Le 27 février 2019, dans notre parution numéro 101, nous titrions : ‘’ Le nécessaire dialogue avec Iyad’’. Eh bien, un an après, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita vient de nous donner raison. Dans un entretien exclusif qu’il a accordé à nos confrères de France 24 et de RFI avant-hier lundi 10 février 2020, IBK confirme pour la première fois l’ouverture d’un dialogue avec les chefs djihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa, afin de tenter de venir à bout du terrorisme. “Parler avec les djihadistes et lutter contre le terrorisme n’est pas antinomique. J’ai le devoir et la mission aujourd’hui de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, on puisse parvenir à quelque apaisement possible”, affirme-t-il. “Il est temps que certaines voies soient explorées”. S’il assure que cette tentative de discussion est nécessaire, IBK ne se dit toutefois “pas naïf” quant aux intentions de ses interlocuteurs. “Nous ne sommes pas des grands candides, mais nous ne sommes pas des gens obtus non plus”, explique IBK, qui semble sérieusement prendre conscience de la gravite de la situation.
Avec cette annonce, IBK humilie son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé qui avait fait une sortie médiatique contre le haut représentant d’IBK au Centre, Dioncounda Traoré, qui avait indiqué que des négociations avec Iyad et Kouffa sont en cours. Tiébilé avait indiqué que les propos tenus par l’ancien chef de l’Etat n’engageaient que lui, mais pas le gouvernement du Mali. Cela avait récemment créé une cacophonie au sommet de l’Etat. C’est ainsi dire que le régime rétropédale quand on sait que dans un passé récent, le chef de l’Etat s’était refusé, lui aussi, à toute négociation avec les djihadistes pour, selon certains analystes, faire plaisir à la France.
Nous devons mettre notre pays au-dessus de tout et accepter de dialoguer entre Maliens. Nous sommes à un moment où l’union sacrée et le dialogue sont impératifs pour sortir le pays de cette situation devenue intenable. Pour l’apaisement et le retour définitif de la paix, il est primordial de dialoguer avec Iyad, puisqu’il est le chef suprême des katibas qui sèment la terreur dans le Sahel. Selon un géostratège, le retour définitif de la paix au Mali ne sera acquis que si et seulement l’Etat malien cherche à dialoguer avec Iyad et Amadou Kouffa.
Il est temps de mettre fin à la souffrance des Maliens en mettant tout en œuvre pour trouver des voies et moyens pour entreprendre rapidement un dialogue avec le président d’Ançar Eddine. D’autant plus que cela est l’une des recommandations issues de la Conférence d’entente nationale, du forum des ressortissants du nord et du Dialogue national inclusif (Dni). Le Mali est un grand pays de dialogue. Alors, par ce même dialogue, trouvons des solutions à nos problèmes pour un avenir meilleur pour le Mali. Pourquoi ne pas dialoguer avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa qui sont certes des terroristes, mais des Maliens ? C’est par le dialogue que nous retrouverons le salut. Nous entendons à longueur de journée des Occidentaux dire qu’il ne faudrait pas négocier avec les terroristes. N’importe quoi !
Actuellement, les Américains et les talibans sont en train de négocier à Doha pour le retour de la paix en Afghanistan. Et bravo à IBK qui a entamé des négociations avec Iyad et Amadou Kouffa pour le retour de la paix au Mali. Cela est nécessaire, puisque ça serait un dialogue entre Maliens.
Aliou Touré
Le Démocrate