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Denrées de première nécessité : Des fluctuations malgré le contrôle des prix

À l’approche du Ramadan, les commerçants ont du mal à résister à la tentation de profiter de la forte demande. La pression exercée par les pouvoirs publics ne suffit pas à les dissuader

Pour éviter une flambée des prix des denrées de première nécessité, le Conseil national des prix (CNP), réuni le jeudi 2 avril dernier au ministère du Commerce et de l’Industrie, a adopté un prix indicatif plafond pour certains produits de grande consommation. Ainsi, la tonne de sucre en poudre doit être cédée à 450.000 Fcfa aux grossistes, soit 500 Fcfa le kg. La tonne du riz brisé non parfumé doit revenir à 300.000 Fcfa, soit 350 Fcfa le kg. L’objectif visé par cet organe, composé du gouvernement, des consommateurs et du secteur privé, est de prévenir une inflation dont les conséquences seront insupportables pour les ménages dont les portefeuilles sont déjà pressurisés par la crise de la maladie à coronavirus. Au regard de son impact sur les consommateurs, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a, dans son 3è adresse à la nation le 10 avril dernier, instruit la direction générale du commerce, de la concurrence et de la consommation de renforcer le contrôle des prix. Ces prix consensuels édictés sont-ils respectés par les commerçants ? Qu’en pensent les consommateurs ?
Un tour dans des marchés de Bamako pour constater la réalité. Il est environ 9 heures au marché de Banankabougou, en Commune VI. En cette matinée, les marchands ont déjà investi le marché. Les ménagères vont d’étal en étal comme pour tâter le terrain, histoire de se faire une idée des prix. Dans ce souk, comme la plupart des marchés et boutiques de la capitale, les prix plafonnés semblent respectés, avec quelques fluctuations.
Ainsi, le sac de 50 kg du riz importé 100% brisé non parfumé coûte entre 16.500 à 17.500 Fcfa. Au détail, le kg est vendu partout à 350 Fcfa. Le prix du sac de 50 kg du riz local « Gambiaka » varie entre 17.500 Fcfa, 18.000 Fcfa et 16.500 Fcfa, selon la qualité. Le prix du kg oscille entre 300 Fcfa, 325 Fcfa et 400 Fcfa. Les 50 kg du riz parfumé sont cédés entre 22.500 et 23.500 Fcfa.
Quant au sucre, son prix varie en fonction de la qualité. Il en existe deux types sur les différents marchés : le sucre blanc importé et le sucre local produit par Sukala S.A. Vendu à 23.500 Fcfa, le sac de 50 kg du sucre importé coûte aujourd’hui 22.750 Fcfa. En conséquence, son kg vaut 500 Fcfa au détail, contre 550 à 600 Fcfa il y a quelques jours. Chez certains boutiquiers, il est passé de 450 Fcfa à 500 Fcfa, voire 600 Fcfa. Le sucre local, lui, a connu une légère hausse, passant de 18.000 à 19.000 Fcfa le sac de 20 kg. Comme effet, le prix du kg est passé de 400 à 450 Fcfa.
« J’ai l’habitude d’acheter le sac de 50 kg du sucre blanc entre 24.000 et 25.000 Fcfa. Il y a quelques jours, mon fournisseur m’a informé que la même quantité est désormais cédée à 22.750 Fcfa », explique Hama Maïga. Ce commerçant détaillant à Faladiè achète les 50 kg de sucre local à 19.000 Fcfa. Notre interlocuteur dit céder le kg à 500 Fcfa. « Même avant la décision du gouvernement, je vendais toujours le kg de sucre à 500 Fcfa, rien n’a changé à mon niveau », se félicite-t-il.

