En application du paragraphe 4 de la résolution 2423 (2018) qui exige la mise en œuvre de certaines mesures prioritaires dans un délai de six mois, le secrétaire général de l’ONU, Antonio GUTERRES, a publié son rapport Spécial, ce 5 mars 2019. Dans ce document, qui sera présenté devant le Conseil de sécurité, le 29 mars prochain, le SG de l’ONU a indiqué que des progrès ont été constatés dans la mise en œuvre de l’Accord, depuis l’élection présidentielle tenue en juillet et août 2018. Toutefois, le même rapport reconnait que les conditions sécuritaires continuent de se dégrader au Mali.
À la lecture du rapport, il ressort que globalement, le processus de paix a bénéficié d’un regain d’attention de la part des parties et que la confiance s’est renforcée entre les signataires.
En dépit des progrès réalisés au cours des six derniers mois, le rapport indique que le chemin qui doit mener vers une paix et une stabilité durable au Mali reste long et semé d’obstacles. Parmi lesquels, les retards répétés enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord qui ont fait perdre un temps précieux. Comme conséquences, la situation sécuritaire s’est aggravée et le pays continue de faire face à des problèmes de sécurité de plus en plus complexes, selon le rapport.
Aussi, l’absence d’avancées concrètes sur le terrain et de dividendes de la paix pour le peuple malien demeure un problème de taille, même si des progrès ont été constatés dans la mise en place d’administrations intérimaires dans le nord du Mali. L’insécurité, le chômage, la non-participation des femmes et des jeunes au processus de paix et l’absence d’activités de développement et d’éducation constituent aujourd’hui les principales préoccupations des représentants de la société civile. Ces derniers estiment que les mesures proposées dans le cadre du processus de paix ne prennent pas suffisamment en compte les questions de développement.
Selon lui, pour pouvoir doit s’attaquer aux problèmes que rencontre le Mali. Il importe de prendre en compte la dynamique transfrontière et les facteurs de conflit complexes présents dans la région.
C’est pourquoi l’ONU invite les acteurs nationaux, régionaux et internationaux à redoubler d’efforts pour faire face aux multiples menaces qui pèsent sur le Mali et sur la région du Sahel et qui touchent à toutes les dimensions de la paix, du développement et de la sécurité.
« Sans le développement durable, il ne peut y avoir de paix durable au Mali et dans la région et, sans la paix et la stabilité, aucune avancée ne pourra être enregistrée dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 », indique le rapport.
Exacerbation des violences intercommunautaires
Dans ledit rapport, le SG de l’ONU a exprimé sa préoccupation face à la détérioration constante des conditions de sécurité dans le centre du Mali où la présence croissante des groupes extrémistes a exacerbé des tensions et des conflits intercommunautaires déjà anciens.
Malgré l’importance des initiatives prises au niveau international, les conditions de sécurité ont continué de se dégrader, ainsi qu’en témoigne l’augmentation du nombre d’attaques terroristes visant les forces nationales et internationales, la MINUSMA et la population civile, depuis 2016 (183 attaques en 2016, 226 en 2017 et 237 en 2018). La menace, qui continue de se propager du nord vers le centre du Mali, détourne l’attention de l’Accord et en complique la mise en œuvre. Avec l’expansion des groupes extrémistes, qui exacerbent les violences intercommunautaires, la multiplication des explosions touchant les forces de sécurité et les civils et l’accroissement du nombre de personnes déplacées.
« Je salue ces forces pour le courage et la détermination, dont ils font montre dans la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali ainsi que de la sécurité de ses citoyens », peut-on lire dans le rapport de M. GUTERRES.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin