Le temps imparti ici bas à chaque créature humaine est une succession d’événements qu’il apprécie différemment suivant la période, et auxquels il accorde des degrés divers d’importance selon sa perception, son tempérament.
Pour situer la personnalité de certains individus, les psychologues ont souvent recours à divers tests, quelques fois à l’insu de l’un des protagonistes. Il s’agit notamment de porter un tort mineur à une personne et d’observer sa réaction. Le test du couvre-chef en l’occurrence, écrasé comme par inadvertance à l’issue d’une mise en scène, a donné ainsi l’occasion à ses organisateurs de répertorier une gamme variée de répliques. Elles allaient du personnage sanguin, épidermique, réagissant violemment à la moindre contrariété, au lymphatique mesuré, à la limite imperturbable, quelles que soient les circonstances à affronter.
Du banal chapeau écrasé à l’affliction la plus lourde matérialisée par la perte d’un être cher, l’individu est confronté tout au long de son existence à des épreuves. De ce cycle participera tout aussi bien les handicaps à surmonter que la possession d’une fortune, la jouissance d’un bonheur. Dans notre environnement, c’est essentiellement lorsque l’individu en vient à être frappé par une peine que l’on entend évoquer autour de lui la notion de « Imane », ou « limania » selon l’adaptation dans l’une de nos langues. Les proches de l’intéressé l’appellent à se réfugier dans la foi, à se souvenir que tout ce qui peut l’atteindre procède de son Créateur.
Pour les oulémas, cette pensée ne devrait quitter le fidèle à aucun moment, car le concept de foi ne peut se limiter uniquement à la période de traversée des difficultés. Ils rappellent à ce sujet ces dires du Messager (PSL) : « Adore Dieu comme si tu le voyais, car si tu ne le vois pas, lui ne t’en voit pas moins pour autant à tout moment ». Pour les exégètes, au-delà du credo de l’islam, du témoignage de l’existence du Seigneur suprême qui implique l’accomplissement des piliers de la religion, le fidèle doit aspirer à une profonde croyance représentant le niveau supérieur de l’attachement aux préceptes. Les théologiens se réfèrent à divers passages des Ecritures pour ce rappel. « Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent de crainte à la pensée de Dieu, ceux dont la foi redouble à l’audition du texte sacré, ceux qui se confient en tout à leur Seigneur. Ceux-là sont les croyants par excellence » (8:4).
Certaines idéologies ont assimilé cette recommandation de l’islam à l’abdication de toute volonté, à l’appel à une vie passive trouvant sa justification dans le fatalisme. Pour les théologiens, cette interprétation est inconsistante et relève de la simple déformation visant à dénier au fidèle musulman toute possibilité d’initiative. Ils soulignent ainsi suivant les textes fondamentaux, que la foi et l’action ne sont point antinomiques. « Ordonne aux hommes de circuler sur terre pour acquérir les moyens de leur subsistance, et sachez que vos efforts sont inutiles à moins que Dieu ne les rende utiles », est-il dit notamment. Et les exégètes rapportent à ce propos un hadith selon lequel « la foi est déclaration exprimée par la langue, une vérification par le cœur et un acte par les membres ».
A. K. Cissé
Source: essor