Les travaux de la Cour d’Assises de Bamako ont débuté, hier lundi 28 octobre, au siège de la Cour d’Appel de Bamako. La première affaire jugée dans la salle N°1 était le ministère public contre Mamadou Camara, un jeune carreleur, accusé du « meurtre » d’Ousmane Diallo.
Les faits se sont déroulés, le 19 septembre 2019, à Djicoroni-Para, en commune IV du district de Bamako. L’affaire opposait deux jeunes du même quartier. Ousmane Diallo et Mamadou Camara. Le premier, sous l’emprise de l’alcool, aurait été dépouillé de son téléphone portable et son portefeuille par Mamadou Camara devant une salle de jeux appartenant au grand frère de ce dernier. C’est ainsi qu’Ousmane demanda a Mamadou de lui restituer ses objets dérobés. Celui-là refusa de s’exécuter et a ouvert un petit sac qu’il portait sur lui, contenant un objet métallique avec lequel il trancha la gorge d’Ousmane Diallo. Transporté au CHU Gabriel Touré par les spectateurs et ses parents, il succomba des suites de ses blessures. Ainsi, une enquête menée par le commissariat du 14ème arrondissement a permis d’arrêter Mamadou Camara pour « meurtre » d’Ousmane Diallo à Djicoroni-Para.
L’accusé ayant eu la parole, en premier, a nié les faits relatés dans l’arrêt de renvoi lu par la greffière. Selon ses explications, Ousmane Diallo s’est présenté à lui pour lui dire de lui restituer son téléphone portable et son porte-monnaie. Lui, ne sachant pas réellement ce qui s’était passé, à continuer à surveiller les jeunes en train de jouer le jeu « PlayStation ». Irrité par cette désinvolture, Ousmane l’a menacé avec une bouteille de vin brisée. « J’ai pris cette bouteille cassée des mains d’Ousmane, lui a mis vigoureusement ses deux mains sur mon dos. C’est en essayant de lui retirer la bouteille qu’elle lui a tranché la gorge » a-t-il dit à la cour.
Dans son réquisitoire, l’avocat général a rappelé à l’accusé qu’il n’est pas constant dans ses propos. Car, la version racontée devant la cour est différente de celle qu’il a donnée devant l’Officier de police judiciaire. Ce qui est constant dans le dossier, Mamadou a donné la mort à Ousmane bien qu’il ait tenté de nier les propos devant la Cour d’assises.
Les avocats de la défense ont essayé de convaincre, quant à eux, la Cour qu’il s’agit d’une légitime défense. Selon le premier avocat, les pièces fournies dans le dossier ne donnent pas de renseignements exacts sur l’âge de l’accusé. « Il n’y a pas meurtre dans le dossier, il y a plutôt coup mortel « , selon Me Kanouté qui tentait de convaincre la cour. Et son collègue Me Kéita d’ajouter que le dossier est mal instruit. « Il est temps que nous cessions de bâcler les règles de la procédure pour le respect des prévenus et la mémoire des victimes », a-t-il argué.
Après les débats, la Cour, dans sa majorité, a accordé des circonstances atténuantes à Mamadou Camara en le condamnant à 5 ans d’emprisonnement ferme.
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant