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Ecoles privées : LA FIN DU LAISSER-ALLER ?

Le gouvernement entend désormais imposer aux promoteurs le respect strict des critères d’accueil des élèves

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La corruption à l’école ne se limite pas à la fuite organisée des sujets d’examen. Le mal, tentaculaire, se manifeste également dans l’orientation des élèves admis au DEF. Depuis longtemps, des agents du département de l’éducation, de connivence avec des promoteurs d’écoles privées sans scrupules, avaient développé un juteux business qui consistait à orienter un grand nombre d’élèves dans des écoles privées sans se soucier de la capacité de celles-ci à remplir les conditions requises. Le promoteur verse des dessous de table en échange d’un quota élevé d’élèves. Qu’y gagne-t-il ? La prise en charge financière de ces élèves versée par l’Etat. Le reste est simple histoire d’arithmétique et de gestion sans scrupules. Il suffit de faire l’impasse sur la qualité des enseignants, de rogner sur leur nombre, de ne rien investir dans les équipements, etc. En un seul trimestre, le promoteur est déjà rentré dans ses fonds et commence à engranger des bénéfices. Le nombre insuffisant des établissements publics a servi d’alibi à ces arrangements et les grèves à répétition des enseignants fonctionnaires ont fait le reste.

 

CRENEAU PORTEUR ET OUVERT. Ces grèves ont, en effet, été l’argument massue brandi pour attirer les élèves et leurs parents dans des établissements privés où l’année scolaire ignore les perturbations. L’argument a porté car, des années durant, des classes restaient fermées dans des lycées publics faute d’élèves tandis qu’on les entassaient dans des établissements privés aux locaux et emplacements souvent inadaptés. Certains établissements privés ne se situent-ils pas en plein marché ?

Ces petits arrangements entre coquins ont permis à des promoteurs de faire fortune et aux écoles privées d’apparaitre comme un créneau très porteur. Mieux, le créneau était ouvert à tous les aventuriers possibles puisque les agréments étaient distribués à la pelle, sans tenir compte de la qualification des promoteurs.

Pour comprendre l’appétit suscité par cette activité, il faut soupeser ce que les pouvoirs publics déboursent pour la prise en charge des élèves  expédiés dans des établissements privés. Aujourd’hui, l’Etat paie pour chaque lycéen, 80 000 Fcfa par an. Dans un lycée technique, un technicien du niveau BT agro pastoral ou BT industrie, rapporte 135 000 Fcfa. Lorsque l’élève fait BT administration, CAP agro pastoral et CAP industrie, 110 000 Fcfa sont versés. Et 90 000 Fcfa s’il fait CAP administration. En plus, il y a les frais didactiques qui s’élèvent à 30 000 Fcfa par élève et par an pour les lycéens de l’enseignement général. 50 000 Fcfa sont alloués par an à chaque élève des autres types d’enseignement et de filières. Au total, des milliards de Fcfa sont dépensés chaque année pour les élèves orientés dans des établissements privés. Largement de quoi susciter des tentations.

Largement de quoi aussi susciter des résistances aux tentatives de remise en ordre comme le vérifie actuellement le ministre de l’Education nationale. Avant de s’attaquer à cette remise en ordre, Mme Togola Jacqueline Marie Nana a entrepris de dresser l’état des lieux en répertoriant les écoles secondaires publiques et privées et en relevant leur capacité d’accueil réelle. Des équipes furent constituées qui sillonnèrent toutes les régions pour faire rapport sur le nombre exact d’écoles secondaires privées éligibles et leur capacité d’accueil. « Quand j’arrivais à la tête de ce département, on avait déjà envoyé des élèves dans les écoles. On avait mis 24% puis 26% dans les écoles publiques. J’ai exigé de connaitre les capacités d’accueil réelles de chaque lycée public et de chaque école secondaire technique et professionnelle publique. C’est ainsi qu’on m’a assurée que les écoles secondaires publiques ont une capacité d’accueil réelle de 34% », révèle Mme Togola Jacqueline Marie Nana.

 

UN ENVIRONNEMENT PROPICE. C’est ainsi qu’à la rentrée 2014-2015, 28 436 élèves sur les 84 360 admis au DEF (session de juin 2014) ont été orientés dans les lycées et dans les écoles secondaires techniques et professionnelles de l’Etat. Soit un taux de 34% qui  s’explique aisément dans la mesure où le pays ne compte, en tout et pour tout, que 69 lycées publics et 22 écoles secondaires techniques et professionnelles appartenant à l’Etat.

Du côté des privés, 1050 écoles sont éligibles parmi lesquels 461 lycées. « Nous commençons toujours par remplir les écoles publiques en tenant compte de certains facteurs tels que la capacité d’accueil de l’établissement mais aussi sa proximité avec le lieu de résidence des élèves orientés. Le hic, c’est que dans certaines localités, il n’y a pas d’écoles secondaires publiques. C’est le cas, par exemple, de Baguinéda », souligne Souleymane Goundiam, le secrétaire général du ministère de l’Education nationale.

Quels sont les critères d’éligibilité d’une école privée ? Il y a d’abord le quota de professeurs affiliés à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) donc régulièrement employés, des salles de classe aux dimensions appropriées, une salle informatique, une infirmerie. Enfin, l’établissement doit être situé dans un environnement propice à l’apprentissage. Ce dernier critère fut pendant très longtemps le cadet des soucis des promoteurs et des agents du ministère de tutelle. Des « écoles » furent ainsi ouvertes dans toutes sortes de locaux et d’endroits, au coeur de marchés, à proximité de garages et même de bars.

Le département promet, dorénavant, d’exiger des promoteurs d’écoles privées le respect des conditions d’éligibilité. Même les établissements aux normes seront soumis à des contrôles par une équipe de suivi. « L’équipe de suivi chargée du contrôle régulier des écoles éligibles permet de savoir si les promesses prises sont effectivement tenues. Nous surveillerons les écoles à problèmes, surtout celles qui n’ont pas un certain quota d’enseignants affiliés à l’INPS, de salle informatique et d’infirmerie », assure le ministre.

Afin de faire baisser le taux d’élèves orientés dans des établissements privés, le département de l’Education, avec l’appui de partenaires, projette de construire au moins 5 lycées publics. En sachant cependant que la solution définitive et durable à ce problème réside dans la construction de nombreuses écoles et la formation d’un nombre suffisant d’enseignants par l’Etat.

C. DIAWARA

SOURCE / ESSOR

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