Il y a, assurément, deux Mali qui cohabitent en un.
Le Mali signataire de l’accord pour la paix et la réconciliation et qui, quatre années plus tard, peine à mettre en œuvre ses dispositions essentielles dont le désarmement et la mise en place de l’armée nationale reconstituée. Faisant ainsi perdurer la séparation de la région kidaloise du reste du pays avec le risque d’une remise en cause par l’ex ( ?) rébellion dudit accord pour motif d’improductivité.
Ce qui pourrait réactiver les velléités indépendantistes mises en veilleuse par les menaces de sanctions de la communauté internationale.
Le Mali qui a accueilli, laissé s’incruster et se développer des groupes terroristes d’origine maghrébine et ouest africaine dont la dernière trouvaille, dans leur dessein funeste de détruire son système laïc et démocratique, a consisté à infiltrer et exacerber le traditionnel conflit entre éleveurs et agriculteurs (dans le cas présent Peuls et Dogons) pour lui conférer une connotation ethnique et saper la cohésion nationale.
Le Mali qui a fait l’option de renoncer à combattre la corruption pour s’en accommoder, privant ainsi le trésor public de substantielles ressources pouvant lui permettre de répondre avec efficacité aux besoins des populations en santé, en éducation, en sécurité, en logement, pour tout dire en bien-être.
Le Mali qui, faute d’investissements directs étrangers (IDE) et du fait que ses propres investisseurs lui préfèrent la Côte d’Ivoire pour d’évidentes raisons de sécurité et de profit, est dans l’incapacité de remettre en route son économie et de créer des emplois pour sa jeunesse.
Le Mali où l’autorité de l’Etat a abdiqué face à l’anarchie conquérante et dévastatrice.
Le Mali embourbé dans une crise postélectorale interminable dont son Président, comme frappé d’autisme, dit qu’elle n’existe pas, y voyant « la bouderie d’un seul homme « .
Face à ce Mali du défaitisme, de la renonciation, de la démission, de l’irréalisme il y a, heureusement, un autre Mali.
C’est le Mali de nos jeunes basketteurs qui viennent de réaliser l’exploit historique de se hisser à la finale de la coupe du monde U-19 face aux Etats-Unis d’Amérique (la patrie de la balle au panier) après s’être offert successivement la Lettonie, le Canada, la Nouvelle Zélande, Porto Rico, la France.
C’est aussi le Mali des Aigles footballeurs qui ont réalisé jusqu’ici un parcours sans faute en battant la Mauritanie et l’Angola et en faisant un match nul avec la Tunisie, se maintenant à la tête de leur groupe depuis le début du tournoi.
On attend d’eux qu’ils se qualifient ce lundi face à la Côte d’Ivoire.
Ce Mali de la ténacité, de la confiance en soi, de la victoire doit être salué, encouragé, béni car symbolique d’une nation débout. Et qui en veut.
Saouti Haïdara
Source: l’Indépendant