S’il est un devoir pour chaque génération d’accomplir sa part de mission, celle qui nous gouverne aujourd’hui, semble trahir la sienne, car depuis 1991, l’école malienne a été la cadette des priorités de ceux qui nous ont gouvernés jusque-là. En trente ans de gouvernance démocratique, les années scolaires se sont succédé et se ressemblent toutes. Des années blanches et des années tronquées se sont alternées à un rythme ininterrompu.
Pour rappel, ce qui oppose les enseignants au gouvernement est tellement banal qu’il est impensable qu’il soit la cause du blocage des négociations. Les enseignants ont juste rappelé au Premier ministre et ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé de respecter l’engagement qu’il a pris concernant la mise en application de l’article 39 de leurs textes. Un pays qui voudra être présent au concert des Nations prospères doit-il reléguer la formation de ses ressources humaines au second plan ? L’école est le seul lieu où on forme des bons citoyens et les élites de demain.
Aujourd’hui, la question qui taraude tous les esprits est celle de savoir comment en est-on arrivé à cette crispation alors même que le Premier ministre actuel est celui-là même qui a négocié et obtenu la levée du mot d’ordre de grève contre promesse de satisfaction de toutes les revendications ? Que vaut alors la parole d’un dirigent malien fut-il un Président de la République ou un Premier ministre ? Quel serait le nom de cette République où des hautes autorités ne respectent jamais leurs engagements ? Ce ne serait pas la République très- très démocratique du « Gondwana », car même au Gondwana, le Président fondateur respecte ses engagements, alors le nom le plus approprié à notre République est la République bananière.
En somme, le Président de la République est désormais interpellé, lui qui jouit de la légitimité du peuple et qui n’a transféré qu’une petite portion de cette légitimité au premier ministre et aux autres ministres. Son silence ne s’explique pas face au danger qui guette la Nation malienne.
Youssouf Sissoko
source : infosept