ne sont pas fiers/fières de la manière dont leur camarade Ibrahim Boubacar Keita a été élu. La Cour Constitutionnelle, seule habilitée à le faire, l’ayant déclaré élu, il est un pouvoir de fait pour tous les républicains quoiqu’on pense des membres de l’institution.
Aussi, le comité directeur de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (association A.De.Ma) n’a pas hésité à rencontrer le Président de la République dès qu’il lui a accordé une audience après plusieurs demandes !
Sory Ibrahim, tes petits frères et tes petites sœurs s’échinent tous les jours pour t’aider à sortir le Mali de l’Imbroglio où il se trouve aujourd’hui. Ils suent pour la plupart sous la pluie comme diraient les mandingues.
Soumaïla Cissé s’est défoncé, au vu et au su de tout le monde, dans l’incompréhension de beaucoup. Tu l’as probablement aidé à surmonter ses préventions contre celui que tu as décrété républicain, et à rencontrer ce dernier. En homme d’Etat résolu, il a voulu ainsi contribuer à sauver le Mali. Cher ami, retenons-le : Soumaila Boubacar Cissé est un Homme d’Etat !
Cher cadet, n’éteins pas les lumières de ton pays ; sinon tu vivras dans les Ténèbres. Avec ta seule lumière, tu travailleras dans le clair-obscur avec des risques d’erreur voire d’échecs dans ta Mission. Soumaila Boubacar Cissé, comme toi, est une lumière !
Sory Ibrahim, l’Olympe n’appartient qu’aux dieux, tu le sais ! J’incline à penser que tu as encore suffisamment de raison pour n’avoir pas la faiblesse de te compter parmi eux ! …
Sory Ibrahim, tu as l’obligation de protection envers tes petits frères, et non d’agression. Les ressources humaines de qualité se raréfient. Veille à les entretenir comme un jardinier soigne ses fleurs.
Pour terminer mes suggestions d’aujourd’hui, je recommande la méditation sur le crédo du Pullaku, ressassé aux jeunes par les anciens :
1. Annda, muro (Savoir et faire comme si on ne sait pas)
2. Waawa, sawro (Être puissant mais magnanime, clément, tolérant)
3. Nyannga, ngeenyo (Être en colère mais agir avec discernement, dextérité, doigté)
4. Heba, hèjjèe (Avoir et savoir partager)
5. Huto, jogo ! (Être profondément déçu par les humains mais savoir vivre avec eux dans le respect de leur dignité)
C’est un propos de sagesse enseigné, j’en suis sûr, dans toutes nos communautés.
Cher cadet, cher ami, cher camarade, c’est une nourriture que je t’offre. Du courage, de la lucidité, de la maitrise de soi dans la lourde tâche qu’est la tienne.
En toute amitié,
Ton ainé, Ali Nouhoun Diallo, avec le soutien de toutes celles et de tous ceux qui veulent que
le Mali prenne son destin en main.