Notre ligne éditoriale reçoit, depuis le début de l’année 2017, une réaction pas surprenante de la part des tenants du pouvoir. Directions, ministères… tous, sous des prétextes lancés sur notre figure mais loin des vraies intentions, rompent les liens avec le Bihebdomadaire ‘’Le Pays’’. La conclusion, elle est facile à tirer : Le Régime veut nous couper le souffle financièrement. Notre ligne éditoriale en est la principale raison. Nous disons les choses comme nous les concevons dans la gestion des affaires de l’Etat et cela au seul bénéfice de la République. Nous dénonçons avec la dernière rigueur les voleurs des ressources de l’Etat ; les vampires qui étranglent et sucent le sang du Mali.
Cette vision défendue dans le strict respect de l’éthique et la déontologie, nous la payons cash. Traités comme les premiers ennemis de la République qui n’ont que pour mission déstabiliser le Pays, nous sommes inscrits sur la liste noire du Régime comme Iyad et les autres grands terroristes qui coupent le sommeil aux grandes puissances du monde. Nous sommes considérés comme une force du mal qu’il faut anéantir par toutes les stratégies possibles. Négociations, intimidations, menaces… maintenant, place au système : nous effacer de tous les marchés, abonnements et contrats, des services étatiques mais aussi privés.
Défendre l’intérêt de sa patrie, aux yeux de ce régime, est conditionné à défendre l’indéfendable : ‘’ma famille d’abord’’ ; la corruption ; le favoritisme ; l’injustice… Ces pratiques, elles sont bien le système de fonctionnement d’un régime dont le premier chef a été plébiscité, avec plus de 77%, par les Maliens pour sauver le Mali. Au grand regret, ce Pays s’enfonce davantage.
Le patriotisme, il est effacé de leur vocabulaire. Toute personne qui le cultive dans le sens propre du mot est traitée de mauvaise graine. Nous le sommes aujourd’hui. Les vrais défenseurs de la République sont, à leur entendement, les autres. Ceux qui se font entendre par les armes et menacent l’existence du Mali. Les rebelles qui ont tué, égorgé nos militaires, administrateurs, frères au nord du Mali, où sont-ils et que sont-ils devenus aujourd’hui ? Au lieu d’être traqués, pendus, ils sont à Bamako, roulent dans des véhicules de luxes, logent dans de grands hôtels, dînent avec nos autorités, occupent de grands postes de responsabilité et sont enfin qualifiés de frères revenus à la raison et ce retour mérite d’être accueilli en grande pompe avec honneur et distinction dans la grande famille.
Ces faits qui se manifestent aujourd’hui, nous les voyions venir dès les campagnes présidentielles. A l’époque, nous venions à peine de lancer notre canard ‘’Le Pays’’. Nous étions clairs : ‘’Avec IBK, il ne faut pas s’attendre au bonheur. Il fera pire que ses prédécesseurs’’. Depuis ce moment, nous étions animés du souci d’un Mali à sortir du trou et le mettre sur le chemin de l’émergence.
La ligne éditoriale, elle a été jugée par notre entourage de risquée et irréalisable car toute personne qui rame à contrecourant face aux politiques, ses jours sont comptés. Nous avions tenu avec les moyens de bord. Je dis bien avec les moyens de bord car nous n’avions personne pour nous appuyer contrairement à ce qui se disait sur notre dos. Je tiens à le dire tout haut et sur tous les toits, personne ne peut lever le petit doigt pour dire qu’elle finance notre journal. Je dis bien personne. Ce qui nous rend plus indépendants dans le traitement de l’information. Opposition, majorité politiques, société civile, armée, religieux… Nous avons toujours évoqué des sujets concernant ces différents segments, en bien mais aussi en mal.
Ce qui nous arrive aujourd’hui ne nous fera pas dévier de notre trajectoire. Ces abonnements et contrats que nous avions avec des services étatiques, je tiens à préciser qu’ils ne résorbent même pas 30% de nos dépenses. Le reste, nous nous battons contre vents et marrées à trouver pour boucher le trou. Donc nous sommes nés et avons grandi dans la difficulté avec le seul objectif : rester fidèles dans ce que nous faisons. Nous n’avons jamais courbé l’échine devant quelqu’un pour des besoins pouvant nous dévier de la vérité.
Nous sommes jeunes ; nous avons l’amour de notre patrie ; nous nous battons pour l’intérêt collectif… Aucun sacrifice n’est de trop pour la défense de la République et nous avons pour crédo : Nous sommes prêts à sacrifier notre âme pour sauver le Mali.
Donc qu’ils comprennent que notre mission, ce n’est pas contre une personne ou un parti politique mais un système : Celui instauré aujourd’hui pour vider le Mali de sa sève. Nous nous dressons contre. Cela n’est pas synonyme, comme ils le pensent, d’affronter l’Etat, le régime.
Nous sommes conscients que le chemin est débordé d’embuches, mais nous avançons dans l’aventure ayant en tête que toute Nation qui a pu se débarrasser de son cancer, c’est grâce à la lutte ardue de certains de ses fils.
Nous allons tenir et face à ces nouvelles menaces du Régime, nous ferons de notre slogan cette célèbre phrase du philosophe Nietzche : ‘’Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort’’.
Boubacar Yalkoué