Même une lecture en diagonale de l’accord de paix que le gouvernement permettait de comprendre l’incongruité des municipales ce 25 octobre. Car ledit accord a valeur de traité international, il est donc supérieur à la loi électorale, et il contient des clauses qui imposant de relire les textes gouvernant les collectivités. Ce travail a t-il été fait ? Si oui, il n’a pas eu l’appropriation méritée, s’agissant de surcroît de gouvernance de proximité. Ensuite, à supposer que les conditions institutionnelles sont réunies, celles du terrain ne le sont pas. Les derniers événements de Bankass viennent brutalement le rappeler que Mopti reste la proie de l’insécurité, sans parler de la partie inondée de cette région en fin octobre. Plus au Nord, les avertissements de la Cma et l’agacement de la Plateforme réitérée hier par Me Harouna Toureh indiquent que les municipales en ce moment ne sont pas les bienvenues. D’ailleurs, des partis de la majorité comme de l’opposition avaient plaidé le report bien avant la mise en garde de la Cma Partie prenante essentielle du Mali post accord, les partenaires techniques et financiers eux aussi se frottaient les yeux. A tout ce monde, on ne peut pas brandir l’argument que la présidentielle de 2014 s’est tenue dans un contexte sécuritaire tout aussi précaire. Cela est non seulement faux mais en plus la présidentielle et les municipales n’ont pas du tout la même portée constitutionnelle. Quant à la question de la souveraineté, elle doit se doubler de l’impératif de realpolitik et du réflexe de sagesse. Face à tous les défis, face à toutes les défiances, le report des municipales paraît aller de soi. Seul hic : ce pourrait être lu comme une concession à la Cma. Une de plus ! Or le chef du gouvernement aurait pu et dû anticiper.