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Démocratie au Mali/ 26 Mars 1991- 26 MarsS 2023: 32 ans de gâchis !

C’est à travers une série de manifestations que le Mali a commémoré, dimanche 26 mars, le trente deuxième anniversaire de la chute du président Moussa Traoré. Cet anniversaire intervient à un moment où notre pays se trouve à la croisée des chemins. Il fait face, d’une part, à une guerre contre les supplétifs des armées occidentales appelés djihadistes et, d’autre part, à une crise socio-politique entretenue par les dignitaires des régimes dits démocratiques qui ne veulent pas voir leurs avantages érodés par une quelconque réforme au bénéfice du peuple malien.

Malgré l’incroyable gâchis causé par leur gestion démocratique, les anciens responsables des régimes successifs de 1992 à nos jours ne désarment pas. Ils tentent de faire croire à d’autres que leur bilan reste encore une des satisfactions de l’histoire politique de notre pays. Ils justifient leur passage aux affaires par les acquis démocratiques dont le plus emblématique est l’organisation des élections truquées leur permettant de s’enraciner davantage dans les hautes sphères de l’État pour mieux se servir aux dépens des populations laborieuses. Ils sont rentrés dans une opposition stérile depuis 2012, l’année qui a vu s’écrouler leur démocratie comme un château de carton. Un coup d’État chasse le président Amadou Toumani Touré (ATT) de Koulouba, le 22 mars 2012.

L’honnêteté intellectuelle oblige. Une pause était nécessaire pour interroger le système politique en question avant d’avancer d’autres pions. Au lieu de tirer le bilan de ces échecs, ils s’adonnent à cœur joie à leur jeu favori: organisation des élections. En 2013, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est élu. En 2020, il est chassé du pouvoir par une insurrection politico-religieuse. Un autre échec de la démocratie importée par les hommes du Mouvement démocratique dont l’ambition était seulement d’arriver au pouvoir quel que soit le prix à payer pour le peuple malien.

Le «Kokadjè» cède sa place à la recherche du gain facile

Trente-deux (32) ans après le soulèvement populaire qui a eu raison du régime dictatorial du général Moussa Traoré, les Maliens sont toujours dans l’attente d’un véritable changement. Les femmes et les hommes qui étaient chargés de cette mission salvatrice se sont vite transformés en bourreaux des masses populaires. Ils ont opéré un retournement de veste à 90° degrés et le changement prôné est devenu un mirage, plongeant notre pays dans un autre labyrinthe. Et le slogan des assoiffés de pouvoir réunis au sein du Mouvement démocratique «l’assainissement de la vie publique» cède sa place à la recherche du gain facile. Ils se sont servis des caisses de l’État avec la bénédiction de la Constitution du 25 février 1992. Celle-ci protège les délinquants financiers et les bandits à col blanc qui pillent le Trésor public. Et la Haute Cour de justice, chargée de juger le président de la République et les ministres, n’a été installée qu’en 2020, c’est-à-dire vingt-huit ans après la promulgation de la Constitution de 1992 par le président de la transition d’alors ATT. Quand l’impunité nous tient ! Le gâchis s’est installé durant trente-deux ans dans tous les domaines. Il n’a profité qu’aux auteurs du coup d’État de mars 1991.

L’école, la santé et la défense: source d’enrichissement illicite des pseudo-démocrates

La recherche de l’argent facile s’est poursuivie dans d’autres domaines. L’école, la santé, la sécurité et la défense, les fondations d’un pays, ont été, dans un premier, sabotées et, dans un second temps, mises à sac. Résultat: la perte de notre souveraineté sur l’ensemble de notre territoire depuis l’arrivée des soi-disant démocrates au pouvoir en 1992. Les ‘‘démocrates’’, à leur tête le président Alpha Oumar Konaré, ont détruit l’outil de défense de notre armée pour satisfaire la volonté de leurs mentors occidentaux. Après avoir accompli cette haute trahison contre le peuple malien, le président déclare: «L’armée est une menace contre la démocratie». L’Assemblée nationale vote chaque année le budget de l’armée. Et pour tromper la vigilance de l’opinion nationale, des vraies fausses commandes d’armes ou fictives sont lancées à coût de milliards. À l’arrivée, aucune réception de matériels militaires. Les hommes forts du régime (AOK-ATT-IBK) et les officiers félons qui ont accepté ce marché de dupes, se partagent les milliards de F CFA destinés à l’équipement de notre armée.

