Le déplacement en France du Chef de l’État, à l’occasion de la visite historique qu’il y effectue depuis le 21 octobre, a donné lieu à une véritable déportation du pouvoir malien sur les rives de la Seine. Plus de 14 membres du gouvernement s’y trouvent, régaliens et non régaliens, la plupart étant arrivés quelques jours avant le président. Dans le même temps, le Premier ministre Modibo Keïta séjourne au Rwanda, où il participe au sommet annuel Transform Africa, dédié aux technologies de l’information et de la communication, dont le pays de Kagamé est devenu l’un des fers de lance sur le continent. Il est vrai que ce dernier est l’un des rares chefs d’État présents le 15 mai 2015 à la signature de l’accord de paix à être resté jusqu’à la fin de la cérémonie. Il témoignait ainsi de son amitié pour son homologue et le peuple maliens. Toutefois, le déplacement du Premier ministre à Kigali pour assister à un événement mineur était-il nécessaire pendant l’absence de son chef et de près de la moitié de son gouvernement ? N’aurait-il pu se faire représenter par le ministre de tutelle ? Qui pour tenir la barre du navire Mali en l’absence des deux têtes de l’exécutif ? À un moment où le processus de réconciliation semble s’enclencher, et alors que la menace terroriste n’a pas faibli, la place du Chef du gouvernement est à Bamako, pour éviter un vide au sommet de l’État, comme ne manquera certainement pas de le relever une opposition souvent prompte à saisir la balle au bond. En outre, la présence de Modibo Keïta sur le territoire aurait permis d’atténuer, auprès des populations, la perception que leurs dirigeants préfèrent être à l’étranger qu’au Mali. C’est une erreur qu’il faut rapidement corriger, en allant sur le terrain. Rien de tel qu’un bon bain de foule auprès de nos braves paysans pour absoudre nombre de pêchés.
Mahamadou Camara
Source : journaldumali