Les rebellions récurrentes au Mali ont toujours eu un soutien dans l’ombre. Et c’est ce soutien que le Mali n’est pas arrivé à dévoiler à temps. Il a fallu attendre la dernière rébellion, celle de 1992, pour comprendre avec la déclaration de Hamma Ag Mahamoud, ancien ministre du général Moussa Traoré, installé en Mauritanie, que la France est à l’origine de toutes les rebellions du nord.
A commencer par la convention de Bourem de 1907 (en référence au livre de Docteur ChoguelKokallaMaïga: Les origines des rebellions du nord, qui stipule que Kidal appartient aux Ifoghas et uniquement aux Ifoghas et à ceux que la France voudrait qu’ils y soient. Hamma Ag Mahoumoud, promu président de la l’Utopique République de l’Azawad, devait être installé, une fois le travail de la France terminé. C’était sans compter avec le phénomène jihadiste qui est venu se greffer à la rébellion. Les jihadistes ont faussé tous les plans français ; mais c’est oublier que le Mali est un pays béni, qui a concentré un nombre important d’hommes saints ; des hommes qui ont prié pour que le Mali reste uni envers et contre tous.
Les jihadistes, en association avec les séparatistes, ont occupé tout le nord et une partie du centre du Mali. Heureusement encore pour le Mali que les jihadistes étaient plus forts que les séparatistes, alors qu’eux ne revendiquaient pas de territoire. La confrontation qui a eu lieu entre eux a permis aux jihadistes de neutraliser rebelles, avec la caution morale des habitants de Gao qui les ont préférés de loin aux indépendantistes qui eux, leur ont fait subir toutes sortes d’exactions. Notamment en détruisant les d’infrastructures, en pillant les biens et en violant les femmes sans distinction et sans se soucier des conséquences de leurs actes.
La France n’avait plus d’allié dans la zone et ses protégés sont devenus des refugiés au Burkina et en Mauritanie. Cependant, la promesse faite par la France de les aider à avoir leur territoire une fois Kadhafi vaincu reste une dette qu’il faut honorer. La France doit envisager de nouveaux plans et de nouvelles stratégies pour ne pas être ridicule aux yeux de ceux-là qui n’ont aucun espoir en dehors d’elle. Déjà aux indépendances, la France avait proposé aux Touaregs de leur offrir leur indépendance, mais les leaders Touaregs de l’époque ont choisi de rester avec le Mali, compte tenu de tous les liens de sang et de lait qui nous unissaient. A présent même, la majorité des Touaregs et des Arabes désirent rester avec le Mali. C’est une poignée d’irréductibles et d’aventuriers qui ont vendu leurs âmes au diable, et qui continuent de faire du bruit à Kidal et à travers les parlements européens. Ce, pour revendiquer un territoire qu’ils ne pourront jamais garder même si on venait à le leur attribuer. Car, ils ne pourront jamais tenir tête aux islamistes.
La France et les Occidentaux ignorent cet état de fait, car jusqu’à la fin des temps, les Touaregs ne parviendront jamais à dominer les Sonrais et même si la France venait à s’installer au milieu d’eux, ils ne résisteront pas devant les islamistes que les populations locales préfère. Tout ce qu’on aura fait en dehors de la sauvegarde de l’unité du Mali ne ramènera pas la paix. C’est à cela que doit s’atteler l’ensemble de la communauté internationale, si vraiment son but est de venir en aide au Mali. Puisque la France n’a aucun moyen de faire quoi que ce soit, comment ne pas donner raison à ceux qui soutiennent mordicus que c’est elle qui a demandé au Mali de solliciter son intervention pour chasser les islamistes qui ont chassé leurs alliés et qui cherchent désormais à occuper une grande partie du Mali ?
Le plan était tout trouvé. S’il est question d’islamistes, tous les Occidentaux ne pouvaient voir cela que d’un bon œil. Maintenant, il ne restait plus au Mali qu’à « confier son bébé à la sorcière ». Et quand on confie son bébé à une sorcière, on doit forcément s’attendre à apporter un linceul dans les jours qui suivent. C’est bien cela qui est arrivé, puisque deux jours après l’intervention de la France qui a été extrêmement rapide, l’armée malienne s’est retrouvée bloquée à la rentrée de Kidal. La France a désormais le temps de faire appel à ses protégés, de les organiser et de leur fournir les moyens nécessaires de s’affirmer. Le Mnla est ressuscité à partir des islamistes que le monde occidental croyait combattre ; le système de vases communicants a parfaitement marché entre les islamistes et les indépendantistes, avec la complicité active des maîtres du jour.
Le monde entier a été berné et le Mali encore plus, lui qui se voit interdit une partie de son territoire. Le jour que les islamistes ont vaincu le MNLA, une grande partie a été décimée, une partie a pu fuir pour se rendre au Burkina qui était aussi leur protecteur et une partie importante qui n’a pas eu le temps de fuir a regagné les rangs d’Ancardine d’Iyad Ag Aghaly, Touareg pur-sang de la tribu des Ifoghas qui constituait l’essentiel de la rébellion.
Le jour que les islamistes ont été bombardés par les troupes françaises à Konna, les rescapés des islamistes ont vite fait de regagner le MNLA régénéré pour se mettre sous la protection des troupes françaises, seules maîtresses à Kidal et environs. Ce système de vases communicants a été la stratégie toute trouvée que les troupes françaises ont utilisée pour reconstituer des hommes aux abois, renforcés par un recrutement massif à l’ombre de la communauté internationale et du Mali, qui n’a plus que ses yeux pour pleurer. Lui qui, pour se défendre, s’est jeté dans la gueule du lion. Nous avons confié notre bébé à la sorcière, elle en a fait ce qu’elle veut, qu’Allah préserve notre Mali des dangers qui nous guettent, amen. Nous devons prendre toute fois conscience que nous sommes seuls responsables de notre destin et le choix de nos partenaires nous incombe entièrement. La toute petite erreur peut s’avérer fatale pour nous, qu’Allah préserve encore le Mali.
AlmatarMahamar Touré
Le Démocrate