Des mercenaires russes du groupe Wagner se déploient dans notre pays, selon une quinzaine de pays européens (France, Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Estonie, Italie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni et Suède) qui n’apportent aucune preuve tangible.
Le gouvernement de la Transition réfute, dans un communiqué publié vendredi, ces allégations sans fondement sur «un prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée» et «exige que des preuves lui soient apportées par des sources indépendantes».
Ceux que les Occidentaux font passer pour des mercenaires sont en réalité des formateurs russes, présents dans notre pays pour renforcer les «capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité nationales», selon le communiqué signé par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga. Et Bamako demande à «être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l’État malien n’est engagé que dans un partenariat d’État à État avec la Fédération de Russie, son partenaire historique».
Ce partenaire n’échappe pas au courroux de la France et ses alliés qui, dans leur communiqué conjoint, affirment avoir «connaissance de l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali».
Pour autant, les 15 pays signataires ne renoncent pas à leurs «efforts pour répondre aux besoins de la population malienne», alors que Paris prévient depuis des mois que l’arrivée au Mali des paramilitaires de Wagner serait “incompatible” avec sa présence militaire. Ils réaffirment d’ailleurs leur «détermination à poursuivre leur action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme».
L’offensive diplomatique européenne franchie ainsi donc un nouveau palier, après qu’elle a réussi à imposer des mesures restrictives à l’encontre du groupe Wagner qui serait impliqué dans de «graves violations des droits de l’Homme, notamment la torture et des exécutions… dans des activités de déstabilisation dans certains pays».
L’Union européenne a imposé, le 13 décembre dernier, des sanctions à ce groupe, à huit personnes et trois entités qui lui sont liées. Désormais, c’est notre pays qui est dans le viseur. Et ce, sur la base d’insinuations qui poussent sous le tapis l’échec de la France au Mali. Paris et ses alliés, selon leur communiqué, prétendent rester pour «poursuivre leur action en vue de protéger les civils», desquels ils s’éloignent paradoxalement.
Le retrait précipité de la force Barkhane de certaines localités (Tessalit, Kidal et Tombouctou) justifie la volonté des autorités de la Transition de multiplier les partenaires pour combler ce vide.
Une fois de plus, le gouvernement a réitéré «sa volonté de poursuivre le dialogue avec l’ensemble de ses partenaires pour une stabilité durable au bénéfice des populations».
Issa DEMBÉLÉ