Alors que le Mali traverse une phase critique de sa transition politique, marquée par l’espoir d’un renouveau démocratique, une inquiétante dérive semble s’installer : celle de la restriction des libertés publiques, notamment le droit de manifester. La récente interdiction, les 3 et 4 mai 2025, de deux rassemblements politiques prévus respectivement au Palais de la Culture et à la Maison de la Presse, a soulevé une vague d’indignation chez de nombreux citoyens engagés, à commencer par Youssouf Daba Diawara, activiste et défenseur des libertés fondamentales.
Bamada.net-Dans un communiqué publié ce 5 mai et transmis à Bamada.net, ce dernier s’est insurgé contre ce qu’il qualifie de “mascarade orchestrée”, dénonçant une volonté manifeste des autorités de bâillonner les voix discordantes, au mépris des principes fondamentaux de la République.
“Empêcher les partis, mouvements et associations politiques de s’exprimer publiquement, c’est réduire au silence des millions de citoyens, c’est saper les bases de notre démocratie chèrement acquise au prix du sang”, affirme-t-il avec fermeté.
Une jeunesse instrumentalisée : le triste visage d’un retour en arrière
Ce qui choque particulièrement, c’est la méthode utilisée pour justifier cette interdiction. Officiellement, les autorités invoquent des “risques de troubles à l’ordre public” et des “actions spontanées” de jeunes “patriotes” qui se seraient mobilisés pour “protéger les institutions”. Mais derrière ce discours, beaucoup voient une manœuvre bien rodée : l’instrumentalisation de la jeunesse malienne, souvent désœuvrée et facilement mobilisable, pour étouffer l’opposition politique.
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Youssouf Daba Diawara lance ainsi un appel direct à ses camarades de génération :
“Une jeunesse éclairée doit être porteuse de propositions et non un instrument de musellement au service d’un prince du jour. Il nous appartient, à nous, de porter le lourd fardeau de l’avenir de la nation.”
Ce message fort rappelle à quel point le Mali a besoin d’une jeunesse consciente, critique, et résolument tournée vers la construction d’un avenir démocratique durable, loin des manipulations politiciennes.
La liberté de manifester : un droit, pas une faveur
En République, la liberté de manifester est un droit constitutionnel, et non une faveur conditionnelle accordée selon l’humeur du pouvoir. La Constitution du Mali garantit à chaque citoyen la liberté d’expression, d’association et de manifestation pacifique. Toute tentative de restriction de ces droits, surtout lorsqu’elle prend la forme d’une répression déguisée, est une violation grave de l’ordre démocratique.
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L’interdiction ciblée de ces rassemblements politiques n’est pas un acte isolé. Elle s’inscrit dans une tendance inquiétante à museler les forces politiques et sociales qui osent critiquer la gestion actuelle du pays. Cela pose une question fondamentale : que vaut une transition politique sans débat pluraliste, sans opposition, sans contestation ?
Le silence comme stratégie politique ?
Depuis plusieurs mois, les autorités de transition ont renforcé leur contrôle sur les espaces d’expression publique. Les médias sont surveillés, les partis politiques marginalisés, et les organisations de la société civile de plus en plus poussées au silence. Cette stratégie du silence, si elle peut donner une illusion de stabilité, est en réalité un terrain fertile pour les tensions sociales et l’instabilité à venir.
DABA DIAWARA PRÔNE UN NOUVEAU SYSTÈME DE GOUVERNANCE
En réduisant les espaces de dialogue, le pouvoir en place crée une frustration croissante parmi les citoyens. Le pluralisme politique, loin d’être une menace, est au contraire le ciment de la paix durable. Il permet l’expression des désaccords, la confrontation des idées, la construction de compromis – autant d’éléments indispensables à la consolidation démocratique.
Un appel à la mobilisation citoyenne
Face à cette situation, Youssouf Daba Diawara ne se contente pas d’indigner, il appelle à la mobilisation. Dans son communiqué transmis à Bamada.net, il exhorte toutes les forces vives du pays – citoyens, syndicats, intellectuels, organisations de la société civile – à se lever pour défendre les acquis démocratiques du Mali.
“Le pluralisme politique n’est pas une menace pour la stabilité ; il en est au contraire le garant. Tous unis pour une démocratie vivante et inclusive ! Tous unis contre la dérive autoritaire ! Restons debout pour le Mali !” conclut-il.
Ce message est un cri du cœur, mais aussi un avertissement. Le silence imposé aujourd’hui pourrait être la source des crises de demain. La démocratie malienne, conquise dans la douleur, ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la peur ou du confort du pouvoir en place.
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Le Mali, à la croisée des chemins, a besoin de courage civique, de débats ouverts, et d’une jeunesse éveillée. L’indignation exprimée par Youssouf Daba Diawara n’est pas une plainte isolée : elle traduit un malaise profond dans la société malienne, une alarme que les autorités feraient bien d’écouter, tant qu’il est encore temps.
Bamada.net continuera de relayer toutes les voix citoyennes engagées pour une démocratie forte, pluraliste et inclusive. Car l’avenir du Mali se construira avec toutes ses composantes, ou ne se construira pas.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net