Vingt-quatre personnes arrêtées par l’armée malienne lors d’une opération anti-jihadiste le 11 février dans la région de Mopti ont été libérées sans charge, selon leur avocat. Selon lui ils étaient ” accusés injustement d’être des djihadistes, les enquêtes ont prouvé qu’ils n’étaient que de simples citoyens”. Pour certains analystes, la libération des prisonniers n’est pas une solution au problème. Selon eux, ” Il faut aller au fond du problème, essayer de comprendre pourquoi ce mécanisme de stabilité et d’apaisement qui a toujours régné entre les communautés ne fonctionne plus ».
Deux semaines après leur arrestation les 24 personnes soupçonnées ont été disculpées. Selon Me Hassan Barry leur avocat l’opération au cours de laquelle ses clients ont été interpellés s’est déroulée du 10 au 12 février à Dialloubé, contre une base supposée de fidèles du chef jihadiste peul Amadou Koufa.
Cette opération s’est déroulée suite aux affrontements meurtriers entre Peuls, et Bambaras, dans des localités proches. Ces affrontements, qui ont fait 20 morts selon le bilan officiel, avaient éclaté à la suite de l’assassinat le 11 février d’un agriculteur bambara, imputé à des jihadistes, suivi de “représailles” contre des Peuls. Depuis leur arrestation, les 24 suspects étaient détenus par la gendarmerie.
L’État mal en point
Selon Me Hassan Barry, tous ses clients libérés “se portent bien”. Après les arrestations, l’avocat, par ailleurs membre d’une association de défense des Peuls, avait dénoncé un “amalgame” à l’encontre de sa communauté dans le centre du pays.
Pour certains analystes, la libération des prisonniers n’est pas une solution au problème. Selon eux, ” Il faut aller au fond du problème, essayer de comprendre pourquoi ce mécanisme de stabilité et d’apaisement qui a toujours régné entre les communautés ne fonctionne plus ».
Boubacar Bocoum, analyste politologue : « Je ne pense pas que ces libérations apportent quelque chose à cette communauté. Ça mettrait juste l’État mal en point. Dans une situation conflictuelle, il faut d’abord aller à l’exercice de la vérité et pour l’instant, on n’a pas la vérité. Ces gens aujourd’hui pensent qu’ils ont été arrêtés à tort ou à raison. Maintenant faudrait-il établir leur culpabilité, ensuite s’il y a eu lieu de parler d’apaisement, on vient à cette phase d’apaisement. Pour l’instant, il faut l’exercice de la vérité pour que les communautés puissent être en équilibre et en harmonie. Libérer des personnes, oui, mais le problème reste entier. Donc ce n’est pas une solution au problème. Il faut aller au fond du problème, essayer de comprendre pourquoi ce mécanisme de stabilité et d’apaisement qui a toujours régner entre les communautés ne fonctionne plus. La grosse difficulté que nous avons dans notre pays est que le service de renseignement ne fonctionne pas à souhait. Aujourd’hui, nous n’avons pas de preuves formelles que ces gens appartiennent à des mouvements quelconques, et vue la configuration nomade de nos frères Peulhs, ils peuvent se retrouver dans n’importe quel espace du territoire. Du coup, je pense que c’est très léger ce qu’on leur reproche »
Avec Studio Tamani
Source: L’Indicateur du Renouveau