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Edito : La dernière balle pour abattre la presse

La presse souffre le martyr. Cet état de fait existe depuis bien longtemps mais il a atteint le degré de l’agonie sous la transition. Les actes qui fragilisent le secteur sont bien nombreux parmi lesquels : la lancinante question de l’aide à la presse, la résiliation des contrats des organes de presse dans plusieurs structures pour faute d’argent…

Au rang de cette situation écœurante viennent s’ajouter l’attitude maligne de certains individus à contourner, je ne sais par quel moyen, la loi portant régime de la presse et délit de presse lorsqu’il est question d’engager une procédure judiciaire contre un journaliste pour diffamation. Chose bizarre et inadmissible d’ailleurs, depuis quelques années, nous assistons des confrères au niveau des unités d’enquête pour des plaintes en diffamation. Au lieu de la citation directe comme l’indique la loi spéciale qui régit la profession en de telles circonstances, le journaliste fait face à un soi-transmis du Procureur qui le conduit vers des gendarmes ou policiers pour des raisons d’auditions. En ces lieux, tout ce qu’ils savent faire, c’est d’exiger du journaliste qu’il divulgue sa source à défaut, il est menacé de placement en garde à vue. Cette procédure est une atteinte grave à la Constitution qui confère aux hommes de médias la liberté de presse dont les concours de l’exercice de la profession sont consignés dans la loi spéciale 046 du 07 juillet 2000. Tous les hommes de droit sont au parfum de cette loi. Alors à quelle fin, se donnent-ils le plein pouvoir de la contourner et de loger le professionnel de l’information dans le même arcane qu’un simple citoyen qui est frappé du délit de droit commun en la matière ?

La procédure en elle a été dénoncée plusieurs fois par les faîtières de la presse. Malgré cette contestation contre cette tentative de museler les journalistes devant qui de droit, la situation déplorable demeure. La semaine dernière tout près, nous faisons face à un cas similaire qui a failli prendre une tournure sympathique.

L’autre aspect qui lorgne dangereusement la profession de journaliste, ce sont des tentatives d’intimidation de la part de certains mouvements qui se disent soutien à la transition. Ils sont hostiles aux critiques et à chaque fois qu’ils voient des éléments de journalistes en leur défaveur, ils tentent des actions à l’endroit de responsables des médias comme pour intimider ou prévenir une éventuelle action devant les tribunaux. Mais qu’ils se le prennent pour dit, l’harmonie d’une réelle démocratie, c’est l’exercice en toute liberté du métier de journaliste. Ce dernier est un acteur neutre qui dénonce les faits et propose des solutions pour l’intérêt de la Nation. Devrait-il s’abstenir de cette mission parce-que nous sommes en transition ? Il n’en est pas question ! Et les faîtières sont résolument engagées pour la protection des acquis démocratiques en faveur des hommes de médias par-delà le peuple tout entier. Rien ne fera dévier les journalistes de leur mission d’informer le peuple du fait réel des pouvoirs publics.

Les deux dernières observations sont comme la dernière balle pour abattre la profession de journalistes. Ce, après avoir conditionné le secteur à la misère car Dieu seul sait comment le journaliste vit de nos jours. Mais ça ne passera pas. Nous nous battrons face à n’importe quel obstacle pour protéger notre chère profession.

Boubacar YALKOUE

Source : Le PAYS

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