Pas de revirement de position à l’égard du régime, a précisé d’emblée le Chérif. Selon lui, ce n’est pas la nomination de certains proches dans le gouvernement qui le fera changer. Ainsi, Bouyé, dans son sermon de ce jour, a réitéré son combat contre le pouvoir. Ce, malgré la prise en compte de certaines de ses propositions dans la formation du gouvernement. En effet, il avait exprimé ses soutiens au Premier ministre, au ministre Tiébilé Dramé, Ibrahim Dahirou Dembélé et à Abdoulaye Daffé, qui sont tous membres du gouvernement restreint. Les réactions tardives du président IBK à ces propositions seraient à l’origine de cette position très catégorique du Bouyé.
« Je constate que certaines de mes propositions sont en train d’être prises en compte par le président. Je dis que cette réaction du chef de l’Etat est tardive. Il aurait dû agir avant que des citoyens ne soient tués », s’est indigné le Chérif, tout en affirmant qu’il allait agir auprès d’autres personnes pour aider IBK à surmonter cette tempête si le président avait réagi un peu tôt à sa lettre contenant des propositions.
Contrairement à des allégations, Bouyé clarifie que sa position n’a pas changé. Il n’est pas pour le régime. De même, il affirme ne pas être partisan de la violence et de la déstabilisation du pays. « J’ai des amis dans le mouvement de contestation contre IBK. Je soutiens les causes qu’ils défendent, mais dans le calme et dans la tranquillité. Je pense qu’il faut privilégier le dialogue, le consensus en lieu et place de la violence », a-t-il déclaré. Conformément à son statut, il ne doit pas être le soutien à la violence, à fortiori son instigateur».
Au sujet du contentieux électoral, le Chérif de Nioro n’est pas favorable à la dissolution de l’Assemblée nationale comme solution à la crise née des dernières législatives. Il estime que dissoudre l’hémicycle, alors que certains ont été légalement élus, est injuste. Toutefois, la solution, selon lui, serait de trouver une réponse à la situation des députés contestés.
Dans son sermon, le Chérif a démenti qu’il n’a pas de problème avec l’imam Mahmoud Dicko. Entre eux, ils gardent toujours de bonnes relations, a-t-il soutenu. Leur désaccord sur le maintien ou le départ du Premier ministre, explique-t-il, est lié à un déficit de communication. « Personne ne viendra créer de problème entre nous. (…)A ce jour, Mahmoud Dicko ne m’a rien fait de mal. Je pense également ne pas faire du tort à Dicko», a indiqué Mohamed Ould Cheickné Haïdara.
Profitant de l’occasion, il a conseillé l’imam Dicko de faire attention à sa collaboration avec des hommes politiques au sein du M5. Leur bonne foi pour le Mali dans ce combat n’est pas sincère.
« Je te jure mon ami Mahmoud que ces politiques n’hésiteront pas à t’abandonner si jamais ils trouveront quelque chose. Parce qu’ils ne cherchent que leur intérêt », a-t-il mis en garde. Car, poursuit-il, la plupart de ces hommes sont engagés contre IBK à la quête de leur ambition personnelle.
Pire, il y a certains dans le groupe qui ne veulent pas la paix. Leur stratégie est de maintenir le désordre afin qu’ils puissent obtenir gain de cause, a affirmé Bouyé.
« En ce moment, je conseille à Dicko de les guider vers le chemin de la construction, de la paix conformément à son statut de religieux », a conseillé le Chérif.
A cet effet, il rappelle à Mahmoud que les hommes politiques ont failli. C’est pourquoi, ils s’allient aux religieux pour mener un combat politique. Ils ont failli parce que chacun d’entre eux ne voit et ne cherche que son intérêt.
Nampaga KONE