Mais la rectification ne peut pas s’agir seulement de choisir un premier ministre issu du M5 RFP, elle est aussi et avant tout institutionnelle. Le format du CNT mérite d’être revu, car il fait office de parlement, donc organe législatif. En effet, le pouvoir législatif qu’il incarne, à tort ou à raison, a une lourde responsabilité dans la réussite de la transition. Il lui revient la mission historique de voter les textes qui doivent assoir les bases du Mali nouveau. Cela ne peut se faire qu’avec une légitimité absolue, une représentativité inclusive de toutes les couches de la Nation.
Aujourd’hui le CNT pêche par deux tares congénitales. La première est l’absence officielle des partis politiques les plus représentatifs, comme l’ADEMA, l’URD, le RPM, le MPR, le CNID, le PARENA, l’UM- RDA, pour ne citer que ceux-ci. A ceux-ci il faut ajouter l’absence remarquée des religieux, une force non négligeable de la scène politique d’aujourd’hui. La deuxième tare congénitale est relative à la faible qualité de beaucoup de ces membres. On reconnait qu’il y a quelques esprits lumineux, Universitaires, juristes et même militaires, mais qui sont dilués dans le grand nombre de ceux qui ne devraient pas être là, ni par leur formation, ni par leur expérience, encore moins par leur légitimité. C’est pourquoi la rectification législative passerait par un élargissement du CNT de 121 membres actuels, à 147, représentants le nombre de membres de l’Assemblée dissoute.
Pour rappel, le CNT dans sa configuration actuelle, n’est qu’un conglomérat d’amis, d’affidés, de compagnons d’armes, de laudateurs et d’opportunistes à la solde de la junte. Il ne reflète ni les forces sociopolitiques représentatives du pays encore moins la crème de l’intelligentsia malienne. Donc l’idéal serait sa dissolution, mais pour éviter d’ouvrir la boîte de pandore on pourrait l’élargir. Ainsi, sur les 26 membres ou conseillers à trouver, nous oserions proposer, pour conforter le nouveau premier dans sa fonction, 16 au M5 RFP, composé de l’URD, du MPR, du CNID, des FARE Anka Wuli, du MODEC, de l’ EMK, de l’ Adema Association pour ne citer que ceux-ci. Par souci d’inclusivité on pourrait accorder 7 sièges à l’ancienne majorité, composée entre autres de l’ADEMA- PASJ, du RPM, du PARENA, de l’UDD, de l’UM- RDA, de la CODEM, de YELEMA. Et enfin 3 sièges aux religieux, musulmans, chrétiens et les traditionnalistes, ce qui compléterait les 121 sièges déjà pourvus à 147 conseillers qui feront office de députés de la transition.
Youssouf Sissoko