Soumaïla Cissé est dans les cœurs et les esprits. Rien ne le prouve assez mieux que cet élan de solidarité autour de celui qui est le principal opposant politique. Ces dernières semaines, les populations se sont mobilisées dans les rues pour réclamer sa libération à Niafunké, terre qui l’a vu naître et où il est pris en otage depuis plus de trois mois.
Cent jours durant lesquelles ont abondé sur les réseaux sociaux, dans la presse les appels à sa libération souvent annoncée comme effective par les rumeurs, le plus vieux média du monde, et qui sont démenties par ce commentaire lapidaire « Cissé est bien traité et il est en bonne santé », dont personne ne veut plus se contenter. Cent jours durant lesquels ses compagnons politiques, sa femme et ses enfants, les cellules de crise installées par le gouvernement et son parti sont restés débout pour sa libération.
« Nous connaissons ses ravisseurs. Et s’il plaît à Dieu, il reviendra bientôt », a déclaré le président Keïta il y a quelques semaines. « Bientôt, c’est quand », répondent des internautes. Il y a donc 100 jours que Soumaïla Cissé a été enlevé alors qu’il était en pleine campagne pour les législatives dans le cercle de Niafunké, renforçant davantage la réputation d’entrepôt d’otages que traîne le Mali, à la seule remarque que les otages ne sont plus seulement des occidentaux. La preuve est facile à faire : si le préfet de Tenenkou, Makan Doumbia, a été libéré après son enlèvement en 2018, ses codétenus n’ont pas eu la même chance. À ce jour, officiellement personne ne sait ce qu’il est advenu du président du tribunal d’instance de Niono, Soungalo Koné, et le commandant de brigade de Guiré, Mamadou Diawara, dont la mort a été annoncée par Makan Doumbia lui-même dans une vidéo de Sahelien.com. Auparavant, en 2017, c’était Amadou N’djoum. Des épisodes qui ont valu d’ailleurs au gouvernement un procès dans l’opinion publique nationale lui reprochant d’accorder plus d’intérêt aux otages internationaux que nationaux. Pourtant, tous ces gens avaient donné signe de vie en apparaissant dans une vidéo.
Mais il y a une question à laquelle aucune réponse satisfaisante n’a été donnée jusqu’ici : qui sont les ravisseurs ? En dehors de l’ombre du soupçon qui plane sur le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) avec lequel le gouvernement malien a annoncé il y a quelques mois qu’il était dans de bonnes dispositions pour dialoguer, il n’y a rien de probant sur l’identité des ravisseurs. Peut-être qu’il serait bien d’éviter les questions et de saluer la mobilisation autour de Soumaïla Cissé à qui les médias consacrent une journée spéciale ce jour, 2 juillet 2019. Un sit-in est prévu devant la Bourse du travail par le Collectif pour la libération de Soumaïla Cissé. Pour Soumaïla, on reste débout.
Source : Benbere