Le Conseil de ministres, hier mercredi, a limogé le Gouverneur de Mopti. Le Général Sidi Alassane Touré, nommé en 2017, disait alors, peu de temps après sa prise de fonction (cf interview du 13 janvier 2018 au journal Le Canard de la Venise) : « Nous allons sécuriser toutes les localités de la région, permettre le retour de l’administration et faire rouvrir les écoles ». Il n’a pas été entendu. Faute d’avoir essayé ?
L’officier affable trinque, soixante-douze heures après la tragédie de Sobame Da. Est-ce pour le bilan de cette attaque revu à la baisse de son fait mais sur des bases factuelles irréfutables ? Est-ce parce que la réévaluation survenait après un premier bilan apocalyptique annoncé par le gouvernement avant de faire le tour de la planète ? Est-ce parce que sa responsabilité a été supposée dans le couac des premiers chiffres et la gestion des seconds ? Rien n’arrêtera les supputations.
Les faits sacrés sont cependant que l’insécurité dans la juridiction du Général fraîchement limogé ne s’est pas atténuée. Au contraire, elle s’est aggravée et étendue. Djihadistes avérés ou autoproclamés, milices ethniques excipant de l’inertie de l’État, coupeurs de route et autres voleurs de bétail : toutes les mafias semblent s’être donné rendez-vous dans l’off-shore de l’impunité qu’est devenue la région de Mopti. Les faits sacrés sont également que tour à tour et parfois ensemble et Dogons et Peulhs ont réclamé la tête du Général Touré accusé tantôt de rouler pour les hommes de Kouffa tantôt pour Dana Ambassagou.
Dans cette ambiance très polarisée, l’officier ne pouvait que laisser des plumes. Son départ ne veut pas dire forcément que la paix reviendra dans les meilleurs délais. C’est de soins intensifs que le Centre a besoin. Et cela, tout le monde sait.