L’attaque de Sabane-Da, dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin 2019 ne peut que laisser transparaître une multitude de questions vu le contexte dans lequel elle est survenue. La sincérité des autorités maliennes ainsi que des forces étrangères doit être remise en cause.
D’abord Koulogon-Peul, le 1er janvier 2019 ; ensuite Dioura, le 17 mars ; puis Ogossagou, le 23 mars et maintenant Sabane-Da le 9 juin de la même année. Que de cadavres calcinés, ligotés, déchiquetés au centre du Mali depuis le début de la nouvelle année ! Que de bilans macabres chaque trimestre ! Jusque quand ces barbaries humaines vont-elles prendre fin ? Pourquoi sommes-nous d’ailleurs arrivés à une telle scène de crime, pendant que le Mali se trouve accompagné par la MINUSMA, barkhane ainsi que le G5 Sahel auquel il est partie prenante ?
Cette attaque survenue dans la nuit du dimanche 9 juin au lundi 10 juin 2019 et qui a coûté la vie à près de 100 morts (95 selon le premier communiqué officiel du gouvernement malien qui sera revu pour amener le nombre à 35 et préciser que les 95 constituent le total des morts et des disparus) est la preuve d’une défaillance politique et institutionnelle de l’État et d’un manque d’intérêt des autorités pour cette situation. Les deux options semblent plausibles.
Situons le contexte dans lequel ce drame de dimanche est survenu. Il intervient juste quelques jours après trois faits majeurs au Mali : la publication du rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, la Prorogation du mandat des députés, la publication des conclusions de l’enquête sur l’attaque de Koulogon-Peul.
Dans tous ces deux rapports, les autorités maliennes se trouvent félicitées à cause des initiatives qu’elles ont mises en place, afin de mieux sécuriser les personnes et les biens au centre du Mali, à travers non seulement l’augmentation des effectifs des Forces de défense et de sécurité, mais aussi le retour de beaucoup d’administrateurs civils.
Il faut ajouter à cela le lancement de l’opération Kapigdou par le gouvernement et de l’opération Oryx par la MINUSMA le 30 mars 2019. Toutes ces deux opérations, aux dires du rapport du Secrétaire général de l’ONU, visent à la stabilisation du centre du Mali, en luttant contre toutes les formes de violence dans cette zone.
Aujourd’hui, après cette attaque de Sabane-Da, nous sommes amenés à nous demander à quoi toutes ces initiatives en plus de la présence des forces de la MINUSMA, de barkhane voire du G5 Sahel ont servi ? Ou alors, y aurait-il anguille sous roche, comme l’insinuent maints citoyens maliens depuis longtemps déjà ?
En tout cas, tout porte à croire, qu’aux yeux des autorités maliennes ainsi que des Nations-Unies, ce qui importe malgré toutes les initiatives qu’elles mettent en place, c’est la révision constitutionnelle, condition sine qua non pour la pleine application de l’Accord pour la paix et la Réconciliation. Chose clairement exprimée par le secrétaire des Nations-Unies dans son rapport : « L’achèvement de la révision constitutionnelle devrait être la priorité immédiate du Gouvernement en vue de soumettre à l’Assemblée nationale, dès que possible, un projet de proposition ayant fait l’objet de consultations. Cela nécessitera également une prorogation du mandat actuel des parlementaires, qui vient à expiration le 30 juin ». Cette vision est sur le point de se concrétiser par le gouvernement malien à travers la prorogation du mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020.
De ce qui précède, nous ne pourrons soutenir que même s’il existe une défaillance de l’Etat, cela ne serait que volontaire puisque servant à la réalisation d’une certaine politique macabre. Tout compte fait, le gouverneur de Mopti, Sidi Alassane Touré, à payer à ses dépens suite à sa révocation lors du conseil des Ministres du 12 juin 2019. Ce qui est sûr, des têtes continueront de tomber, tant des solutions ne sont pas trouvées à ce drame au centre du pays.
Fousseni TOGOLA
Source: lepays