Originaire de Kita, Djénèba Seck est née à Bamako au début des années 70, d’un père Infirmier d’Etat et d’une mère Sage Femme d’Etat. Chanteuse et comédienne malienne, cette Toucouleur d’origine à la voix claire chante en soré (langue répandue à Tombouctou et Gao) sur le style mandeka bambara.
Très timide, elle a trouvé dans le théâtre le moyen de vaincre sa timidité en fréquentant les troupes artistiques et culturelles de son quartier. Contrairement à la plupart de nos artistes, elle fut encouragée par ses parents. Sans doute avaient ils pressentis en elle un talent caché d’artiste ! Rapidement, celle que tout le monde trouvait trop timide, se révéla une excellente comédienne. C’est ainsi qu’elle remporta le trophée de meilleur soliste du district en 1984 et participera avec la troupe du district à la biennale artistique et culturelle du Mali.
Elle troque sa plume d’écolière pour la scène artistique. En 1986, Sékou Kouyaté (qui fut l’un de ses encadreurs), créa son groupe musical, et engage Djénéba Seck comme choriste. Son sérieux dans le travail et sa voix incorruptible l’aideront à s`imposer comme une relève sûre de la musique malienne.
Le groupe enregistre pour la télévision malienne qui est à ses débuts “n`an kadignon yé”, un tube qui inondera les ondes. La parenthèse sera de courte durée puisque Sékou Kouyaté qui est à la fois le chef d`orchestre et le chanteur regagnera la France en 1989.
Loin de se décourager, notre Djénèba retrouve sa passion d’enfance : le théâtre. Parallèlement à ses activités théâtrales, Djénèba Seck répétait avec l`orchestre du district de Bamako “Bama Saba” (les trois caïmans). Elle participe à la réalisation d’un album de sensibilisation contre les maladies Diarrhéiques avec Ana Hather une américaine volontaire du “corps de la paix”. En 1991, le vent du changement souffle sur le continent, Djénèba Seck enregistre son premier album “single” au studio Oubien à Bamako (maintenant studio Bogolan) avec la bénédiction d’Abdoulaye Traoré dit Warren. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de…génie! “Kankéléntiguya”, un album, taillé sur mesure, s`impose comme l`hymne de la transition démocratique au Mali.
Durant une année, Djénèba Seck règne sans partage sur les hits du Mali.
En 1995, elle prépare son second album “Kounkanko Kononni” qui sortira en 1996 et dont la vente dépasse toutes les prévisions. Toujours à la recherche de plus de nuances et de richesses dans ses compositions musicales, elle signe chez Syllart production “Djourou” (le crédit, le capital) en juillet 1999. Djourou, un album inédit comportant ces titres habillés d’un esprit nouveau.
Djénèba Seck puise son inspiration dans le vécu quotidien de ses concitoyens. Sa philosophie, sa voix incorruptible et la maîtrise de son art rendent les mélomanes heureux.
Elle cherche l’harmonie sociale, court après la paix. Elle chante les rapports humains. Sur un fond cadencé de djembé, de ngono et de tama, elle trouve sa plénitude sur les percussions. Elle est moins à l’aise quand la musique se fait plus agressive, les arrangements plus modernes. La seule chanson joyeuse est malheureusement un hymne trop patriotique. Et les chœurs nous rappellent ceux de l’armée rouge.
La musique et les paroles de cette femme qui font appellent à la sensibilité, marient autant l’esprit des couples que l’esprit patriotique de chaque soldat malien. C’est pour cela que sa musique est aujourd’hui l’hymne de notre belle armée sur la ligne de front.
ROKYA BERTHE
Source: Le 26 Mars