Un mort, des blessés et cinq motos endommagées. Tel est le triste bilan des affrontements survenus, le lundi 24 avril, au Complexe sportif de Hèrèmakono. La victime, qui s’appelle Diakaridia Traoré, a été mortellement poignardée à l’arme blanche.
Selon des sources concordantes, tout a commencé, dimanche, lors de l’assemblée générale des supporters. Youba Cissé, l’un des membres du bureau du Djoliba raconte : «Dimanche, il y avait une assemblée générale de supporters. Vers 7h, nous avons été informés que Mao (Mamadou Lamine Haïdara qui revendique la présidence du club, ndlr) a envoyé des loubards pour empêcher la tenue de la rencontre. Les supporters ont chassé les loubards. Lundi, depuis 14h, les partisans du même Mao sont revenus à la charge. Ils se sont rassemblés sur le petit terrain de basket situé non loin de Hérémakono. Vers 15h, ils ont commencé à se diriger vers le Complexe sportif de Hérémakono par petits groupes. Environ une douzaine de personnes sont arrivées au niveau de la porte, avec l’intention de fermer le stade et d’empêcher la séance d’entraînement de l’équipe. Ils ont agressé et blessé le portier, Mamourou Diarra, qui sera évacué à l’hôpital. Abdoulaye Traoré et un autre supporter seront attaqués par les loubards qui tenteront de défoncer la porte. C’est alors que les supporters ont riposté et chassé les agresseurs qui s’enfuiront, en laissant 4 motos et un scooteur sur place. Certains seront rattrapés au niveau du terrain de basket par les supporters. Ceux-ci les arrêteront, avant de les remettre à la police qui les conduira au commissariat du 4è arrondissement. Vers 18h, les policiers nous ont fait savoir que l’une des deux personnes arrêtées, Diakaridia Traoré, a perdu connaissance et qu’il a été amené à l’urgence de l’hôpital Gabriel Touré. Une heure plus tard, le commissaire du 4è arrondissement appellera pour dire que Diakaridia Traoré est décédé des suites de ses blessures». Mais, qu’est-ce qui a blessé Diakaridia Traoré ? La question mérite d’être posée quand on sait que sur l’acte de décès de la victime, on peut lire ceci : «CBV (par arme blanche) et pas de lésion visible sur le corps». Après avis du procureur de la République près le tribunal de grande insistance de la commune V du district, le corps de Diakaridia Traoré a été déposé à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré. Une enquête a été ouverte par la police du 4è arrondissement pour élucider l’affaire. Bassidi Traoré, lui, a été blessé à la tête, mais n’a passé que quelques heures à l’hôpital, avant d’être libéré par le médecin. Quant aux cinq motos (quatre Djakarta et une Yamaha TMAX), elles ont été saisies par les policiers et se trouvaient au commissariat du 4è arrondissement, au passage de notre équipe de reportage. Hier, vers 11h, Mamadou Lamine Haïdara, accompagné par les frères du défunt, s’est rendu au commissariat où il a rencontré le commissaire principal Idrissa Sangaré. Interrogé, Mao, comme l’appellent familièrement les supporters, a rejeté en bloc les accusations de Youba Cissé et assuré qu’il a toujours prôné la réconciliation. «Il (Diakaridia Traoré, ndlr) était parti pour assister aux entraînements. Les supporters qui étaient à l’intérieur du stade l’ont agressé. J’ai toujours prôné la réconciliation, contrairement, à d’autres qui incitent les gens à la violence, depuis le début de la crise. Ces personnes sont connues de tout le monde. J’ai porté plainte au tribunal de la commune V avec les parents de Diakaridia Traoré. J’espère que toute la lumière sera faite sur cette affaire. Je ne suis pas quelqu’un qui envoie des loubards dans un stade», martèlera Mamadou Lamine Haïdara. «Diakaridia Traoré a toujours supporté le Djoliba. Il n’a jamais été un homme violent ; il aimait le Djoliba. Tout le monde le connaissait à Hèrèmakono. Il travaillait également au stade Modibo Keïta, lors des matches de championnat et des rencontres internationales. Il était parti à Hèrèmakono pour assister à l’entraînement de l’équipe et il a été agressé», appuiera Lassana Traoré, frère-cadet du défunt. Il convient de préciser qu’avant ce drame, les partisans de Tidiani Niambélé et de Mamadou Lamine Haïdara s’étaient affrontés à plusieurs reprises à Hèrèmakono, mais sans faire de victimes. La ligne rouge vient d’être franchie avec les événements qui se sont produits, lundi, et qui ont coûté la vie à Diakaridia Traoré. Les autorités sont désormais interpellées.
Ladji Madihéry DIABY
Source: essor