La ville sainte de Tombouctou n’arrête pas de faire des merveilles. Après les retombées positives des vestiges qu’elle regorge, son nom seul suffit pour atteindre la gloire.
D’ailleurs, des témoignages soutiennent que dans certains pays de l’outre-Atlantique, pour faire connaître le Mali, il faut parler de Tombouctou.
Les promoteurs d’agences de voyage, de tourisme et autres daignent toujours à faire ressortir Tombouctou, Timbuktu ou Toumoutou dans leur ‘’flyers’’ pour mieux valoriser leur destination.
D’ailleurs, même sur le plan institutionnel, le nom de la ville de Tombouctou fait tomber vite des sous. Pour preuve, après l’occupation djihadiste, la plaidoirie-lobbying des autorités maliennes auprès des partenaires financiers était basée sur la reconstruction des mausolées et la protection des manuscrits de Tombouctou. Comme par magie, 108 pays ont fait preuve d’une solidarité sans précédent en faveur du Mali.
Dans la même logique, le cinéaste mauritanien, qui n’est peut être pas fier du sang malien qui coule dans ses veines, Abderhamane Sissako, pour son long métrage tourné à Walata et Nema, s’est trouvé la bonne astuce de coller le nom ‘’Timbuktu’’ pour appâter l’occident, et maintenant s’attribuer des oscars.
Quoi de plus normal si l’on sait que le seul nom de la cité des 333 saints fait des émules depuis la nuit des temps. Mais ce qui est révoltant, c’est l’attitude de ce cinéaste qui a déjà eu une première gloire avec ‘’Bamako’’ de fouiner son nez dans une cuisine qu’il ne connait point, l’existant du nord malien, pour offrir une soupe à grimace à un Etat, auquel il doit tout.
En effet, comme si l’utilisation du nom ‘’timbuktu’’ comme fonds de commerce ne suffisait pas, car lors du festival de Cannes, le jury lui a fait mordre la poussière des dunes de Nema, Abderhamane Sissako a changé de fusil d’épaule pour se proclamer comme défenseur des touaregs.
C’est pourquoi, directement après cet échec du festival des Cannes, il s’est offert les lignes de ‘’Jeune Afrique’’ pour affirmer : « Je n’ai pas le sentiment, hélas, que l’État malien ait aujourd’hui une réelle capacité à régler le problème qu’il affronte ! ».
Et de déclarer, toujours dans la même interview ceci : « Je crois que ce film va être surtout surprenant pour les Maliens en leur montrant – pour moi c’est très important – que les Touaregs sont à voir comme des victimes ». Et du coup, il s’en sort avec sept oscars, dont celui du meilleur réalisateur.
Or, il s’agissait selon un grand journaliste français : « d’un film juste ennuyeux, bourré de clichés et qui donne du drame malien des images léchées et sans contextualisation ».
Pour prendre ce ‘’Sissako, noir de Mauritanie’’ au pied de ses lettres, il sied de lui demander de quels touaregs, parle-t-il ? Tous ceux qui vivent à Tombouctou ? Ou ceux qui sont sous les bonnes grâces de ses attributaires d’oscars ?
En tout cas, samedi, lors de l’anniversaire des vingt ans de son parti, un pur sang du nord du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a clairement affirmé que cette affaire de rébellion n’est que la : « rébellion d’une minorité au sein de la communauté touarègue dont l’épicentre est toujours Kidal ». Une vérité pour servir de scénario à d’autres réalisateurs.
Moustapha Diawara
Source: Tjikan