HAUSSE DES PRIX- Au marché de Kalaban-Coura, les prix restent stables à certains niveaux, avec des différences « dues à la qualité des produits ». « Le prix du sac de 5 kg de lait varie entre 11.000 Fcfa et 11.500 Fcfa. Les 25 kg sont vendus à 51.000 Fcfa, contre 52.500 Fcfa pour la même quantité de lait Mixwell », détaille Issa Diakité. Le bidon de 20 litres de l’huile locale est échangé contre 12.500 Fcfa. Le prix de l’huile Dinor varie, selon la clientèle. Les 20 litres sont cédés à 14.800 Fcfa aux commerçants détaillants, contre 15.000 Fcfa pour les consommations à domicile », explique le grossiste rencontré au marché de Kalaban-Coura. Il précise que les prix de l’huile ont grimpé à cause de la fermeture des frontières.
Au marché de Ouolofobougou-Bolibana, en Commune III, des commerçants disent respecter les prix plafond fixés par le gouvernement. Certains préfèrent épuiser leurs stocks, avant de respecter les prix plafonnés. Ainsi, le litre de l’huile Dinor qui coûtait 700 Fcfa auprès des marchandes de ce marché, coûte actuellement 800 Fcfa. Le litre de l’huile produite au Mali est passé de 600 Fcfa à 700 Fcfa, selon les marchandes.
Les commerçants détaillants confirment une réduction du prix du sac de 50 kg du sucre blanc. Vendu il y a peu à 23.500 Fcfa, il coûte aujourd’hui 22.750 Fcfa. En conséquence, le kilo du sucre blanc coûte 500 Fcfa, contre 550 à 600 Fcfa, il y a quelques jours. Chez certains boutiquiers, il est passé de 450 Fcfa à 500 Fcfa.

Le sucre local a connu une légère hausse passant de 18.000 à 19.000 Fcfa. Comme effet, le prix du kg est passé de 400 à 450 Fcfa. Quant au lait en poudre, il était vendu à 2.000 Fcfa le kg. Son prix oscille entre 2.200 et 2.250 Fcfa. Moustapha Touré, un détaillant rencontré chez un grossiste, dit vendre le kg de sucre blanc à 600 Fcfa. « Après avoir acheté le sac de sucre à 25.000 Fcfa, ajouté à cela le prix du sachet plastique, nous serons obligés alors d’augmenter un peu le prix, sinon nous ne gagnerons rien », se défend-il.

Sont-ils informés de la mesure prise par le gouvernement ? Certains commerçants disent ne pas être au courant de cette décision. « J’ai entendu parler de la décision du gouvernement à la télé et à la radio. Je n’ai constaté aucun changement chez mes fournisseurs. Les prix sont toujours les mêmes à ce niveau. Les consommateurs pensent que nous sommes responsables de la spéculation », déplore Ousmane Goïta, grossiste établi au marché de Garantiguibougou.

Moussa Keïta est grossiste au marché de Lafiabougou, en Commune IV. Confortablement assis derrière son comptoir, il confirme, contrairement à Ousmane Goïta, une diminution progressive des prix de certains produits.

Ce qui tranche avec le constat des consommateurs. « On nous informe qu’un litre d’huile coûte 800 Fcfa pourtant il était vendu 700 Fcfa, il n’y a pas longtemps. Ils ont augmenté le prix de tous les produits, depuis le début de la crise du Covid-19 dans notre pays », dénonce Mme Togola, une ménagère rencontrée au marché de Kalaban-Coura. Comme elle, des ménagères se disent inquiètes face à cette hausse des prix des produits. Elles disent par ailleurs espérer que la surveillance annoncée par le chef de l’État fera baisser les prix. Car, si rien n’est fait avant le Ramadan, la pauvreté dans laquelle vit déjà la population risque de s’aggraver. Ce qui pourrait avoir, selon elle, des conséquences dangereuses au plan social.

Ces spéculations déplorées par nos ménagères seraient dues au fait que le gouvernement a fixé le prix plafond de la tonne et du kg de sucre et du riz. L’exécutif n’a toujours pas précisé le prix du sac de 50 kg. Ce qui expliquerait les variations de prix, selon certains observateurs. Certains commerçants estiment, par contre, que la fluctuation est due à la cherté du prix du transport et aux tracasseries policières.

Amadou GUÉGUÉRÉ

Source : L’ESSOR

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