La Cour suprême après avoir statué sur la procédure disciplinaire à l’encontre de quatre magistrats et un greffier, le mardi 10 décembre, a décidé de lès placer sous mandat de dépôt. Parmi eux, se trouve le procureur de Mopti, Fousseyni Salah Cissé, et son juge d’instruction, Adama Zé Diarra. Ces deux agents sont aujourd’hui accusés par le conseiller communal de Ndodjiga, Abdou Kassambara qui leur reproche d’avoir couvert le maire de la commune et ses adjoints dans leur entreprise de dilapidation des fonds de la banque de céréales, malgré une plainte déposée contre eux. L’élu communal qui estime que leur arrestation n’est que justice, interpelle les nouvelles autorités à faire toute la lumière sur le cas de la banque de céréales de Ndodjiga.
La décision courageuse de la Cour suprême de mettre sous mandat de dépôt le procureur de Mopti et autres est venue mettre à nu toute l’entreprise d’enrichissement illicite que ces hommes de droit se permettaient au détriment de la communauté. L’affaire de la banque de céréales de la commune de Ndodjiga racontée par l’ancien maire de la même commune actuellement simple conseiller municipal, Abdou Kassambara apparait donc comme un témoignage à charge contre le procureur et son juge.
En effet, en sa qualité d’ancien édile communal, M. Kassambara a été écœuré par la gestion de la banque de céréales par l’actuel maire, Mody Abdoulaye Kassambara et ses adjoints. C’est pourquoi, en octobre 2012, il porta plainte auprès du procureur de Mopti contre ces personnes. Dans sa plainte il a souligné qu’en procédant à la passation de service en 2009 avec l’actuel maire, il avait laissé une banque de céréales bien remplie. Malheureusement, tout le stock a été vidé par le maire et ses adjoints au détriment de la population. Aussi, il a expliqué qu’il a laissé des équipements d’une valeur de 7 millions de FCFA (ordinateurs, imprimante, panneaux solaires, batteries et autres accessoires). Aux dires de l’élu communal, ces équipements ont été distribués entre le maire et ses adjoints à des fins personnelles. Aussi, il accuse le maire d’avoir empoché plus de 2 millions de FCFA sur des aides financières accordées aux agriculteurs par la GTZ, d’avoir détourné 1 000 sacs de riz paddy, 600 tonnes de mil ainsi que d’autres aides en produits alimentaires et des moustiquaires. C’est fort de toutes ces récriminations que l’élu communal Abdou Kassambara a décidé de porter plainte contre son successeur auprès du procureur de Mopti.
Celui-ci, à le croire, a classé l’affaire sans suite. « Il a fallu que je me batte pendant plusieurs mois. J’ai informé le ministre de la justice qui a alors saisi le pool économique et financier de Mopti pour ouvrir une enquête. Après le procureur à classer l’affaire sans suite. Lorsque je l’ai rencontré il m’a dit que le maire et ses adjoints ont commencé à rembourser les biens détournés qui ne sont jamais arrivés au niveau de la municipalité. Il a affirmé aussi que le maire et ses adjoints ont porté plainte contre moi pour détournement des sous destinés à la construction de salles de classe. C’était une manière de me distraire car ces bâtiments ont été bien construits sur financement de l’ANICT et réceptionnés. Tout est consigné dans le PV de passation de service. Je suis convaincu que le procureur et le juge Diarra ont reçu des pots de vin. Le maire et ses adjoints ont dit à qui veut l’entendre qu’ils sont soutenus par le procureur et qu’ils agiront comme bon leur semble. Le procureur et son juge méritent cette arrestation « a expliqué Abdou Kassambara.
Cependant, il interpelle le ministre de la justice et son homologue de l’administration territoriale pour que toute la lumière soit faite sur la gestion de la banque de céréales de la commune de Ndodjigo.
Youssouf CAMARA
SOURCE: L’Indépendant