Autrefois rarissime et étonnant dans des sociétés maliennes, le divorce est aujourd’hui un phénomène de mode. Il est fréquent non seulement en ville, mais aussi dans les campagnes et concerne toutes les couches sociales (jeunes et vieux couples).
Dans les religions musulmanes, chrétiennes, et traditionnelles le mariage est un lien sacré d’un homme et d’une femme. Dans leur union ils doivent se supporter dans le bonheur comme dans le malheur. De toute l’histoire du mariage, le slogan phare est de s’unir pour le meilleur et pour le pire. Mais en faisant le constat, de nos jours, on se rend compte que ce lien sacré n’est plus celui légué par les ancêtres. Les partenaires se supportent seulement dans le bonheur et quand le pire s’en mêle, c’est chacun pour soi Dieu pour tous.
Ce qui est difficile à cerner dans cette histoire de divorce, c’est qu’il a pris de l’ampleur à un moment où l’on mène une campagne implacable contre la façon de faire de nos aïeux. On voit aujourd’hui en cette façon de faire un mariage forcé et une violation des droits de la fille.
Bien que perçu comme une union forcée, le mariage d’autrefois était plus résistant. Le mariage entre une fille et un garçon était scellé par leurs parents sans le consentement d’aucune partie directement concernée. Il était perçu au-delà du couple, il engageait les deux familles.
“Avant, le mariage se passait sans qu’on ne demande l’avis des mariés et en général ils ne se connaissaient que le jour du mariage. Ils ne pouvaient pas refuser cette union par respect pour leurs parents. Leur union était pour le meilleur et pour le pire car, ça dépassait la seule responsabilité du couple. Aujourd’hui, les futurs mariés font leurs connaissances dans de divers endroits comme des boîtes de nuit, des hôtels, des bars ou même sur la route, et décident de se marier sans au préalable chercher à se connaître, encore moins leurs familles respectives. Le mariage d’aujourd’hui est basé sur l’intérêt et c’est pour cela qu’on est confronté à ce phénomène de divorce, qui prend de l’ampleur”, analyse Mahamane Coulibaly.
Ce phénomène qui était perçu comme un tabou dans des sociétés maliennes est de nos jours l’une des principales causes qui amènent les couples devant les tribunaux. Dans le département chambre matrimoniale du Tribunal de la Commune VI, on nous a fait savoir qu’à Bamako seulement on enregistre 210 cas de divorces par semaine.
Selon Madina Coulibaly, les causes de ces divorces sont nombreuses, mais la principale reste la déperdition culturelle. En plus, les mariages se font sur du mensonge. “Les jeunes femmes ne veulent pas supporter les difficultés dans les foyers. Quant aux hommes, ils font de fausses promesses aux filles pour les convaincre à se marier avec elles. Et après le mariage, bonjour les dégâts”, regrette-t-elle.
Ce phénomène a des explications sociologiques. M. Waïgalo, professeur de sociologie à l’Université de Bamako, estime que la démocratisation des nouvelles technologies et l’expansion de la culture européenne sont pour beaucoup dans cette histoire. Elles ont fait dévier les gens de leurs valeurs culturelles et coutumières. En plus, précise-t-il, s’ajoute un volet très essentiel, le changement de mentalité des gens, surtout chez les femmes qui ont une seule chose en tête. “Elle pensent qu’après le mariage, elles vivraient seules avec leurs maris pour éviter leurs belles-mères et être dans le luxe. Elles oublient que dans le mariage tout n’est pas rose”.
Des hommes en général confondent vie de copinage et vie de foyer. Deux choses diamétralement opposées.
Moctar Dramane Koné, Stagiaire
Par L’Indicateur du Renouveau