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Donald Trump à court d’options face à l’Iran

La guerre ou la diplomatie? « Cela peut facilement aller dans un sens comme dans l’autre ». Résumée par Donald Trump, la stratégie américaine face à l’Iran reste confuse, d’autant que Washington semble de plus en plus à court d’options pour stopper l’escalade avec Téhéran.

 

« L’administration Trump est à la croisée des chemins au sujet de sa propre politique », estime Suzanne Maloney, du cercle de réflexion Brookings Institution.

Elle semble vouloir « poursuivre sur sa lancée » en perpétuant « l’énorme pression » qu’elle a infligée à l’Iran, mais, au vu des tensions des trois derniers mois, elle n’est pas à l’abri d’un conflit militaire, dit l’experte à l’AFP.

Interrogé lundi sur ce choix, le président des Etats-Unis n’a pas rassuré ceux qui réclament de la clarté dans l’une des crises internationales les plus explosives du moment.

« Les deux me vont », a lâché le milliardaire républicain, qui, tout en imposant au fil des mois des sanctions toujours plus dures, a aussi multiplié les appels du pied en faveur d’un dialogue avec les dirigeants iraniens.

Ces derniers ont publiquement refusé toute discussion sous la pression. Pendant ce temps, les incidents se sont succédé dans le Golfe: drones abattus, mystérieuses attaques contre des pétroliers, crise des tankers arraisonnés entre Téhéran et Londres…

Selon Suzanne Maloney, l’Iran tente de tester les « lignes rouges » américaines. Or, jusqu’ici, malgré un discours parfois tonitruant –« Nous sommes prêts pour le pire absolu », a-t-il encore martelé lundi–, Donald Trump a surtout insisté sur sa volonté d’éviter une nouvelle intervention militaire américaine.

Le milliardaire a mis publiquement en scène en juin sa décision d’annuler à la dernière minute des frappes de représailles après que Téhéran eut abattu un drone américain.

– « Image de faiblesse » –

« Cela a donné aux Etats-Unis une image de faiblesse », analyse Barbara Slavin de l’Atlantic Council, un autre think tank de Washington.

Et cela crée une situation dangereuse, car les incidents pourraient se poursuivre dans le Golfe, au risque de déraper vers un conflit dont personne ne voudrait réellement.

Le problème, aux yeux de Barbara Slavin, c’est que Donald Trump s’est mis dans une situation inextricable en quittant l’an dernier l’accord international de 2015 censé empêcher l’Iran de fabriquer la bombe nucléaire sans véritable solution alternative.

« L’escalade iranienne était prévisible », assure-t-elle à l’AFP, « surtout quand la décision a été prise (en novembre) de mettre fin aux dérogations qui permettaient à l’Iran d’exporter une partie de son pétrole » à une poignée de pays, dont la Chine et l’Inde.

Plusieurs experts et diplomates en conviennent: côté iranien, les tensions actuelles visent avant tout à obtenir « un peu d’oxygène » sur le front économique, car les sanctions américaines font durement souffrir le pays.

Le rétablissement de quelques dérogations sur les ventes de pétrole, ou en tout cas un peu de lest dans la mise en oeuvre de l’interdiction, permettraient de désamorcer la crise.

Or, Washington vient d’adresser le signal inverse en imposant des mesures punitives contre une société chinoise accusée de continuer d’acheter du brut iranien. Une décision applaudie par les partisans d’une plus grande fermeté à l’égard de Téhéran.

A l’inverse, l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group a dénoncé une « stratégie de pression maximale qui n’a produit jusqu’ici qu’un maximum de risques et un minimum de résultats ».

– « Nouvel accord »? –

De fait, nombre d’observateurs continuent de s’interroger sur l’objectif de Donald Trump, qui a reconnu avoir donné son assentiment à une rencontre entre le sénateur républicain Rand Paul, pourfendeur des interventions militaires américaines, et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif.

Est-ce un « nouvel accord », comme le clame le président américain? Lui le pense peut-être, mais « il se berce dangereusement d’illusions sur la facilite de bâtir un accord sur des sujets aussi techniques », prévient Suzanne Maloney, tandis que Barbara Slavin se montre catégorique: « C’est voué à l’échec ».

Du coup, s’agit-il seulement d’ajouter de la pression à la pression en vue d’affaiblir le régime iranien — quitte à le faire tomber, comme l’espèrent certains faucons de l’administration Trump?

Les Etats-Unis peuvent encore durcir leurs mesures punitives, contre les sociétés étrangères qui continuent à commercer avec Téhéran, contre le programme nucléaire civil légal de l’Iran ou encore contre certaines personnalités, à l’instar de Mohammad Javad Zarif.

Mais en matière de sanctions, certains pensent qu’un « pic » a été atteint avec la fin des dérogations pétrolières. « Le reste est dans la même veine », « mais il n’y a pas beaucoup plus à faire sur le front économique », explique Barbara Slavin.

Du coup, prévient-elle, « si le seul but est d’affaiblir l’Iran et de détruire l’accord nucléaire », le résultat sera « un Iran qui agira encore plus en Etat voyou ».

SourceAFP

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