Il y a environ trois (3) semaines, nos confrères du journal «L’Indépendant» révélaient à l’opinion publique malienne et internationale les obstructions américaines à la livraison d’un aéronef militaire acquis par le Mali sur financement du budget national. Le journaliste à l’origine de la publication a rapporté la version de l’ambassade américaine sur le sujet. Laquelle avait promis de donner suite à la démarche du journal. Mais depuis, c’est le silence radio du côté du service de la Communication de l’ambassade, sous la direction de l’ambassadeur Dennis B. Hankins.
La question qui taraude les esprits est la suivante : comment un pays qui se dit ami d’un autre s’offre-t-il le luxe de refuser au second les moyens lui permettant de se défendre, sous le prétexte fallacieux que ce dernier ferme les yeux sur l’enrôlement des d’enfants soldats sur son territoire ? Mais, pour les esprits avertis, cette attitude des autorités américaines peut être assimilée à une forme d’aide aux prétendus djihadistes maliens qui écument les régions du Centre et du septentrion de notre pays. Or, selon des sources très crédibles, ces prétendus djihadistes et terroristes seraient en réalité des couvertures juridiques aux actions militaires des rebelles Kidalois, à qui l’Occident aurait promis de scinder le Mali pour leur octroyer l’indépendance de la partie septentrionale du Mali, en échange de leurs coups de main à la guerre contre le guide libyen, Mouammar Kadhafi.
En envisageant de s’offrir cet avion de transport de troupes, le gouvernement du Mali veut faciliter le mouvement des hommes sur le terrain par le ralliement des théâtres d’opérations militaires en sécurité et en gagnant du temps sur l’ennemi dans la lutte contre les groupes armés terroristes. L’acquisition de cet aéronef est d’autant plus important qu’il évite à nos hommes le piège des engins. Qui annihilent en permanence tous les efforts de reconstruction de notre armée. Chaque attaque aux engins explosifs est accompagnée de lourdes pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels. Cette situation a fini par créer un sentiment de psychose chez nos hommes, qui rechignent parfois à se lancer dans des opérations tous azimuts. En conséquence, une grande partie du territoire laissée libre par nos hommes est devenue des sanctuaires des hommes sans foi ni loi. Qui opèrent sous le manteau de la religion, mais avec des objectifs militaires bien clairs. Qui ne sont autres que de pousser les populations sédentaires dans les régions du Centre et du septentrion à abandonner leur terroir pour probablement de nous occupants.
Cette guerre d’usure en réalité vise à créer des îlots de populations favorables à l’indépendance du septentrion malien pour satisfaire la promesse tenue lors de la guerre de la Libye contre Mouammar Kadhafi. Au bout d’un certain temps, dès que les conditions d’un référendum seront réunies, les mêmes partenaires seront là pour pousser le gouvernement du Mali à aller à cela et le tour est joué. De façon subtile, les rebelles verront le destin s’accomplir de lui-même, comme ce fut le cas au Soudan. Là aussi, ce sont les mêmes Américains et les Nations Unies qui ont préparé le terrain pour cette scission. Dans ce pays arabo-noir, la guerre civile a duré plus trente ans pour déboucher sur un Accord de paix qui prévoyait dans les clauses l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui a abouti à l’indépendance du Sud-Soudan pétrolier, constitué de Noirs en majorité par rapport au nord, de population majoritairement arabe. Mais, pour s’assurer de l’atteint de leur objectif, les mêmes mains invisibles soufflèrent sur de nouvelles braises dans la province occidentale du Darfour en début 2003. En février 2004, le gouvernement de Khartoum proclama sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disent garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats ont continué dans de nombreux endroits, jusqu’à la chute du régime d’Oumar El Béchir en 2019. C’est dans cette atmosphère trouble qu’un Accord de paix est signé le 9 janvier 2005, à Nairobi, entre John Garang de l’Apls et le vice-président Ali Ousmane Taha, représentant le gouvernement soudanais, mettant fin à vingt-et-un ans de guerre civile dans l’État, dominé par les musulmans et les miliciens chrétiens de Garang. Cet accord prévoit un régime d’autonomie de six ans au Soudan du Sud, période à l’issue de laquelle un référendum d’autodétermination sera organisé. Le 9 juillet 2005, la nouvelle constitution, élaborée grâce aux accords de Nairobi, est appliquée et permet le retour du mouvement de John Garang à Khartoum. Un gouvernement d’union nationale est instauré pour cette période de transition.
Le référendum d’autodétermination du Soudan du Sud prévu par les accords de paix a eu lieu le 9 janvier 2011. Les votants se sont exprimés en faveur de la sécession à 98,83 %. Le 8 février 2011, Omar el-Béchir a officiellement reconnu ce résultat. Ce nouvel État a accédé à son indépendance dès le 9 juillet 2011. En perdant plus d’un quart de son territoire, le Soudan perd également son « statut » de plus grand État d’Afrique (au profit de l’Algérie) qu’il détenait depuis son indépendance en 1956. Est-il besoin de rappeler que le Soudan du Sud représentait 85% de la production pétrolière du Soudan. Il va s’en dire que l’Indépendance de cette partie du pays impactera fortement sur les revenus du Soudan. Au Mali aussi, c’est le même projet qui est en application et le dessin est tracé, très visible ; mais l’on pense que les Maliens sont des myopes intellectuels, qui ne voient rien venir.
La stratégie employée est fondée sur deux axes : dans un premier temps, multiplier les foyers de combats, exactement comme au Soudan ; et dans un second temps, empêcher par tous les moyens l’armée malienne de se reconstruire militairement, avec des hommes bien formés et dotés de puissance de feu assez redoutable. La création du front du Centre, sous les feux des forces dites djihadistes et prétendus terroristes, participe de cette stratégie de diversion et d’affaiblissement de nos forces. La deuxième option, consistant à ruiner les efforts de nos militaires sur le terrain, vise à créer chez eux un sentiment de découragement, érigeant dès lors une montagne de méfiance entre la hiérarchie militaire et les autorités politiques en charge du pays. Celles-ci se font accuser à tort de manque d’intérêts pour les militaires au front. Le mur de glace ainsi établi va forcément provoquer chez les hommes de terrain le sentiment d’abandon et d’oubli ou livrer à leur sort à la merci de l’ennemi. Une manière de saper le moral des troupes. Qui ne prendront plus de risque pour livrer une quelconque bataille. Du coup, elles vont céder le terrain à l’ennemi, qui va y ériger des sanctuaires partout, rendant difficile toute possibilité de reconquête par la suite. Ce qui ouvre la voie à une sanctuarisation du conflit, provoquant l’effritement de notre armée et le peu qui reste de la République. Le Mali devient la 2ème Somalie en Afrique, offrant l’opportunité à la rébellion kidaloise les arguments juridiques pour réclamer l’organisation d’un référendum d’autodétermination pouvant déboucher sur leur indépendance, comme exactement au Soudan.
Pour épargner à notre pays un tel scénario catastrophe, il faut que les autorités de la Transition s’emploient à établir de véritable politique de communication pour dénoncer avec la manière ces genres d’initiatives américaines, en alertant l’opinion publique malienne et internationale, notamment nos compatriotes établis aux Etats-Unis, pour qu’ils mettent de la pression sur le gouvernement américain sur son propre territoire, afin qu’il s’abstienne de toutes formes d’ingérence dans nos affaires intérieures, comme le stipule la Charte des Nations Unies dans son Principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays membres.
Affaire à suivre
M. A. Diakité
Source: Tjikan