La levée des mandats d’arrêt internationaux par le gouvernement continue de susciter beaucoup de débats. Certains vont jusqu’à dire que l’équipe d’Oumar Tatam Ly est en train de favoriser l’impunité. En fait, ce qu’ils n’ont pas bien compris, ce qu’un mandat d’arrêt international n’est pas une inculpation encore moins une condamnation. C’est une simple convocation d’un citoyen qui ne se trouve pas sur son propre territoire.
Le gouvernement précèdent, dirigé par le très controversé Diango Cissoko, qui a lancé ces mandats d’arrêt contre une dizaine de personnalités dont six élus, au moment où il discutait de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, soufflait à la fois le chaud et le froid. Cette incongruité, pour reprendre le chroniqueur Adam Thiam, a poussé Bamako à s’asseoir sur la même table que les hommes recherchés, avant de les inviter dans la capitale sans mettre en exécution les mandats d’arrêt internationaux. Ils se sont même moqués des Maliens en rompant le jeun avec Dioncounda Traoré, au grand dam des défenseurs des droits de l’homme. Dès lors, on devrait s’interroger sur le bien fondé de l’action du Procureur général. La procédure, il faut le reconnaitre, n’avait rien de juridique. Elle était purement et hautement politique voire politicienne.
D’abord, aucun moyen n’a été mis à la disposition du Parquet de la commune III désigné pour ce dossier. C’est pourquoi, il n’a même pas pu effectuer le moindre déplacement sur le terrain pour recueillir des témoignages ou voir sur place les immenses dégâts causés.
Ensuite, en dehors de l’identification des personnes visées, il n’y a rien dans la chemise pour investiguer. La justice ne s’est même pas donné la peine de saisir les pays qui les accueillent afin de demander leur rapatriement pour qu’ils soient entendus sur les faits qui leur sont reprochés, encore que les accusations formulées sont d’ordre général.
Alors, si les mandats d’arrêt internationaux sont lancés sur des bases politiques, les mêmes considérations expliquent leur suspension.
Le montage du dossier est politique, le démontage l’est également.
Maintenant, le gouvernement peut bien discuter avec des partenaires qui n’ont pas l’épée de Damoclès sur la tête. Ce qui pourrait rendre plus agréables les échanges afin de trouver un compromis et non une compromission. Parce que la levée des mandats d’arrêt internationaux ne saurait être un grand pas vers l’impunité. Tout le monde s’accorde à dire que les crimes commis notamment à Aguel Hoc ne doivent pas rester impunis. Qu’il en soit ainsi. Les négociations politiques ne doivent pas entraver la saine distribution de la justice ou conduire le pouvoir à oublier les victimes.
Chahana Takiou