Au Mali, les hommes et les femmes jouissent des mêmes droits concernant l’accès à la terre. Cependant, la Fédération Nationale des Femmes Rurales constate que la réalité sur le terrain est différente. La Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali, partageant ce constat, préconise d’intensifier les campagnes de sensibilisation afin d’obtenir des résultats tangibles.
« La loi réservant 15% des terres aménagées aux femmes n’est pas respectée », affirme avec amertume Mme Niakaté Goundo Kamissoko. D’après la présidente de la fédération nationale des femmes rurales, « la loi a été votée il y a fort longtemps ». Elle soutient également que les femmes continuent d’être spoliées de leurs terres cultivables.
« Nous, les femmes cultivatrices, souffrons beaucoup. On nous prête des terres qu’on aménage pour nos cultures. Mais dès que ces terres s’avèrent productives, leur propriétaire nous les retire », précise la présidente. « On ne nous octroie que des terres à aménagées. Et cela représente un problème. Il faut vraiment surveiller le secteur ».
Des femmes dépossédées de leur terre
Mme Sanogo Fatoumata Diamouténé est une femme cultivatrice de la région de Sikasso. Elle témoigne avoir été dépossédée d’une parcelle qu’elle avait reçue et aménagée.
« Les frères restés au village ont exprimé leur désaccord envers les aînés. Un malentendu s’est installé entre eux. Ils ont tenu une longue réunion familiale dans le vestibule, qui s’est prolongée jusqu’au soir. Leur message était clair : « On ne peut pas te laisser cette terre-là », ont-ils déclaré.
La sensibilisation, une arme pour apporter un changement
Ces problèmes sont connus de la coordination des associations et ONG féminines du Mali. Sa secrétaire générale, Mme Kouyaté Goundo Sissoko, mise sur la sensibilisation pour inverser cette tendance. Pour elle, « malgré ces efforts, l’impact direct de ces rencontres sur la réduction de la spoliation foncière des femmes n’est pas encore clairement établi ». D’où la nécessité de « renforcer la sensibilisation aux droits fonciers des femmes pour observer des changements tangibles », selon Mme Kouyaté.
Nos interlocutrices sont unanimes. Le respect du quota de femmes et de jeunes dans l’accès aux terres aménagées est un gage d’autonomisation économique.
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