On aura patienté une petite semaine pour connaître la composition du gouvernement de Moussa Mara. Pas de grand chambardement et les femmes y restent minoritaires.
A part quelques nouveaux et un gouvernement qui donne l’impression de faire place à la jeunesse, une seule femme s’ajoute à cette équipe, que l’on avait annoncé resserrée, mais qui au final caracole à 31 ministres. Notons qu’il était illusoire d’espérer un gouvernement de combat à une vingtaine de membres. Et dans un pays qui sort de la crise, réduire le train de vie de l’état et les portefeuilles ministériels, aurait pu être un bon signal envers une population confrontée à la vie chère et au chômage des jeunes.
Sortants et Entrants
D’emblée, ce nouvel attelage est expurgé des deux généraux proches de l’ex junte et qui ont accompli leur mission. Le ministre Moussa Sinko Coulibaly qui avait survécu à la transition, après avoir organisé la présidentielle et les législatives et le Général Abdoulaye Koumaré, ex bras financier de la junte, sont désormais out, mais pas à l’abri d’une convocation devant le juge Karembé.
Autres départs dans un souci de réajuster, Cheick Oumar Diarrah, ministre de la réconciliation, dont il faut saluer le courage physique et mental, laisse sa place à Zahabi Ould Sidi Mohamed, un nordiste qui connaît bien les rebelles, après avoir testé la diplomatie internationale. Jean Marie Idrissa Sangaré, un ingénieur, qui n’a pas convaincu en six mois, cède le département stratégique de la communication à Mahamadou Camara, précédemment directeur de cabinet du Président Keita. Un jeune ministre que l’on juge à la bonne place et qui devra s’enhardir à réduire la fracture numérique au Mali. Côté environnement, Oumane Ag Rhissa cède son portefeuille à un autre proche d’IBK, Abdoulaye Idrissa Maiga. Et à la diplomatie, entre un diplomate, Abdoulaye DIOP, ex ambassadeur du Mali aux Etats-Unis. Bonne surprise pour un homme qui maîtrise le domaine. Du côté du budget, Madani Touré proche de Tatam Ly s’en va, sans avoir pu exploiter toutes ses possibilités à la finance publique.
Figures politiques
Pour créer la petite surprise, un mastodonte, Maître Mountaga Tall, du CNID, terrassé aux dernières législatives à Ségou, retrouve le sourire au département de l’enseignement supérieur, après une longue traversée du désert. Il est talonné par l’excellent Ousmane Sy, de l’Adema, ex ministre d’Alpha, qui après avoir occupé le poste de Secrétaire général de la présidence sous la transition, hérite de la décentralisation, un domaine qu’il connaît très bien pour avoir longtemps travaillé dessus et produit des ouvrages sur le sujet. On voit dans cette nomination la main secrète de Dioncounda, mais l’homme pratique la décentralisation depuis des décennies. Son ouvrage « Reconstruire l’Afrique » en est une belle illustration.
Autre nouveau. Housseini Amion Guindo, dit Poulo, président du parti CODEM fait une entrée remarquée dans ce gouvernement, sans doute un clin d’œil de Moussa Mara à la coalition PUR qui avait réuni les deux hommes avant la présidentielle de 2012. Il s’occupera donc du département du Sport, séparé désormais de la jeunesse.
Pour le reste, les portefeuilles régaliens comme la Défense, l’Intérieur, la Justice, l’Economie et Finances, demeurent inchangés : Fily Bouaré Sissoko, Boubèye Maiga, Sada Samaké, Mohamed Ali Bathily restent à bon port. Idem pour Boubou Cissé aux Mines, Moustapha Ben Barka qui passe de ministre délégué à ministre plein, en charge des Investissements. Mamadou Gaoussou Diarra, en plus de la Jeunesse, hérite de l’Action citoyenne, un département qu’a souhaité la société civile malienne.
Parité à la traîne
S’il y a bien une chose à déplorer dans ce gouvernement, c’est le quota de femmes. 5 en tout. Mme Jacqueline Togola Nana conserve l’éducation nationale, et Sangaré Oumou Bah se bat pour la promotion féminine. Aissata Bengaly garde l’artisanat et Fily Bouaré Sissoko s’impose à l’Economie et aux finances. Une seule, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, ex égérie de campagne d’IBK, fait enfin son entrée au gouvernement à la Culture. Dotée de charme, militante politique active, Rama Diallo, fille de l’ancienne ministre Lalla Sy, est aussi patronne d’une agence de communication à Bamako.
Cinq femmes sur 31 ministres donc, la parité attendra et attendra. L’époque où une femme pouvait rêver d’un ministère régalien comme les affaires étrangères fait date, quand Mme Sy Kadiatou Sow en avait hérité. La seule d’ailleurs qui fut aussi Gouverneur du district de Bamako. Au Mali, on reste bien deçà des parités à la sénégalaise, où une femme, Aminata Touré est Premier ministre ou au Rwanda, où la moitié du parlement est constitué de femmes. D’évidence, les pesanteurs socioculturelles jouent comme la faible représentativité des femmes dans les partis politiques.
En conclusion, s’il faut saluer la nomination du Premier ministre Mara, il reste à nous autres observateurs, à garder un œil vigilant sur la nouvelle action gouvernementale et les nouveaux ministres. Même si enfin de compte, il y a eu beaucoup de bruit pour rien…Much ado about nothing !, pour paraphraser cette fameuse pièce de Shakespeare…
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