Des partis portés par des hommes d’affaires ont le vent en poupe dans cette nouvelle configuration politique.
« Les partis traditionnels n’ont pas été trop secoués. En ce sens que l’Adema, le RPM et l’URD, tous issus de l’ADEMA traditionnel restent en place et gardent leur suprématie ». Décrypte l’éditorialiste politique malien Alexis Kalambry qui explique par ailleurs la perte de sièges du parti au pouvoir par des dissensions internes.
« Chez nous, le parti au pouvoir a toujours des dissensions internes qui le fragilise ». Poursuit le journaliste longtemps proche du parti ADEMA.
Si l’aile droite du mouvement dit « démocratique », l’ADEMA et ses dérivés maintiennent leur hégémonie sur le champ politique, ses adversaires notamment le CNID, les FARE et à la limite le MPR (avec un seul député) entament une traversée du désert qui pourrait se solder par la mort politique. Des partis qui ont longtemps été sur l’échiquier politique disparaissent.
Ces législatives ont été un désaveu pour de nombreux acteurs politiques classiques. La défaite de Oumar Mariko dans son fief traditionnel Kolondieba est assez illustratif. Mais les dinosaures politiques n’ont pas encore rendu les armes. Ils peuvent renaitre en mettant en avant des nouvelles figures. Affirment des analystes prudents sur le déclin annoncé de certaines formations politiques.
Montée en puissance de jeunes formations
Cependant, ces législatives ont aussi vu la montée en puissance de jeunes formations. Il s’agit de l’ADP-Maliba de l’opérateur minier Aliou Diallo, élu à Kayes et du Mouvement pour le Mali (MPM) de l’homme d’affaires Hadi Niangadou, qui a été la révélation.
Le MPM créé en 2018 s’est hissé à l’issue des législatives au rang de quatrième force politique du pays, avec une dizaine de sièges obtenus.
En dépit de cette performance, il serait trop tôt pour parler de montée du MPM, prévient Alexis Kalambry, l’ancien Directeur de publication du premier quotidien indépendant du Mali « Les Échos ».
Par contre, l’ADP-Maliba est structuré et mieux implanté que le Mouvement pour le Mali, dont le score aux législatives « est dû à l’argent injecté plutôt qu’à une véritable stratégie politique », affirme M Kalambry qui s’indigne : « l’argent a vidé la démocratie malienne de son sens ». Le poids de l’argent dans la politique est perceptible depuis le premier mandat de Alpha Oumar Konaré, le premier président démocratiquement élu du Mali. « Celui qui n’a pas d’argent, la formation politique qui n’a pas d’argent ne va pas loin ». Observe l’éditorialiste politique vedette. Tout en affichant sa crainte de voir émerger sur la sphère politique de réseaux mafieux ou des individus qui auront maille à partir avec la justice.
C’est pour toutes ces raisons que les Maliens s’intéressent de moins en moins à la politique. « Il pensent que ce n’est pas sain », raconte-t-il. Et d’appeler l’État à moraliser le champ politique et fixer des barèmes des montants à ne pas dépasser pour les campagnes. Du reste, plusieurs observateurs pensent que l’ascension politique d’hommes d’affaires n’est pas une menace pour la démocratie même si beaucoup les préfèrent en tant qu’opposants. Mais, alerte Kalambry, « chaque fois qu’on a vu des opérateurs économiques venir sur le terrain politique, ils n’ont fait que se ruiner. Ils vont briller un moment mais ça n’ira pas loin ». Conclut-il.
Aly BOCOUM
Source: Bamakonews