La vérité du peuple n’a pas tardé à éclater au grand jour avec l’élection du président IBK à Koulouba en 2013. Et le pot- aux- roses a été découvert avec la sulfureuse affaire d’achat d’équipements militaires. Selon le Bureau du Vérificateur général, précise le procureur, qui évoque «des faits de détournements de deniers publics sur fond d’opérations frauduleuses pour un montant de 9 milliards 350 120 750 F CFA et de surfacturation par faux et usage de faux pour un montant de 29 milliards 311 069 068 F CFA». Qui dit mieux ! Idem pour l’achat des engrais ‘‘frelatés’’.

Auparavant, l’achat de l’avion présidentiel (2014) a éclaté à la figure du régime IBK. On parle aussi de surfacturation dans cette affaire. L’avion, selon les chiffres avancés par les autorités de l’époque, a été acheté à 19 milliards. Ils (ministres, conseillers à la présidence, hommes d’affaires, les membres de ‘‘Ma famille d’abord’’) se sont aussi léchés les doigts dans cette rocambolesque affaire.

L’école a été mise à genou, afin de préparer leur progéniture à prendre la relève. Elle a servi de laboratoires à une série d’expérimentations de systèmes éducatifs échoués ailleurs. Conséquence: chute vertigineuse du niveau des élèves. Elle est devenue le haut lieu de la délinquance: machettes, gourdins, violence et la mort ont remplacé les cahiers, les livres.

La santé n’est que l’ombre d’elle-même. Elle ne livre aucun service de qualité. Mal formés, mal équipés, manque de volonté, les agents de santé se signalent par leur arrogance et leur mépris dès qu’un malade pointe le nez.

La corruption, un raccourci pour remplir les poches dans l’impunité la plus totale

Selon les rapports présentés chaque année par le Bureau du Vérificateur général (BVG), l’État malien a perdu, de 2013 à 2017, plus de 300 milliards de F CFA à cause de la fraude et de la mauvaise gouvernance.

Le consensus, ennemi de la démocratie

À l’arrivée du président indépendant à la tête du pays en 2002, les démocrates prédateurs ont répondu à son appel: gestion consensuelle. Les démocrates putschistes de 1991 venaient ainsi de perpétrer le second coup d’État après celui réalisé par Alpha Oumar Konaré en 1997, appelé le fiasco électoral du 13 avril de la même année. Ils ont accepté de faire ce jeu sachant bien que le consensus est l’ennemi numéro de la démocratie. Peu importe les intérêts supérieurs du peuple malien. Durant le rège du général président, ils se sont livrés à des détournements de deniers publics jamais égalés dans notre pays. Le comble a été atteint en décembre 2009. Un ministre de la République dépense onze millions de F CFA dans l’achat du thé en une journée (31 décembre 2009).

Cette corruption généralisée a atteint les fondements de notre pays. Et en 2012, le pays s’est effondré face à une coalition de groupes armés instrumentalisés par des puissances étrangères pour diviser notre pays, afin de mieux profiter de ses ressources naturelles. Malheureusement encore, les espoirs d’un autre changement souhaité par les autorités issues du coup d’État de 2020 ont pris la direction de la nature. Et aussi participent à leur façon de marquer les trente- deux ans de gâchis d’une pierre blanche par la mauvaise gouvernance qu’elles ont opté comme mode gestion.

Après l’échec des démocrates voleurs et celui des autorités de la rectification à donner un nouvel espoir aux Maliens. À quand un nouveau Mali ?

Yoro SOW

nter De Bamako

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