Dix-neuf personnes ont été tuées dimanche par des islamistes du groupe Boko Haram, portant des uniformes de soldats nigérians et toujours actifs dans le nord-est du pays malgré une vaste offensive militaire, ont indiqué des habitants.
“Nous avons trouvé 19 cadavres sur les lieux de l’attaque menée par les hommes de Boko Haram”, a déclaré à l’AFP Musa Abur, l’un des responsables d’une milice locale civile. Les assaillants, circulant à moto et armés de Kalachnikovs, ont bloqué dimanche matin la route près de la ville de Logumani, à 30 km de la frontière camerounaise, tuant 19 automobilistes et brûlant trois camions, selon les témoins.
“Cinq des victimes, dont les conducteurs et leurs assistants de deux camions ont été tués par balle, les autres ont été abattus à coup de machettes”, a-t-il ajouté.
Selon lui, les assaillants avaient attaqué vendredi soir la ville frontalière de Gamboru Ngala, près de Logumani, mais ils avaient été repoussés par des soldats et des miliciens locaux.
Un automobiliste, rescapé de l’attaque, a livré un témoignage similaire.
“Ils nous ont demandé de sortir de nos véhicules et de nous allonger, face contre terre, Ils étaient neuf hommes, vêtus d’uniformes militaires”, a expliqué à l’AFP Buba, blessé par balle à la jambe.
“Ils ont tué cinq personnes, découpé 14 autres avant de recevoir un appel téléphonique les prévenant que des soldats arrivaient. Ils nous ont alors abandonné et se sont enfuis sur leurs motos dans le bush”, a-t-il poursuivi.
Selon lui, la “signature” de l’attaque attribuée par les témoins à Boko Haram, non revendiquée dimanche soir, ne fait pas de doute, notamment parce qu’ils ont mené des attaques similaires par le passé.
“Nous savons qu’ils sont de Boko Haram à leur apparence. Les soldats ne portent pas de barbe et certains des assaillants étaient barbus”, a expliqué le témoin.
“Tout le monde sait que Boko Haram rôde dans la région, attaquant des villages et des automobilistes sur leur route. C’est devenu fréquent et quand une attaque survient, il est évident que c’est l’oeuvre de Boko Haram”, a précisé Buba.
Les autorités militaires de la région restaient injoignables dimanche.
L’armée nigériane a lancé une offensive d’envergure à la mi-mai dans le nord contre les sanctuaires de Boko Haram pour venir à bout de cette insurrection qui a fait des milliers de morts depuis quatre ans.
Cette offensive, bien que présentée comme un succès par Abuja, s’est cependant heurtée à la poursuite des attaques meurtrières de Boko Haram visant notamment la population civile, et qui se sont même intensifiées ces derniers temps.
Boko Haram – dont le nom signifie “l’éducation occidentale est un péché”, en langue haoussa – est responsable de nombreuses attaques visant des écoles, des universités et des collèges, principalement dans le Nord-Est.
Le groupe extrémiste revendique la création d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, au contraire du sud, à majorité chrétienne.
Les attaques de Boko Haram et leur répression sanglante ont fait au moins 3.600 morts depuis 2009 selon l’ONG Human Rights Watch.
Des centaines de personnes sont mortes en détention dans les geôles de l’armée, asphyxiées, affamées et assassinées depuis le lancement de l’opération militaire contre Boko Haram, selon Amnesty International.