Statut particulier pour Kidal, élection en juillet malgré les risques, injustices sociales, conséquences de l’intervention française, les casques bleus, état d’urgence. Les maliens veulent savoir, mais le Président de la République, Pr. Dioncounda Traoré, fait profil bas et engage le pays dans une impasse totale sans consultation ni information du peuple.
Les décisions concernant notre pays sont dictées par l’extérieur de manière incontestable. D’une force de libération sur appel du Pr. Dioncounda, l’intervention française se transforme en une force d’occupation, de propagande et d’humiliation d’un pays en détresse. Rien que le fiasco Kidal mérite que Dioncounda s’adresse à son peuple en prenant une position claire, parce qu’on ne peut pas accepter qu’une occupation se substitue à une occupation qui ne dit pas son nom.
Si le Pr. Mathema-magicien ne change pas de fusil d’épaule, il risque gros. Et les maliens le tiennent pour seul responsable de l’occupation actuelle de Kidal. En tant que chef suprême des armées, le Pr Dioncounda est seul comptable de l’absence insupportable de l’armée malienne dans cette ville stratégique du Mali et son silence assourdissant face à cette situation plus que gênante en dit long sur son sens peu élevé de la dignité et de l’honneur. Soit il est incompétent, soit il complote contre la nation malienne. S’il s’agit de l’expression d’une trahison des institutions qu’il incarne pour garder son poste inviolé, cela ne doit surprendre guère, car de Nara à Koulouba, Dioncounda n’a jamais été élu, mais toujours nommé, mise à part la parenthèse de Nara où il a été « coopté » député à la place de Mme Sina Damba, actuelle directrice de l’APEJ qui fut l’élue légitime. De la présidence de son parti ADEMA jusqu’à Koulouba où il s’est installé en sautant une fenêtre dérobée, en passant par l’Assemblée nationale, le Pr Dioncounda a toujours été le bénéficiaire de concours de circonstances suite à des manœuvres périphériques de ses adversaires ou concurrents directs. Imposé encore une fois par la communauté internationale, comme Président par intérim tout au début de la crise, il a toujours fait peu cas de l’avis du peuple qui le laisse de marbre.
Du début de la guerre au nord du Mali à nos jours, le Président Dioncounda n’a jamais mis les pieds au front si ce n’est pour accompagner le Président Hollande à Tombouctou. Pourquoi ne rend-il pas visite à sa troupe ? Il n’a jamais donné une information aux maliens sur la situation réelle de Kidal qui inquiète jusqu’au-delà de nos frontières. Qu’est ce qu’il cache ? Tout ce qu’on sait, c’est que Kidal est malien et la superficie du Mali est connue. Pourquoi l’administration n’est pas à Kidal ? Pourquoi Dioncounda ne part-il pas à Kidal ? Qui empêche réellement l’armée malienne d’y aller ? Pourquoi le Tchad veut se retirer ? Pourquoi le colonel Gamou a été rappelé à Bamako ? Pourquoi l’équipement de l’armée malienne se fait attendre ? Une Commission Dialogue(sans Vérité ni Justice) et Réconciliation : entre qui et qui ? Pourquoi la vérité et la justice sont omises ? Comment le fonds de l’effort de guerre est utilisé ? A quand le grand audit ? L’agenda électoral est-il tenable ? Pr. Dioncounda défend-il l’intérêt du peuple malien ? A quand le retour des réfugiés ? Pourquoi un Etat d’urgence interminable ? Voici autant d’interrogations pour lesquelles le malien lambda attend des réponses simples et claires. Ignorer ces attentes légitimes du peuple envers son Président signifierait les prémisses de sa sortie prochaine de Koulouba par un petit trou de souris, de la même manière qu’il en est entré par une fenêtre dérobée.
France joue la carte MNLA
Pour ces questions d’intérêt national, le peuple exige la transparence. Il refusera formellement d’assumer les errements, l’incurie et l’incompétence de ses élites dirigeantes. Mais, si c’est par incapacité ou que la pression extérieure est trop forte par rapport aux enjeux, qu’il se fasse aider par son peuple qui risque, en définitive, d’en être la vraie et seule victime. En effet l’érection d’une Commission Dialogue et Réconciliation sous le format d’une camisole taillée sur mesure pour le MNLA ne rassure personne.
Par contre les maliens savent que la France joue la carte du statut particulier de l’Azawad et que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a été créé en France le 16 octobre 2011. Ce mouvement est issu de la fusion du Mouvement national de l’Azawad (MNA) et du Mouvement touareg du nord Mali (MTNM). Bref, c’est un mouvement monté de toutes pièces par la France sous Sarkozy pour contrôler les ressources uranifère et pétrolière de cette zone. Donc un véritable business dont l’enjeu dépasse largement les petits arrangements politiques dont les dirigeants maliens sont coutumiers. D’où la fébrilité et les volte-face de la France chaque fois que ses représentants essaient de pousser pour un dialogue immédiat avec le MNLA tout en hésitant à le déclarer officiellement.
Les populations attendent juste de voir qui sera l’autorité publique malienne qui s’aventurerait à apposer sa signature en-dessous du document d’officialisation du statut particulier de Kidal, préparé à cet effet.
Aliou Badara Diarra