C’est scandaleux. A peine investi en sauveur aux commandes de l’État-major général du G5 Sahel, le commandement mauritanien a traficoté et réussi de délocaliser le siège de ladite force sous-régionale de Sévaré à Bamako. Cela, au grand dam des populations laissées pour compte. Ce qui leur amena de s’interroger anxieusement s’il n’y a pas une conspiration au plus haut niveau. Ce, au grand désarroi de ces Maliens du Centre du pays confrontés quotidiennement à des attaques terroristes et d’actes de violences intercommunautaires montées de toutes pièces.
Comme une traînée de poudre, la nouvelle s’est répandue, le vendredi 28 septembre 2018, à travers tout Bamako et à l’échelle nationale. Le QG du G5 Sahel quitte Sévaré pour s’implanter dans notre capitale. Ce transfert intervient quelques jours après la passation de service entre le Commandant sortant, le Malien Général Didier Dako, et celui entrant, le Général mauritanien Hanena Ould Sidi. Cela, comme pour confirmer le niet, du moins l’incapacité, du commandement mauritanien à aller coordonner les opérations du G5 Sahel dans cette localité, à la porte du bastion des terroristes. Alors que le Général malien Didier Dako avait été relevé de ses fonctions suite à l’attaque dudit QG, le 29 juillet dernier. Un désaveu sans doute. Ainsi, donc, l’Officier supérieur mauritanien avait été nommé pour tenir tête, du moins maintenir le QG du G5 Sahel intact à Sévaré tout en produisant des résultats satisfaisants dans la lutte contre le terrorisme dans les pays composant ladite force (le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad). Cette délocalisation cacherait-elle une lacune du commandement mauritanien ? Quel jeu joue la Mauritanie ?
Selon certaines indiscrétions, la Mauritanie serait à l’origine de cette délocalisation chaotique. Le déménagement du G5 aurait été dicté par Nouakchott à Bamako. À leur en croire, la décision a été prise lors de l’investiture du Président IBK, le 22 septembre dernier, suite à une requête introduite par le Président mauritanien Ould Abdel Aziz. Ce dernier a intercédé auprès d’IBK pour l’installation de son QG à Bamako suite à une sollicitation du Général mauritanien Hanena Ould Sidi. De quoi a-t-il peur ? Déjà, certains pensent que le Général mauritanien n’est pas plus Homme de terrain que Général Didier Dako. Ces derniers affirment qu’il aurait d’ailleurs quitté Sévaré pour Bamako en raison des commodités de la capitale malienne.
Mopti et le Centre dans la détresse
Ce qui est évident, c’est que les populations du Centre du pays n’en reviennent pas. Elles pensent être laissées à leur propre triste sort. L’installation du QG du G5 Sahel à Sévaré était perçue comme une lueur d’espoir dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Centre du pays. Malgré que le G5 Sahel n’y ait fait qu’un an et deux mois, cette présence avait donné la confiance aux populations quant à l’instauration de la sécurité, de la quiétude dans la zone. Au-delà de se sentir sécuriser, bien que le G5 n’ait pas entamé d’actions antiterroristes concrètes sur le terrain, ces populations enregistraient des retombées économiques. Rien qu’avec le séjour des troupes étrangères. Les propriétaires d’hôtels, de restaurants, d’espaces de loisirs, de boutiques et les vendeurs d’objets culturels, entre autres, se frottaient déjà les mains. Tout comme des particuliers qui mettent leurs maisons en bail pour des séjours de courts ou longs termes.
Pour certains Ressortissants de la Région de Mopti, la logique voudrait que le QG de cette force conjointe se maintienne à Sévaré au regard de l’envahissement du secteur par le terrorisme. Selon eux, c’est un sale coup. Sinon, apprécient-ils, il serait plus facile et moins couteux de lutter contre les actes terroristes dans une zone connue comme à haut risque sécuritaire que de se déplacer chaque fois à plus de 600 KM.
Le moins qu’on puisse dire, donc, c’est que le désespoir est incommensurable chez les populations locales et les Ressortissants de Mopti.
Oumar Diakité
Le Combat